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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois
Autoren: Max Gallo
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de Pairaud, le précepteur de Normandie, Geoffroy de Charnay, reconnaître qu’ils avaient renié le Christ, craché sur la croix, pratiqué la sodomie.
    J’écoutai, fasciné, ces dignitaires de l’Ordre, ces hommes dont je savais qu’ils avaient héroïquement combattu l’Infidèle en Terre sainte, s’avilir.
    Comment les humbles chevaliers du Temple n’auraient-ils pas eux aussi confessé ce que voulaient entendre leurs bourreaux ?
    Il y eut ainsi, dans toutes les provinces du royaume, une avalanche d’aveux.
    Sans doute les Templiers espéraient-ils obtenir la clémence et le pardon des juges, donc leur mise en liberté.

    Je compris que c’est ce que craignaient Guillaume de Nogaret, Enguerrand de Marigny et le roi lui-même. Mais c’est ce que le pape Clément V souhaitait.
    Aussitôt on l’accabla :
    « Que le pape prenne garde ! ai-je lu. On pourrait croire que c’est à prix d’or qu’il protège les Templiers, coupables et passés aux aveux, et qu’il s’oppose ainsi au zèle catholique du roi de France ! »
    On appella au jugement du peuple dont on convoqua les délégués à Tours.
    C’était au peuple de purger le monde :
    « Contre une peste si scélérate, celle du Temple, doivent se lever les lois et les armes, les animaux mêmes et les autres éléments !
    « Nous voulons vous faire participer à cette oeuvre, très fidèles chrétiens, et nous vous ordonnons d’envoyer sans délai à Tours deux hommes d’une foi robuste qui, au nom de vos communautés, nous assistent dans les mesures qu’il sera opportun de prendre. »

    Le pape ne pouvait que s’incliner. Il convoqua, selon les voeux de Philippe le Bel, un concile à Vienne, en Dauphiné. On y jugerait l’Ordre en tant qu’ordre. Et les simples chevaliers, personnes singulières, continueraient, eux, à être jugés par les tribunaux de l’Inquisition.

    Ce fut, par tout le royaume, recrudescence de procès, donc de tortures, d’aveux et de rétractations.
    On menaçait ceux qui revenaient sur leur confession, dictée par les souffrances de la torture, de leur opposer leurs propres aveux :
    « Prenez garde, réfléchissez à ce que vous avez déjà dit ! »
    La main du bourreau se levait et le pauvre chevalier du Temple s’écriait :
    « Plût à Dieu que l’on observât ici l’usage des Sarrasins qui coupent la tête des pervers en la fendant par le milieu ! »
    Il décrivait ce qu’il avait subi :
    « On m’a lié les mains derrière le dos, si serrées que le sang jaillissait des ongles, et on m’a mis dans une fosse, attaché avec une longe. Si on me fait subir encore de pareilles tortures, je dirai tout ce qu’on voudra. Je suis prêt à subir des supplices pourvu qu’ils soient courts ; qu’on me coupe la tête, qu’on me fasse bouillir pour l’honneur de l’Ordre, mais je ne
peux pas supporter des supplices à petit feu comme ceux qui m’ont été infligés depuis plus de deux ans en prison… »

    Et cependant – j’en remerciai Dieu ! –, des Templiers de plus en plus nombreux revenaient sur leurs aveux, se présentaient comme défenseurs de leur ordre.
    On en compta cinq cent quarante-six parmi les emprisonnés de Paris qui bravèrent ainsi leurs juges.
    Je connaissais trop les hommes du roi pour penser qu’ils accepteraient ainsi une défaite.
    Et je ne fus pas surpris quand j’appris que l’archevêque de Sens, frère d’Enguerrand de Marigny, avait condamné comme « relaps » ceux qui, après être passé aux aveux, s’offraient à défendre leur ordre.
    Cinquante-quatre d’entre eux furent entassés dans des charrettes et brûlés publiquement entre le bois de Vincennes et le Moulin à Vent de Paris, hors de la porte Saint-Antoine.
    On a rapporté qu’ils souffrirent dans les flammes avec un courage qui frappa le peuple et l’induisit à les considérer comme innocents.
    C’était le grand péril pour leurs accusateurs.
    Il fallait que se réunisse au plus tôt le grand concile de Vienne afin que la condamnation de l’Ordre fût prononcée et que le peuple se convainquît de la malignité de l’Ordre et de sa damnation.
    85.
    Je suis entré dans Vienne avec l’armée et la cour du roi.
    C’était le 20 mars 1312 et je baissais la tête comme un couard et un félon qui n’ose regarder droit dans les yeux ceux qu’il a abandonnés et même trahis.
    Car je n’avais plus aucun doute sur l’innocence des chevaliers du Temple, sur cet ordre dont mes
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