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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos
Autoren: Paul C. Doherty
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présent.
    Je n’étais pas de son avis, mais n’avais pas l’intention d’en débattre.
    — Et les corps ? demandai-je.
    — Nous les laisserons là, annonça Estivet qui appela un de ses amis et lui donna des instructions. Je paierai les saints frères du prieuré. Ce sera pour eux acte de miséricorde que de leur donner une sépulture décente dans le carré des miséreux au cimetière.
    Demontaigu montra d’un geste les cadavres.
    — Tout cela est terminé. Leur corps retourne à la poussière et leur âme à Dieu, mais qui nous a trahis, Mathilde ? On a dû dire à Alexandre de Lisbonne que nos hommes rentraient d’Écosse et l’informer sur l’endroit précis et le moment où les sergents seraient ici. Mais comment ? Qui ? murmura-t-il d’une voix rauque.
    Ausel, nous voyant absorbés dans notre conversation, s’approcha pendant qu’on emportait les morts, enveloppés de leurs chapes en guise de linceuls, dans la chaumière. Des pierres, ramassées en hâte, devaient protéger les restes des animaux sauvages.
    — Vous vous posez bien sûr les mêmes questions que moi.
    Son visage, en général souriant, était grave, ses perçants yeux verts, froids et durs, et un tic nerveux en haut de sa pommette droite révélait le courroux qui bouillait en lui.
    — Comment cela a-t-il pu se produire, Demontaigu ? Seuls vous, Estivet et moi étions prévenus.
    — Et moi, corrigeai-je, mais depuis deux jours seulement. Demontaigu pourra le certifier.
    — Je le jure, confirma Bertrand.
    Il leva la main à l’intention de ses compagnons et nous fit gravir la pente du bas-fond. Nous nous arrêtâmes sur le bord. Je regardai le paysage alentour, une mosaïque de bruyères, d’ajoncs, de ronciers, de marais, de mares stagnantes et quelques boqueteaux.
    — Comment les sergents connaissaient-ils le chemin pour venir ici ? demandai-je.
    — Certains étaient du pays, expliqua Demontaigu.
    — Leurs noms ?
    — Morseby, Thorpe, Rippenhale, Lanercost, Easterbury.
    — Lanercost ? relevai-je.
    — Oui, John Lanercost, confirma Bertrand. Pourquoi ?
    — Un allié ou un parent de l’un des Aquilae Petri ?
    Demontaigu me fit face.
    — Les Pierres précieuses ? L’une des créatures de Gaveston ?
    Il fit une grimace.
    — Notre Lanercost était un écuyer expérimenté, un sergent. Il était né dans la région. Peut-être était-il apparenté avec l’homme de Gaveston. Oui, oui.
    Le vent le fit ciller.
    — Il s’abritait dans un galetas près des Shambles à York. Il procurait des refuges aux autres. La plupart des templiers se sont dirigés vers le nord. York est une ville idéale pour y trouver abri. Que voulez-vous insinuer, Mathilde ? Que Lanercost aurait parlé avec son parent, que ce dernier aurait informé Gaveston, qui, à son tour, les aurait tous dénoncés à Alexandre de Lisbonne et à ses Noctales ?
    — Impossible ! répliquai-je. La puissance du Temple a été réduite à néant en Angleterre. On a fait main basse sur tout ce qui en valait la peine. En quoi le roi ou Gaveston auraient-ils intérêt à dénoncer des templiers à bout de force aux Noctales ?
    Je m’écartai, mal à l’aise, et observai un épais bosquet traversé par le chemin sinueux que nous avions suivi depuis York. J’étais sur le point de détourner le regard quand j’aperçus le scintillement de l’acier.
    —  Jesu miserere ! m’exclamai-je en tirant Bertrand par la manche.
    Je levai les yeux vers le ciel, puis regardai derechef : rien. Et pourtant…
    Demontaigu me saisit le poignet.
    — Qu’y a-t-il ?
    Je descendis dans le trou. Mon départ soudain surprit Ausel qui se précipita sur mes talons.
    — Mais qu’y a-t-il donc ? insista Demontaigu.
    J’attendis que nous soyons parvenus un peu plus bas.
    — Ces arbres… Je suis sûre que des hommes en armes s’y dissimulent.
    — Non, non, déclara Ausel en faisant un geste de dénégation.
    — Pourquoi pas ? Je ne suis point folle, Ausel, je ne suis pas une jouvencelle bayant à la lune, l’esprit plein de fantasmagories et prenant chaque buisson pour un ours. Je ne suis point écervelée ; je sais bien ce que j’ai entrevu. Qui d’autre se cacherait ici dans la lande ?
    Bertrand, malgré son scepticisme, me croyait, lui.
    — Mathilde a l’œil perçant. Et c’est logique. Les Noctales devaient savoir que nous viendrions en ces lieux. Ils se sont retirés, ont attendu et épié, tout comme ils l’ont fait
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