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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune
Autoren: Marc Paillet
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serait tombée gravement malade. J’ai vérifié moi-même ce dernier point. Elle n’est jamais arrivée auprès d’elle !
    — Cette Agnès pouvait-elle être soupçonnée ?
    — On me l’a décrite comme une femme très belle et qui en profitait, affirma Farald. Mais il y a loin de la frivolité au culte de Satan. Quant à la troisième disparition, il s’agit d’une lavandière, Bénédicte, esclave vivant seule, d’assez fâcheuse réputation. Il se trouve – voici de quoi nous intriguer – qu’elle était au service de la famille Godfrid.
    — Cet homme qui a été assassiné en même temps que son fils ? s’étonna Timothée.
    — Oui, le maître du domaine du « button aux fades » !
    — Pourrait-il exister une relation entre la disparition de cette Bénédicte et le double crime ?
    — Je dois dire que, si les circonstances de ce forfait sont claires, ses raisons, après deux semaines d’enquêtes, sont toujours aussi mystérieuses, et ses auteurs demeurent inconnus. A ce sujet…
    — Un instant, intervint Erwin. Nous reviendrons sur le drame du « button aux fades ». D’abord ceci : selon toi, lesquelles des trois disparues ont péri noyées ?
    — Vraiment, je ne saurais le dire, répondit le vicomte. Cependant une chose me paraît certaine : il n’a pu s’agir de noyades accidentelles. Ou bien la mort a été la conséquence fatale de pratiques dangereuses, ou bien nous sommes en présence de crimes !
    — Voilà déjà une observation qui ne manque pas d’intérêt, estima le missus.
    Le vicomte se rengorgea.
    — Venons-en maintenant à l’affaire du « button aux fades », enchaîna Erwin. Godfrid et les siens avaient-ils, de quelque façon, suscité rancœurs et haines ?
    — Non pas ! affirma Farald. Ils jouissaient d’une excellente réputation dans toute la région : gens travailleurs, paisibles et équitables, n’exigeant pas de leurs colons des redevances et corvées excessives, traitant leurs esclaves sans brutalité, sans les faire périr à la tâche.
    — Alors ? Des jalousies ?
    — Qui peut le dire, seigneur ? La jalousie se cache au fond des cœurs. Il est vrai qu’ils ont fait de leur domaine une terre prospère, alors que d’autres, moins laborieux et moins habiles, ne tirent pas grand-chose de leur villa. Des jalousies ? Peut-être ! Cependant, de là à assassiner un homme et son fils… Un envieux aurait frappé dans l’ombre. Mais cette expédition spectaculaire !…
    — Justement ! On n’entreprend pas une telle expédition sans raison majeure, raison détestable sans nul doute, mais enfin une raison, et forte !
    Le majordome, à ce moment, vint annoncer que les invités commençaient à arriver. Le vicomte se rendit dans l’antichambre pour les avertir du contretemps concernant le banquet. L’annonce d’une réception avec un copieux buffet apaisa les déceptions et calma les impatiences. A son retour à la table du missus dominicus, la délibération reprit avec l’examen de ce qui se rapportait au meurtre de « Fabienne la sorcière ».
    — Pour elle aucun doute ! souligna Farald. Tout le monde la considérait comme une magicienne. Elle-même se voulait telle.
    — Je comprends mal dans ces conditions, s’indigna le frère Antoine, qu’on ne lui ait pas appliqué les châtiments prévus par le capitulaire de notre souverain concernant sorciers et stryges ( 9 ) !
    — S’agissait-il vraiment d’une stryge ? demanda Doremus.
    — A dire vrai, on la craignait, reconnut Farald. On la disait dotée de pouvoirs néfastes comme de jeter des sorts aux récoltes, aux troupeaux, de pratiquer des envoûtements soit pour causer de graves atteintes comme cécité, impuissance, paralysie ou torpeur de l’esprit, soit même pour donner la mort ! Oui, elle était redoutée !
    — De sorte, dit Doremus, qu’il ne faut pas aller chercher bien loin la raison de son assassinat : la crainte, le ressentiment, la vengeance, voilà des motifs plausibles !
    — … ou encore le désir d’ôter définitivement de ce monde une créature diabolique, compléta le frère Antoine, ce qui permettrait de comprendre pourquoi elle a été mise à mort de façon étrange.
    — Peut-être en savait-elle trop… suggéra Erwin.
    Doremus jeta à son ami Timothée un regard de connivence : l’abbé saxon devait avoir déjà quelque piste en tête. Le silence se prolongea. Personne n’osait interrompre la méditation du missus, lequel, tout à coup, sembla se réveiller.
    — Tout
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