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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete
Autoren: Jose Frèches
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s’étendre tandis que le majordome indien du consul, dont la moue horrifiée en disait long sur les propos qu’il tenait à son maître, se penchait vers celui-ci.
    —  Pas possible ! s’écria ce dernier en frissonnant.
    —  Qu’y a-t-il, mon bon ami   ? fit Rosy, soudain inquiète et dont le regard dérivait.
    —  Ces salauds de gueux ont décapité ce pauvre Holmes ! cria Elliott.
    Holmes était le nom du préposé au dédouanement sur lequel les deux premiers assaillants s’étaient acharnés.
    —  Ces Chinois sont de fieffés barbares ! Il ne faut surtout pas se fier à leurs sourires de façade ! lâcha, venimeuse, la femme du consul de Grande-Bretagne en rajustant son corsage où ses énormes seins ne paraissaient pas correctement rangés.
    —  Ce n’est pas par hasard qu’on dit ici que le tigre peut toujours sommeiller sous le rat ! renchérit son mari en levant vers le ciel des yeux remplis de haine et de mépris.
    Antoine Vuibert, écœuré par cette propension à la généralisation, n’avait désormais qu’une envie, c’était de fuir le plus loin possible de ces gens arrogants.
    —  Vous prendrez bien une tasse de thé avec nous, cher monsieur   ? s’enquit la femme du diplomate de sa voix doucereuse.
    —  Je suis désolé mais je n’ai vraiment pas le temps. L’ami pour le compte duquel je devais obtenir les renseignements m’attend à son hôtel…
    —  Sachez que vous êtes toujours le bienvenu ici !
    Le Français, qui, pour rien au monde, ne fût resté une seconde de plus sur cette infime portion de territoire britannique, la quitta sans demander son reste et, lorsqu’il en franchit la grille, entre deux cordons de policiers en armes qui contenaient la foule des badauds alertés par les explosions et par les nuages de fumée, il ne put s’empêcher de penser qu’il avait eu finalement beaucoup de chance…

 
    32
     
    Jintiancun (Guangxi), 6 et 7 juillet 1847
     
    —  Je n’ai jamais vu une montagne aussi bien sculptée ! s’écria, émerveillée, Jasmin Éthéré lorsqu’elle découvrit les centaines de terrasses taillées par les riziculteurs et qui transformaient le mont des Cardons en un gigantesque escalier aux marches arrondies.
    Au-dessus des rizières, tout près des nuages, malgré la densité des bambous recouvrant les pentes abruptes de leurs touffes vaporeuses, on devinait déjà les toits des maisons qui s’y accrochaient comme par miracle. Sur le chemin qui montait par des lacets anguleux, Mesure de l’Incomparable se renseigna auprès d’une petite vieille édentée comme une poule et qui trottinait balancier à l’épaule. Ils étaient bien arrivés à Jintiancun, le village natal de Hong Xiuquan.
    Les deux jeunes gens, au bord de l’épuisement, étaient on ne peut plus soulagés.
    S’ils avaient mis une dizaine de jours à effectuer un parcours qui n’en demandait pas plus de deux ou trois, ce n’était pas faute d’avoir marché d’un bon pas mais en raison de l’omniprésence d’un régiment mandchou que les autorités avaient déployé dans cette partie du Guangxi pour y mater une révolte des bateliers. Cette corporation jadis très puissante était l’une des plus touchées par les Traités inégaux qui, en accordant aux Européens l’ouverture des plus grands ports chinois, avaient porté un coup sévère aux nombreuses professions disposant de monopoles.
    Obligés de marcher pendant la nuit et de se cacher pendant la journée, ils avaient pris des chemins détournés pour éviter les postes de contrôle où les soldats arrêtaient systématiquement tous les bendi {5} qui s’y présentaient. De peur de tomber sur une patrouille canine dont les terribles chiens des steppes au pelage fauve étaient capables de tuer un homme, ils avaient emprunté les lignes de crête quand ils ne marchaient pas dans la boue des rizières infestées par les serpents et les moustiques.
    Jasmin Éthéré avait pu mesurer à quel point la misère des campagnes du Guangxi était encore plus terrible que celle de son Hebei natal. Les gens y survivaient à peine, entre les corvées et les impôts prélevés par l’administration mandchoue qui ne laissait presque rien aux familles. De nombreux paysans étaient contraints à quitter leur lopin de terre et à errer sur les routes ou encore à s’enrôler dans des milices de mercenaires auxquelles les Mandchous faisaient appel pour mater les révoltes qui éclataient un peu partout, tant
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