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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois
Autoren: Max Gallo
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heures le roi avait pu arpenter les salles, était, dans la capitale du royaume, un défi au pouvoir royal.

    Depuis mon plus ancien aïeul, Martin de Thorenc, ma lignée était affiliée à l’ordre du Temple, et je savais que ces « chevaliers du Christ », qui voulaient constituer la milice du Seigneur, n’avaient eu pour ambition que d’être le glaive de l’Église et du roi en Terre sainte.
    Mais moi, Hugues Villeneuve de Thorenc, au service du roi, je n’avais pas été reçu chevalier du Temple, même si, par mes aïeux, je me sentais proche de l’Ordre.
    Comment aurais-je pu imaginer qu’il fût accusé d’être l’ennemi du roi de France et de la Chrétienté ?
    Il m’eût pourtant suffi de me souvenir que la quête d’argent engendre la mort.
    J’avais vu les Juifs jetés au bûcher, leurs biens saisis, vendus au grand profit du Trésor royal.
    L’excuse de cette avidité et de cette cruauté était que les Juifs avaient crucifié le Christ, qu’ils étaient race maudite.
    On oubliait que Jésus le miséricordieux avait été l’un d’eux.
    On n’avait pas accusé les Lombards et les Italiens d’être déicides, mais on les avait eux aussi spoliés, expulsés parce qu’ils étaient banquiers et usuriers.
    Et maintenant on lorgnait sur les richesses de l’ordre du Temple.

    Les deux cents commanderies de l’Ordre possédaient d’immenses domaines.
    Dans leurs forteresses dispersées dans toute la Chrétienté, elles détenaient l’argent que les rois, les princes, le pape, les évêques, les abbayes leur confiaient. L’Ordre était devenu le banquier de l’Église et des rois. Il prêtait à usure, comme les Juifs et les Lombards.
    Et on accusait les Templiers d’être insatiables.
    « Chacun de vous, disait le cardinal Jacques de Vitri, fait profession de ne rien posséder en particulier, mais, en commun, vous voulez tout avoir ! »
    Cette richesse attirait comme un immense butin, elle faisait naître l’envie, la jalousie, la calomnie.

    J’ai entendu en ces années-là accuser les Templiers de vouloir créer leur royaume, de s’être soumis aux puissances maléfiques, d’avoir des règles connues d’eux seuls, de Dieu et du Diable.
    « On les soupçonne au sujet de leurs cérémonies, me dit un chevalier proche de Nogaret, parce qu’ils ne veulent pas que l’on sache ce qui s’y passe. »
    À plusieurs reprises, j’ai eu l’intuition qu’un orage, aussi violent que celui qui avait foudroyé le pape Boniface VIII, menaçait l’ordre du Temple.
    Mais je repoussais ces pressentiments.
    Qu’aurais-je pu faire ?
    Je tentais de me persuader que je me trompais.
    Le supérieur de l’Ordre, Jacques de Molay, était reçu à la Cour.
    Le 12 octobre 1307, il participait encore, aux côtés du roi, aux obsèques de la comtesse de Valois.
    Le visage de l’Énigmatique était plus indéchiffrable que jamais.
    83.
    Un jour a suffi pour que je sache ce que cachait l’énigmatique roi de France.
    Le 13 octobre 1307, Jacques de Molay, grand maître de l’ordre du Temple, Hugues de Pairaud, visiteur des commanderies de France, et tous les Templiers furent à la même heure arrêtés. J’ai su qu’en chaque bailliage et sénéchaussée, les officiers royaux avaient reçu sous pli fermé des ordres rédigés par Guillaume de Nogaret.
    Les biens de l’Ordre devaient être saisis.
    Ces mesures étaient prises au nom de l’Inquisition, sous l’inculpation d’hérésie.
    L’inquisiteur de France, Guillaume de Paris, confesseur du roi, avait ordonné à tous les prieurs dominicains de recevoir et d’interroger sans délai les Templiers qui leur seraient amenés.
    Aucun Templier ne résista ; quelques-uns réussirent à fuir.

    À plusieurs reprises, au cours de cette journée du 13 octobre, je croisai Guillaume de Nogaret et quelques-uns de ses chevaliers. L’un d’eux me dit, alors que j’ignorais encore qu’un coup de hache venait d’être assené sur la nuque de chaque Templier :
    « Hugues Villeneuve de Thorenc, tu es au roi, il le sait, nous le savons. Guillaume de Nogaret ne l’a pas oublié. Tu es sous sa protection. »
    J’appris plus tard que l’arrestation des Templiers dans tout le royaume avait été décidée le 22 septembre de l’an 1307.
    « Le roi était au monastère de Maubuisson, ai-je lu dans l’un des registres royaux. Les sceaux furent confiés au seigneur Guillaume de Nogaret, chevalier. On traita ce jour-là de
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