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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
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d'enjamber. Le petit homme n'allait tout de même pas sauter pardessus bord enveloppé de son panung de soie, avec son chapeau conique sous le bras ? C'est pourtant exactement ce qu'il fit sous les yeux stupéfaits de Cébéret : il plongea dans les flots houleux et s'éloigna en nageant vigoureusement, avec des mouvements réguliers. Cébéret s'apprêtait à descendre chercher de l'aide quand deux marins ensommeillés firent leur apparition sur le pont en se frottant les yeux. Cébéret indiqua la direction du nageur. « Rattrapez-le ! » hurla-t-il.
    Les deux marins restèrent cloués sur place. Puis l'un d'entre eux bégaya : « On... On... on ne sait pas nager, Votre Excellence ! »
    L'officier de marine émergea sur le pont, le nez en sang, La Loubère sur ses talons. « Où est passé ce petit démon ? » demanda l'officier en jetant des regards furieux autour de lui. « Son coup de pied vaut celui d'une mule. » Cébéret désigna la mer.
    L'officier se déshabilla en un clin d'œil et plongea pour se lancer à la poursuite de Kosa qui se trouvait déjà à bonne distance. Les autres, y compris les deux marins que l'épisode avait fini de réveiller, regardaient au bastingage. L'officier était un bon nageur et la rage décuplait ses forces. Il n'allait pas tarder à rattraper Kosa quand un aileron apparut à la surface de l'eau. Tout se passa très vite. Attiré par la traînée de sang, le requin s'élança sur sa proie. Le groupe du bateau vit avec horreur le triangle noir, clairement visible dans le jour naissant, rattraper le nageur. Puis il y eut un cri atroce et le malheureux fut entraîné au fond des flots.
    La Loubère et Cébéret se regardèrent atterrés et se signèrent plusieurs fois. Puis La Loubère se tourna vers les marins qui tremblaient de peur. « Vite Vite ! Trouvez de l'aide pour mettre une chaloupe à la mer.
    Il ne faut pas que cet homme atteigne le rivage, compris ? »
    Il y eut soudain une activité fébrile et des hommes surgirent, une douzaine de soldats et quelques membres de l'équipage. Tous entreprirent d'aider à détacher la chaloupe. Pendant qu'ils s'activaient, La Loubère allait et venait jusqu'au bastingage pour observer la progression du Siamois. Il jura à plusieurs reprises. Le petit ambassadeur était de toute évidence un nageur expérimenté : il s'éloignait du bateau sans efforts. Plus un seul requin en vue. Cependant, la côte était à un bon demi-mille, et la chaloupe aurait vite fait de le rattraper. Si seulement ces rustres pouvaient se dépêcher ! Il jeta un nouveau coup d'œil au lointain rivage. Il était douteux qu'un homme pût couvrir cette distance à la nage. Il se rappela alors avoir lu que ces maudits Siamois grandissaient au bord de leur grand fleuve, celui qu'ils appelaient le Fleuve des Rois, et qu'ils apprenaient à nager pratiquement avant de faire leurs premiers pas. Il jura de nouveau et se retourna pour stimuler les hommes qui se débattaient avec la chaloupe. « Dépêchez-vous, sacrebleu ! On serait dans de beaux draps avec vous si le bateau venait à couler ! Où diable se trouve votre capitaine ? »
    Les matelots redoublèrent d'efforts et la chaloupe fut enfin mise à la mer. Le chef de mission tourna de nouveau son regard vers la mer, stupéfait de voir la distance couverte par le nageur. Pourtant, se dit-il, ce n'était plus qu'une question de minutes : avec six rameurs la chaloupe serait à sa hauteur en un rien de temps. « Je ne veux que les rameurs les plus vigoureux, ordonna-t-il. Et faites en sorte de le ramener vivant. Essayez de ne pas lui faire de mal. S'il résiste, contenez-le un peu, rien de plus. »
    La chaloupe partit avec à son bord six grands gaillards qui souquaient ferme. D'abord elle s'élança, mais, graduellement, inexplicablement, elle se mit à prendre l'eau. Il y avait foule maintenant au bastin-gage et les encouragements du début diminuaient à mesure que la chaloupe s'enfonçait. Les spectateurs eurent le souffle coupé quand une vague submergea la proue et que les hommes furent forcés de sauter à la mer. Les deux premiers marins ayant déjà fait passer le mot au sujet des requins, la panique s'installa. Les hommes se débattaient désespérément dans l'eau pour essayer de rejoindre le vaisseau, trop occupés de leur propre survie pour essayer de sauver ceux qui ne savaient pas nager. Deux hommes se noyèrent sous les yeux de La Loubère et de Cébéret, à quelques pieds du vaisseau.
    L'ambassadeur
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