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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu
Autoren: Fabrice Bourland
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œuvrons : la forme la plus moderne et la plus achevée de momification.
    — Ah, par exemple ! Je ne demande qu’à voir ! se récria James.
    Les deux hommes tirèrent fébrilement sur les boucles de leur moustache.
    — Nous aurions été heureux de vous le présenter, se désola Nathaniel. Seulement…
    — Seulement ?
    — La momie nous a été volée.
    — Comment cela ?
    — Si vous voulez bien vous donner la peine de nous accompagner. Nous allons vous expliquer par le menu.
    Ils s’étaient levés avec un parfait ensemble et nous guidèrent hors du bureau par une seconde issue, près du buffet. De là, nous empruntâmes un couloir qui débouchait, après une nouvelle porte, à l’arrière de la bâtisse.
    Comme l’astre lunaire était invisible dans le ciel, on avait du mal à distinguer les silhouettes rabougries des arbres et les massifs de maigres viornes qui hantaient le terrain, envahi par l’ivraie. Heureusement, à moitié dérobée derrière un épais taillis, à une cinquantaine de pas, la façade d’un petit bâtiment sans fenêtre apparente, de la forme d’un demi-octogone, était éclairée par une grosse lanterne extérieure.
    Nous franchîmes le jardin, ceinturé par des murs en pierres sèches, aux contours inégaux et d’une hauteur de neuf pieds environ.
    — Qu’y a-t-il de l’autre côté ? demanda James.
    — Derrière ce mur-ci se trouve une ruelle. Celui du fond, le long du pavillon, débouche sur le parc de Town Gardens, et celui de gauche sur la propriété voisine.
    Il était à craindre qu’il soit plus malaisé de différencier les jumeaux à présent qu’ils avaient quitté leur fauteuil attitré, mais, alors que nous parvenions sous le luminaire de l’édifice, je remarquai que celui situé à ma dextre – qui se révéla être Archibald – présentait une distinction physionomique à l’endroit des oreilles : celles-ci étaient pourvues de lobules à la forme un tantinet plus échancrée et un chouïa plus charnue que celles de son homologue. Une véritable aubaine !
    — Notre père, Horace Patterson, a fait bâtir cette annexe en 1889, de manière à mener ses travaux en toute tranquillité.
    — Portait-il lui aussi de l’intérêt à l’embaumement des défunts ?
    — Il avait étudié les arcanes de cet art ancestral auprès du Dr Nicolas Gannal, le fils de Jean-Nicolas, qui avait pris sa succession dans la société familiale, rue de Seine, à Paris. Auparavant, il avait suivi durant quelques semaines les cours de Joseph H. Clarke, à Cincinnati. C’est notre père qui nous a tout appris.
    Nathaniel ouvrit avec une clef la porte du pavillon et alluma la lumière électrique. L’intérieur consistait en une sorte de grande pièce de travail, au sol carrelé de faïences blanc et bleu. À droite, derrière un rideau noir suspendu à une tringle mobile, on apercevait deux grandes cuves en étain et un râtelier où était disposée une batterie d’instruments d’autopsie – pour certains munis de magnifiques manches d’ivoire et de gutta-percha. Entre les cuves se trouvait une table d’examen en acier galvanisé. Pour le reste, tous les murs étant équipés d’étagères surchargées de bocaux emplis d’extraits de plantes et de flacons aux contenus colorés, l’endroit tenait autant de l’officine d’herboristerie que du cabinet du médecin légiste ou du laboratoire de l’apprenti chimiste. Il flottait du reste un assortiment baroque de parfums entêtants, parmi lesquels je croyais reconnaître les fragrances de la cannelle, de la poudre de santal et du cinnamome.
    Les Patterson traversèrent la salle et s’immobilisèrent devant une volumineuse porte en métal. Archibald composa plusieurs chiffres sur un clavier électrique au-dessus d’une grosse serrure.
    — C’est ici, derrière cette épaisseur d’acier, que reposait le corps qui nous a été dérobé. Il n’y a que nous-mêmes et Mr Lubin qui connaissons le code d’accès. Quand cela s’avère nécessaire, pour finir de les convaincre de la qualité de nos prestations, nous convions des clients à descendre en ces lieux. Mais personne n’y pénètre jamais sans être accompagné par l’un d’entre nous. En outre, nous tenons registre de l’identité de tous nos visiteurs.
    — Faut-il également composer un code pour sortir ?
    — Non, Mr Trelawney, il suffit de tourner la poignée de l’intérieur.
    Nous descendîmes une vingtaine de marches en
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