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Le talisman de la Villette

Le talisman de la Villette

Titel: Le talisman de la Villette
Autoren: Claude Izner
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avait été catholique ou libre penseur, on aurait simplement vu là un de ces cas isolés, monstrueux, comme il s’en rencontre à toutes les époques, et le lendemain on aurait parlé d’autre chose […] tandis qu’il n’a plus été question en France que d’un homme, de la trahison d’un homme, parce que cet homme était juif. »
    Ce même 19 décembre, le capitaine Dreyfus comparaît à huis clos devant un tribunal militaire, on lit l’acte d’accusation :
    « M. le capitaine Dreyfus est inculpé d’avoir, en 1894, pratiqué des machinations ou entretenu des intelligences avec un ou plusieurs agents des puissances étrangères dans le but de leur procurer les moyens de commettre des hostilités ou d’entreprendre la guerre contre la France en leur livrant des documents secrets.
    La base de l’accusation portée contre le capitaine Dreyfus est une lettre missive écrite sur du papier pelure, non signée et non datée, établissant que des documents militaires confidentiels ont été livrés à un agent d’une puissance étrangère. […]
    De l’examen attentif de toutes les écritures de MM. les officiers employés dans les bureaux de l’État-Major, il ressortit que l’écriture du capitaine Dreyfus présentait une remarquable similitude avec l’écriture de la lettre missive incriminée. »
    « L’acquittement est probable. Le Conseil de guerre l’aurait sans doute prononcé si, en chambre du Conseil et les débats une fois clos, un envoyé du ministère de la Guerre n’était venu soumettre aux juges un dossier qui était conservé à l’État-Major et qui n’avait jamais été présenté ni à l’accusé ni à son défenseur. Ce dossier contient une pièce où se trouve la phrase suivante : J’ai vu cette canaille de D… : il m’a donné pour vous douze plans directeurs . Cette fois, la conviction des juges est faite, et voici la suite : la condamnation du Juif, la dégradation tragique de l’officier, le départ du condamné pour l’île du Diable. Le premier acte est terminé »
    Tandis que se déroule le procès d’Alfred Dreyfus, on se prépare à envoyer la troupe à Madagascar.
    En 1868, la France avait reconnu la reine des Hovas (population des plateaux originaire des îles du Sud-Est asiatique) comme reine de Madagascar. En 1883-1884, pressé par des intérêts économiques et par les missionnaires catholiques – hostiles aux missionnaires protestants anglais –, le gouvernement de Jules Ferry envoya une expédition qui permit l’occupation de Tamatave, Majunga et Diégo-Suarez. Mais une guerre se déroulait alors au Tonkin et il était difficile d’entreprendre une autre opération coloniale. En 1885, un traité reconnut un vague protectorat sur le royaume de la reine Ranavalo III. Ce traité fut interprété différemment par les deux parties, d’où une série de conflits.
    Le gouvernement hova ayant développé son armée et pris une attitude franchement antifrançaise, M. Le Myre de Villers, le résident français, exige alors, en 1894, la cessation des préparatifs militaires. Le 27 octobre, les Hovas proclament la guerre sainte contre la France. Le 23 novembre, Gabriel Hanotaux, ministre des Affaires étrangères, fait voter un crédit de 65 millions et décide d’envoyer un corps expéditionnaire sous les ordres du général Duchesne.
    Peu avant les fêtes de la nativité, on peut lire dans le supplément illustré du Petit Journal daté du dimanche 9 décembre (n° 212) :
    « Nous allons prochainement entrer en campagne contre Madagascar et le monde entier nous rend cette justice que nous ne sommes pas les agresseurs, que nous n’avons été guidés ni par l’esprit de conquête, ni par le désir de lucre, mais notre dignité nous défend de supporter les insultes des sauvages de là-bas. Que dirait-on de la France si sa main ferme ne lui servait à venger pareille injure ? Après avoir manqué à leur engagement, repoussé avec insolence les offres de conciliation, voici, d’après les dépêches, que les Madécasses se livrent aux démonstrations les plus bruyantes contre nos nationaux. On invente que nos soldats mangent le cœur des Hovas, avec cela que ce doit être bon ! On prêche la guerre sainte ; la sœur et la tante de la reine s’en vont hurler par les carrefours, promettant la victoire contre une race qu’elles disent abâtardie. Nos petits soldats sauront avant peu prouver à ces dames qu’elles se trompent du tout au
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