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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux
Autoren: Lindsey Davis
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ce changement d’atmosphère avant lui.
    Oui, Petronius Longus avait su en profiter à bon escient. Bien des capitaines de la garde fonçaient tête baissée et ne remarquaient jamais ce qui se passait sur les balcons.
    — Tu mérites d’être félicité pour ton flair, le complimentai-je sincèrement.
    Il m’adressa un sourire paisible.
     
    — Donc le jury a condamné Balbinus et, pour promouvoir sa carrière, Marponius a délivré une sentence de mort. Je suppose que l’Assemblée a ratifié sa condamnation ? Est-ce que Balbinus a fait appel ?
    — Directement à Vespasien. Et son appel a été immédiatement rejeté.
    — Tant mieux ! m’exclamai-je. Qui a signé ce refus ?
    — Titus.
    — Mais Vespasien devait être d’accord, non ?
    — Bien sûr. Seul l’empereur a le pouvoir d’enlever la vie à un citoyen romain, même si les actions dudit citoyen puent davantage que de la merde de chat. J’ai été impressionné par la rapidité de la décision, admit Petro. J’ignore si Balbinus a essayé d’acheter des personnages influents, mais si c’est le cas, il a perdu son temps et son argent. De toute évidence, les Flaviens ont abandonné les méthodes qui avaient cours sous Néron ! Quoi qu’il en soit, j’ai obtenu ce que je voulais.
    — À la suite de quoi, nous allons voir le jour se lever sur Ostie !
    — Oui, Ostie, répéta-t-il. Marponius a reçu une invitation pour un banquet au palais, moi un message de félicitations de Titus César, et les types appartenant au milieu un avertissement sévère…
    — Et Balbinus ?
    — Balbinus, grogna amèrement Petronius Longus, va avoir le temps de s’enfuir.

4
    Je suppose que c’est un réconfort pour nous tous – nous, citoyens à part entière de l’Empire romain – de savoir que, sauf dans les périodes de chaos politique extrême où le mot civilisation n’a plus aucun sens, nous pouvons agir comme nous le voulons et rester intouchables.
    Bien sûr, l’enrichissement personnel quand on est détaché à l’étranger est un crime, de même que commettre un parricide ou violer une vestale immaculée, comploter contre la vie de l’empereur, forniquer avec l’esclave d’un autre homme, ou laisser choir délibérément une amphore d’un balcon pour ébrécher le crâne d’un passant qui n’est pas de nos amis. Pour de tels délits, nous risquons d’être poursuivis par n’importe quel homme libre prêt à payer les services d’un avocat. Nous sommes également susceptibles d’être fermement invités à comparaître devant un préteur pour une discussion embarrassante avec lui. Et si notre tête ne revient pas à ce préteur, ou s’il ne gobe pas notre histoire, il a toute latitude de demander un procès en bonne et due forme. Alors, si le jury réagit comme le préteur, nous serons condamnés. Pour les pires crimes, la punition est un court entretien avec l’étrangleur public. Mais la liberté du citoyen romain étant un état inaliénable et perpétuel, nous ne pouvons pas être emprisonnés. Alors, pendant que l’étrangleur public cherche une date libre sur son calendrier, nous avons tout loisir d’aller nous faire pendre ailleurs.
    À l’époque de Sylla, tellement de criminels en profitaient pour échapper au châtiment qu’une loi fut finalement édictée : aucun condamné à mort ne pouvait être arrêté après le verdict avant d’avoir eu la possibilité de s’exiler. C’était mon droit, le droit de Petro, et également celui de cette crapule de Balbinus, de remplir quelques sacs, d’arborer un sourire fanfaron et de prendre le large.
    Cette loi se fondait sur l’idée que vivre hors de l’Empire était un châtiment aussi cruel que la mort. Balbinus se devait donc de trembler d’appréhension. Ceux qui avaient codifié ce principe ne voyageaient sans doute guère. Moi, j’avais séjourné hors de l’Empire, et mon sentiment différait de celui des juristes. Il était possible de vivre d’une façon agréable hors des frontières de l’Empire, dès lors qu’on disposait de possibilités financières légèrement supérieures à celles des autochtones. Et les criminels ne manquent de rien, en général.
    Telle était donc la situation. Après de longs efforts, Petronius Longus était enfin parvenu à faire condamner ce gredin à la peine de mort, mais il lui était interdit de le jeter aux fers. Aujourd’hui était le jour prévu pour son exécution. Alors ce matin-là, tandis que
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