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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune
Autoren: Marc Paillet
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compte diligemment. »
    Les envoyés du souverain étaient arrivés dans le Berry à la mi-septembre après avoir accompagné, pendant l’été, Charlemagne qui menait une ultime campagne contre les Avars ( 5 ). A Bourges, ils eurent plusieurs entrevues avec l’archevêque Ermembert et avec le comte Sturbius. C’étaient ces derniers qui avaient alerté leur roi sur les graves désordres affectant l’ouest du pays. L’autorité en cette province était surtout exercée par Ermembert qui pouvait se prévaloir de la confiance de Charlemagne. Celui-ci, en la dix-huitième année de son règne, n’avait-il pas obtenu pour lui du pape Adrien le pallium, ce qui allait de pair avec la dignité d’archevêque et les prérogatives attachées à ce rang ? Sur un territoire dévasté et saigné à blanc, une trentaine d’années auparavant, par une longue et âpre guerre entre Francs et Aquitains, seule l’Église organisée autour de ses monastères et archiprêtrés offrait au pouvoir central une assise solide. Sturbius, lui, à la tête d’un comté très vaste, ne pouvait compter que sur des vigueries espacées, et en faible nombre. Elles avaient à leur tête des titulaires récemment nommés, francs en général, donc peu enracinés, mal acceptés et, en outre, sans grands moyens : quelques garnisons, çà et là, et dans les gros bourgs seulement. Pas de quoi multiplier patrouilles et inspections.
    Après plusieurs entretiens qui avaient porté sur l’état du Berry en général, l’abbé Erwin, le comte Childebrand et leurs interlocuteurs en étaient venus à l’objet précis de la mission impériale. Le comte Sturbius expliqua que cette pénurie de moyens était la cause de son appel à l’aide. Faute de forces suffisantes il s’était résolu, en accord avec l’archevêque, à demander au roi Louis assistance et renforts.
    — Certes, indiqua-t-il, depuis de longs mois, une agitation malsaine s’est développée dans l’ouest de la province, dans la Brenne. On parle, mais à mots couverts, de menées détestables, de bandes se réunissant secrètement et commettant mille forfaits et méfaits, se livrant à la débauche et à la sorcellerie…
    Le comte Childebrand, qui montrait un visage de plus en plus courroucé, ne se retint plus :
    — Quoi ? s’écria-t-il. Qu’est-ce que j’entends ? Une « agitation malsaine et depuis de longs mois » ? Mais, par tous les saints, qu’aurait-il donc fallu pour que tu t’alarmes vraiment, pour que tu juges cela exécrable, inadmissible, oui, intolérable ? Pour que tu te décides à y mettre bon ordre ?
    Sturbius avait pâli.
    — Certes, seigneur, répondit-il, il est vrai exécrable, intolérable… Mais comment distinguer la réalité du racontar, le vrai du faux ?… Les gens là-bas… toujours à forger des fables… et si crédules !… Tant qu’il ne s’agissait que de on-dit… Mais, ensuite…
    — Quoi, ensuite ? Qu’attendais-tu pour ouvrir une enquête, pour intervenir ?
    — J’allais te dire, seigneur, que c’est ce que nous avons fait… Plusieurs découvertes macabres, n’est-ce pas…
    Childebrand lança à Sturbius un regard sombre.
    — Des découvertes macabres ? articula-t-il très lentement.
    — Eh bien… d’abord ces femmes… Des moines de l’abbaye de Méobecq ont découvert, flottant sur les eaux du marais de Bignotoi ( 6 ), il y a de cela deux mois, les cadavres de deux femmes, à demi dévorés par des animaux et en état de décomposition. Un troisième corps, à peu près intact celui-là, fut trouvé en bordure du bois de Lancosme. Les forestiers ont reconnu une certaine Fabienne, qui habitait une chaumière dans une clairière ; elle avait été tuée par une arme étrange qui lui avait défoncé la poitrine au niveau du cœur…
    — Nous voici donc loin de « racontars », de « fables » et de « on-dit », gronda Childebrand.
    — Il est vrai, seigneur. Aussi ai-je demandé au vicomte Farald qui me représente à Châteauroux de faire entreprendre des investigations au plus tôt. Elles n’ont guère fourni jusqu’ici, à ma connaissance, de renseignements décisifs. Or, par la suite…
    Sturbius marqua une hésitation.
    — Quoi encore ? jeta Childebrand. Faudra-t-il t’arracher les mots de la bouche ?
    — C’est-à-dire… n’est-ce pas… Eh bien, la série néfaste ne s’est pas arrêtée là… Donc… A moins d’une lieue de Vendœuvres, en allant sur le marais de Bellebouche, au lieu dit « le
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