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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois
Autoren: Max Gallo
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aïeux, vassaux du roi, avaient été membres sans cependant l’avoir servi, puisqu’ils étaient d’abord chevaliers du souverain de France.

    Je me sentais proche de ces centaines de chevaliers du Temple et de leurs frères sergents, morts sous la torture pour avoir refusé de reconnaître les accusations portées contre eux.
    J’avais appris, alors qu’avec le roi je séjournais à Lyon, que l’Ordre était accusé d’avoir incité ses membres à profaner le crucifix en l’insultant, en crachant sur la croix, et d’adorer des idoles en forme de tête humaine.
    Ils auraient porté nuit et jour sur leurs chemises des cordelettes enchantées par le contact de ces idoles.
    Certaines d’entre elles, en argent doré, étaient censées renfermer des fragments de crâne humain enveloppés dans un linge.
    Comment aurais-je pu croire cela, moi qui étais le fils de Denis Villeneuve de Thorenc, compagnon du roi Saint Louis ?
    Mais les accusateurs affirmaient que l’Ordre avait mis, autant qu’il avait pu, le nom chrétien en mauvaise odeur auprès des incrédules, et avait fait chanceler des fidèles dans la stabilité de leur foi !
    L’Ordre était accusé d’être tout entier corrompu par des superstitions impies.
    Les hosties n’étaient pas consacrées, et la sodomie la règle imposée aux chevaliers !
    Et tout cela, incroyable, avait été reconnu dans un premier temps par les chevaliers du Temple dont on avait brisé le corps par la question.
    « J’avouerais que j’ai tué Dieu ! » s’était même écrié devant ses bourreaux un chevalier.

    Mais, le 19 mars 1312, le roi a quitté Lyon avec son armée et sa cour, et le 20, nous sommes entrés dans Vienne.
    Car Guillaume de Nogaret craignait que les évêques d’Allemagne, d’Aragon, de Castille et d’Italie refusent de condamner l’Ordre. Il fallait donc que le roi de France apparaisse, entouré de ses hommes d’armes, et impose la condamnation de l’Ordre ou sa dissolution.
    « Si l’Ordre ne peut être condamné par voie de justice, avait dit Clément V, qu’il le soit de manière expéditive afin que notre cher fils, le roi de France, ne soit pas scandalisé. »
    Le roi s’assit auprès du pape et les trois cents pères de l’Église rassemblés approuvèrent la bulle que leur lisait Clément V.

    C’était le 3 avril 1312, l’ordre du Temple n’était pas supprimé par voie de « sentence définitive », mais par voie de « règlement apostolique ».

    Mon Dieu, pourquoi avez-Vous laissé commettre ce crime contre les meilleurs de Vos fils ?
    J’ai prié, je me suis agenouillé.
    J’étais vassal fidèle du roi de France.
    Dieu était mon Seigneur, et j’acceptai Son mystère.
    86.
    J’ai bu la coupe jusqu’à la lie.
    J’appris comment les biens de l’ordre du Temple furent livrés à la meute des avides pour la curée, et non transmis à l’ordre des Hospitaliers comme il en avait été décidé au concile de Vienne.
    Le roi, Philippe le Bel, l’Énigmatique, se réserva la plus grande part de cette proie.
    Ses dettes envers l’Ordre furent éteintes, puisque les règles de l’Église interdisaient de payer leur dû aux hérétiques, et que l’ordre du Temple l’était devenu.
    Le roi saisit aussi tous les coffres remplis de pièces qui se trouvaient dans les commanderies.
    Quant à l’ordre des Hospitaliers, il lui restait quelques reliefs de la curée, mais il devait rembourser à la Couronne les sommes dépensées pour garder dans leurs cachots les chevaliers du Temple.

    La quête effrénée d’argent était bien une marche vers la mort.
    Je n’ai donc jamais cru, après ce que j’avais vu et entendu au concile, que les chevaliers prisonniers seraient rendus à la vie au lieu de pourrir dans la nuit des basses-fosses, le corps entravé de chaînes.
    J’ai su que les quatre hauts dignitaires de l’Ordre, Jacques de Molay, le grand maître, et Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie, Geoffroy de Gonneville et Hugues de Pairaud, le visiteur, imaginaient au contraire qu’on les libérerait.
    Des cardinaux furent chargés de recueillir confirmation de leurs aveux qu’ils devraient réitérer devant le peuple face à Notre-Dame.

    J’ai vu dresser le grand échafaud sur le parvis de la cathédrale. Il était décoré de tentures et d’insignes religieux, meublé de sièges et de porte-flambeaux.
    Le lundi 18 mars 1314, la foule se rassembla dès l’aube autour de
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