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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux
Autoren: Lindsey Davis
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les vieilles barbes du Sénat seraient occupées à parler pour ne rien dire, Balbinus Pius allait quitter Rome en grand équipage pour gagner son exil doré. Il devait avoir anticipé les événements de longue date et disposer d’un refuge où il avait entassé les coupes d’or dans lesquelles de superbes femmes verseraient un excellent falerne de Campanie en lui souriant. Et mon vieux copain pouvait seulement s’assurer que ce fieffé salaud s’en allait pour de bon.
    Petronius Longus s’acquittait de cette tâche avec un sérieux qui ne surprenait aucun de ses amis.
     
    Assis près de nous, Linus, l’homme vêtu en marin, avait écouté notre conversation à voix basse avec plus d’attention que les autres membres de l’équipe. Quand son chef commença à m’énumérer les mesures qu’il avait prises, il pivota sur son banc et se retourna franchement de notre côté. C’était lui le pion principal dans le dispositif mis en place pour s’assurer que Balbinus partait bien pour l’exil.
    — Malheureusement, commença Petro, il vit dans le district du Circus Maximus.
    — C’est vraiment pas de chance ! convins-je.
    Le quartier faisait partie de la juridiction de la sixième cohorte.
    — Est-ce que ça veut dire que tu ne peux même pas surveiller sa maison ?
    — Ç’aurait été discourtois pour les troupes du secteur concerné…
    Petro tenta de réprimer un sourire. J’en conclus qu’en réalité, il n’avait pas hésité à se montrer discourtois envers ces nullards de la sixième cohorte.
    — Évidemment, continua-t-il, j’ai dû les associer à l’opération. Et c’est précisément la Sixième qui va l’escorter jusqu’ici.
    Je souris à mon tour.
    — Assistée par des observateurs de ta propre cohorte, je suppose ?
    —  Accompagnée, précisa-t-il, en détachant bien toutes les syllabes.
    J’étais curieux de les voir arriver afin de me former ma propre opinion.
    — Et tu leur fais naturellement confiance pour mener cette mission à bien ?
    — Oui, compte là-dessus ! persifla Linus sans desserrer les dents.
    Linus, âgé d’une trentaine d’années mais paraissant beaucoup moins, avait enfilé plus de tuniques que les vrais loups de mer. Son accoutrement était complété par des bottes éculées et une coiffe avachie tricotée par sa mère. Sans oublier un solide couteau de marin. Les manches courtes des tuniques superposées laissaient voir ses bras potelés, mais aucun des hommes de Petro n’était vraiment trop gros. Je remarquai son regard franc et son menton carré. Il était très représentatif des recrues sélectionnées par mon ami.
    — Donc, la sixième cohorte amène ce misérable ici. Et ensuite ? Ils te le confient ? (Je me tournai vers Linus en souriant.) Jusqu’où cet esclavagiste de Petronius Longus veut-il que tu l’accompagnes ?
    — Jusqu’à destination, répondit Petro à sa place.
    J’adressai à Linus un regard apitoyé qui lui fit hausser les épaules.
    — Moi, j’aime bien les voyages, commenta-t-il. Je vais l’accompagner jusqu’à ce qu’il touche terre de l’autre côté.
    — Où est-ce qu’il compte aller ?
    — Dans la presqu’île de Tauride 2 .
    Cette information m’arracha un sifflement.
    — Ne me dites pas que c’est lui qui a choisi cette destination !
    — Non, elle lui a été fortement suggérée, intervint Petro d’un ton sec. Par quelqu’un qui a le droit de le donner à bouffer aux lions s’il manifeste la moindre répugnance à prendre cette direction : l’empereur en personne.
    — Vespasien a le sens de l’humour, il faut en convenir. Ovide lui-même n’a pas été condamné à s’exiler si loin.
    Le monde s’était singulièrement rétréci depuis l’époque où les empereurs se débarrassaient des poètes salaces en les exilant sur un rivage lointain, tandis que d’autres citoyens peu recommandables choisissaient de s’installer en Gaule où ils s’enrichissaient scandaleusement grâce au commerce du vin. De nos jours, l’Empire s’étendait bien au-delà de la Gaule. Et l’endroit où on expédiait Balbinus était terrifiant. S’il ne se faisait pas dévorer par des ours, il était certain d’y mourir d’ennui, car même s’il emportait une fortune avec lui, il n’allait pas trouver grand-chose à acheter sur place pour améliorer l’ordinaire.
    — Ça ne sera pas une partie de plaisir pour toi non plus, informai-je Linus. Et ne compte pas être de retour
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