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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort
Autoren: Paul C. Doherty
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Puis, plus tard, vous l’avez rejoint afin de le payer et de récupérer l’instrument. Après tout, il est facile de porter et de camoufler une trompe de chasse ; nombreux sont ceux qui en possèdent. Ce soir-là vous vouliez juste semer la confusion ; vous avez agi de même quand nous sommes venus ici pour brûler les cadavres. Il était si aisé de s’éloigner dans les ruines ou sous les arbres et de souffler rapidement trois fois, toujours dans le même but : jeter le trouble, m’inciter à me demander si le Sagittaire était vraiment une personne autre que celles que j’avais croisées à Mistelham.
    — Je me trouvais aussi sur la place quand Chenapan a été abattu.
    — Billevesées ! Vous y étiez parce que vous n’ignoriez pas que c’était là qu’il vivait, et, pour ce que j’en sais, vous l’aviez convié à vous retrouver ici pour recevoir son dû. Chenapan ne pouvait échapper à la mort. D’abord à cause de la trompe de chasse et ensuite parce qu’il avait rôdé à Mordern et à St Frideswide et avait pu, à sa façon burlesque, voir ou entendre des choses surprenantes. Autour de la place du marché de Mistleham, il y a des maisons divisées en logis empilés les uns sur les autres. La plupart appartiennent à Lord Scrope ; quelques-uns ont été concédés à Claypole et, en plus grand nombre, à St Frideswide. Ce ne sont que galetas et greniers, misérables petites pièces, paliers et chambres pas plus grandes qu’une boîte, petits coins sombres, où l’on peut sans mal cacher un arc et un carquois, où il est facile pour quelqu’un comme vous, muni des clés de Dame Marguerite, de se faufiler dans l’escalier tel un voleur, de s’emparer de l’arme puis, à travers une ouverture étroite, un trou ou une fenêtre, de choisir sa cible et de semer la mort. Les hommes de Lady Hawisa, sous la direction de Pennywort, débarrasseront ces trous à rats. Je parie qu’ils y trouveront des arcs et des flèches. C’est ainsi que vous avez agi quand vous avez occis Chenapan : vous vous êtes précipité en haut des marches pour laisser le meurtre prendre son envol. Deux traits pour Chenapan – vous deviez être certain qu’il était mort, que sa bouche bavarde était à jamais silencieuse –, puis vous êtes redevenu le pieux chapelain.
    — Je suis donc non seulement un prêtre, mais encore un maître archer ?
    — C’est exact, admit Corbett, et un très habile ! Il faut que nous parlions du Sagittaire, mais revenons à la fin de l’été dernier. Tout était au point. Vous étiez si sûr de vous que vous avez commis votre première erreur : vous avez décidé de provoquer Scrope avec cette fresque. Il a dû être fou de rage qu’on le mette en face d’un si brutal, si impitoyable rappel de ses méfaits et d’être dépeint sous les traits de Judas. Rien d’étonnant à ce qu’il ait promis de rénover St Alphege ; c’était peu payer pour effacer cette fresque. Vous avez complètement sous-estimé Lord Oliver, un méchant plein de ressentiment. Il a attendu son heure, mais vous, l’architecte du crime, avez commis votre seconde erreur. Frère Gratian vous a rendu visite ici. Il avait été soldat et il a remarqué que l’une des croix funéraires avait servi de pierre à aiguiser. Enfin John Le Riche, le larron, est arrivé de Westminster avec ses gains mal acquis. En bon hors-la-loi, il s’est réfugié dans la forêt de Mordern et sous l’aile des Frères du Libre Esprit. Sous bien des angles, vos complices n’appartenaient point à ce monde : la richesse leur importait peu. Les relations secrètes entre Le Riche et Maître Claypole, et, en fait, Scrope, les ont peut-être aussi intrigués. Quoi qu’il en soit, Le Riche a confié ici l’essentiel de son butin avant de gagner Mistleham pour traiter avec le maire et Scrope. Bien entendu, ces deux coquins l’ont dupé. Ils l’ont arrêté, drogué, jugé et pendu séance tenante. Les Frères du Libre Esprit se sont derechef montrés compatissants et trop sûrs d’eux. Ils ont détaché le corps du voleur, l’ont enterré avec sa fortune sous une pierre tombale désignée et ont griffonné une phrase commémorative sur le mur de la sacristie de cette église. Que dit-elle, déjà ? Riche, plus riche sera, Là où, en Galilée, Dieu a donné un baiser à Marie.
    — Je suis tout à fait d’accord avec votre jugement sur Lord Oliver, murmura Maître Benedict.
    — Vous n’avez cessé de le
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