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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos
Autoren: Paul C. Doherty
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aux pattes. Les chiens nous feront tomber. En Irlande j’ai vu des chefs de clan agir ainsi. Allons…
    Il rassembla les rênes et fit pivoter sa monture.
    — Nous n’avons pas le choix.
    Nous reprîmes notre fuite éperdue. Derrière nous l’aboiement du chien se faisait plus fort à mesure que l’une de ces grandes silhouettes de cauchemar, tendue, mufle baissé, gagnait du terrain. Mais Ausel nous entraîna dans un sentier de traverse qui montait en pente douce entre une cuvette marécageuse à gauche et d’épais ajoncs épineux à droite. La sente nous faisait certes un peu dévier de notre route, cependant Ausel nous pressa sur ce chemin qui se rétrécissait entre deux anciens affleurements escarpés de rochers couverts de lichen. Nous y passâmes au petit galop et dévalâmes le sentier. Ausel serra les rênes et descendit de cheval en nous criant de l’imiter et de bander les arbalètes que nous portions. Je m’y pris mal avec la mienne ; Ausel s’en empara, ainsi que de celle de Bertrand, puis nous fit signe de reculer. Il mit un genou à terre, les deux arbalètes près de lui. Il leva l’autre en visant le passage entre les rochers. Il était calme et impavide comme un mercenaire du Brabant. Un hurlement puissant résonna par-dessus le vacarme des sabots. Dans un nuage de poussière, le mâtin – masse de chaire noire, musclée, terrible dans son effrayante beauté – bondit entre les rochers, les oreilles battantes, les babines retroussées sur ses énormes mâchoires. Il sembla ignorer Ausel ; habitué à poursuivre les chevaux, il les chargea tout droit. Ausel relâcha le treuil et le carreau barbelé s’envola tel un oiseau de mort. Le chien, touché à la mâchoire, rendu fou par la douleur, continua sa route de plus belle. Ausel prit la seconde arbalète, armée et toute prête. L’animal s’élança. Le treuil cliqueta de nouveau. Cette fois le trait s’enfonça dans la gorge de la bête qui n’en poursuivit pas moins sa course, son corps puissant se tordant sur le flanc au moment où il heurta de plein fouet notre compagnon. Homme et mâtin virevoltèrent dans un nuage de poussière et de jets de sang. Ils tournoyèrent et roulèrent, le cri de guerre d’Ausel couvert par un grondement menaçant, puis ce fut fini. La bête gisait sur le flanc. Ausel sur le ventre. Je voulus crier mais j’avais la bouche sèche. Enfin Ausel releva son visage ensanglanté, grimaça un sourire, se mit debout avec peine et brossa ses habits.
    — Je n’ai rien, rien. Dieu soit loué !
    Il se rembrunit, désigna les arbalètes et nous demanda de les armer derechef. Demontaigu avait repris ses esprits. Ce n’est que plus tard que j’appris qu’il avait grand-peur des chiens, ayant été attaqué par l’un d’eux dans son enfance. Il rassembla son arme et la mienne. Plus rien n’importait que le sinistre martèlement croissant des sabots. Bertrand échangea quelques mots avec Ausel. Puis les deux templiers se séparèrent au moment même où les cavaliers, chapes au vent, gravissaient la pente en chargeant avec une telle fureur qu’ils eurent à peine le temps de comprendre ce qui se passait. Ausel et Demontaigu s’agenouillèrent et levèrent leurs arbalètes. Les treuils claquèrent, les carreaux volèrent en fendant l’air et désarçonnèrent les deux ennemis de tête. Le chaos et la confusion qui s’ensuivirent en firent basculer un troisième pendant que sa monture se cabrait de frayeur. Les deux templiers se portèrent en avant, épées et poignards dégainés. Si Demontaigu était un chevalier accompli, Ausel, lui, était un soldat-né, l’un de ces hommes qui ne connaissent pas la peur et se délectent du bruit du combat. Les poursuivants tombèrent dans leur propre piège. Les trois cavaliers désarçonnés furent promptement achevés, non sans hurlements, geignements et épanchements de sang chaud. Le quatrième, au prix d’un effort désespéré, fit faire demi-tour à son cheval pour s’enfuir, mais il était coincé des deux côtés et fut jeté à terre. Ausel, à genoux sur sa poitrine, rugit en plongeant et replongeant sa dague dans la gorge de sa victime. Puis il se releva, s’éloigna en titubant de quelques pas et, à moitié accroupi, lança un étrange regard à Bertrand qui examinait les assaillants pour s’assurer qu’ils étaient bien morts avant de réciter un requiem à voix basse et d’esquisser une bénédiction. Je m’avançai et baissai les yeux
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