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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines
Autoren: Conn Iggulden
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avait dit. La course qu’ils venaient de
faire n’avait été qu’un jeu. Cette fois, ils courraient pour de bon.
    Temüdjin fut le premier à s’élancer, rapide comme un
claquement de mâchoires de chien. Il sauta sur le dos de Patte-Blanche, surprenant
l’animal rétif qui partit en renâclant. Kachium se mit en selle d’un bond
fluide et précis comme l’étaient tous ses mouvements, Khasar l’imita l’instant
d’après en riant d’excitation.
    Bekter galopait déjà, l’arrière-train de sa jument se
raidissant tandis qu’il lui frappait les flancs de ses talons. En quelques
secondes, Temüge se retrouva seul dans la plaine, fixant d’un œil ahuri le
nuage de poussière soulevé par ses frères. Il secoua la tête pour dissiper sa
stupeur, vomit sur l’herbe son petit déjeuner de lait caillé puis, se sentant
un peu mieux, il monta péniblement en selle et força son cheval qui broutait à
relever la tête. Après une dernière touffe d’herbe, l’animal s’ébroua et Temüge
partit lui aussi, tressautant et rebondissant sur sa selle derrière ses frères.

 
2
    Le soleil était haut dans le ciel lorsque les garçons
parvinrent au mont Rouge. Après le galop effréné du départ, chacun d’eux était
passé à un trot rapide que leurs chevaux vigoureux pouvaient soutenir pendant
des heures. Observant une trêve, Bekter et Temüdjin chevauchaient en tête, suivis
immédiatement de Khasar et de Kachium. Tous étaient recrus de fatigue lorsqu’ils
aperçurent le promontoire que la tribu appelait le mont Rouge, énorme rocher d’une
centaine de mètres de haut, entouré d’une dizaine d’autres de moindre dimension,
telle une louve avec ses petits. Les fils du khan avaient passé de nombreuses
heures à l’escalader l’été précédent et ils connaissaient bien l’endroit.
    Bekter et Temüdjin inspectèrent nerveusement l’horizon. Les
Loups ne revendiquaient aucun droit de chasse sur une terre aussi éloignée de
leurs tentes. Comme tant d’autres choses dans les plaines, l’eau des rivières, le
lait, les fourrures et la viande appartenaient à qui avait la force de s’en
emparer ou, mieux encore, de les conserver. Khasar et Kachium ne voyaient pas
plus loin que l’excitation de dénicher un aiglon, mais leurs deux aînés étaient
prêts à se défendre ou à s’enfuir. Tous deux portaient un couteau et Bekter
avait un carquois et un petit arc auquel il pouvait rapidement mettre une corde.
Face à des garçons d’une autre tribu, ils s’en sortiraient, estimait Temüdjin. Face
à des guerriers adultes, ils courraient un grand danger et le nom de leur père
ne leur serait d’aucun secours.
    Temüge, à nouveau point minuscule derrière les quatre autres,
persévérait malgré la sueur et les mouches bourdonnantes qui semblaient le
trouver à leur goût. À ses yeux pitoyables, ses frères semblaient d’une espèce
différente, des faucons pour l’alouette qu’il était, des loups pour un chien. Il
aurait voulu leur ressembler mais ils lui semblaient si grands, si adroits. Il
était encore plus gauche en leur présence que lorsqu’il était seul et n’arrivait
jamais à s’exprimer comme il l’aurait voulu, sauf parfois avec Kachium, dans la
tranquillité du soir.
    Temüge donnait de méchants coups de talon mais son cheval
sentait son inexpérience et hissait rarement son allure au trot, sans parler de
galop. Kachium estimait qu’il avait le cœur trop tendre mais Temüge avait
férocement battu sa monture quand il avait été hors de vue de ses frères. Cela
n’avait modifié en rien l’attitude de la bête paresseuse.
    S’il avait ignoré où se rendaient ses frères, il se serait
perdu dès la première heure. Leur mère leur avait recommandé de ne jamais le
laisser à la traîne mais ils le faisaient quand même et Temüge savait que s’il
se plaignait auprès d’elle ils lui asséneraient quelques gifles bien senties. Quand
il aperçut enfin le mont Rouge, il se lamentait sur son sort depuis déjà un bon
moment. Malgré la distance, il entendit Bekter et Temüdjin discuter. Il soupira,
souleva ses fesses endolories, chercha dans ses poches d’autres morceaux de
lait caillé, en trouva un dernier. Avant que les autres puissent le voir, il le
fourra à l’intérieur de sa joue et s’empressa de dissimuler le plaisir qu’il en
éprouvait.
    Les quatre frères le regardèrent approcher lentement.
    — J’avancerais plus vite en le portant, soupira
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