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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines
Autoren: Conn Iggulden
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la piste poussiéreuse des chevaux de ses fils. L’avenir
se dressait devant eux alors qu’ils ne voyaient que le printemps et les
collines verdoyantes.
     
     
    Temüdjin galopait au soleil. Il aimait la griserie qui le
prenait quand, visage au vent, il chevauchait une bête rapide. Devant lui, la
jument grise de Bekter recouvra l’équilibre après avoir trébuché sur une pierre.
L’aîné réagit en frappant durement le côté de la tête de l’animal, mais il
avait perdu une longueur et Temüdjin poussa un cri comme s’il allait le
dépasser. Ce n’était pas le bon moment, toutefois. Il aimait mener mais il
prenait aussi plaisir à talonner Bekter parce qu’il savait que cela l’agaçait.
    Bekter était presque déjà l’homme qu’il serait, avec de
larges épaules musclées et une exceptionnelle endurance. Son année de
fiançailles chez les Olkhunuts lui conférait une aura de connaissance qu’il ne
manquait jamais d’exploiter. Cela irritait Temüdjin, comme une épine sous la
peau, en particulier quand ses frères accablaient Bekter de questions sur le
peuple de leur mère et ses coutumes. Temüdjin aussi aurait voulu en savoir plus
mais il résolut d’attendre pour le découvrir par lui-même, quand Yesugei l’y
emmènerait.
    Lorsqu’un jeune guerrier revenait de la tribu de sa future
femme, il accédait au rang d’homme. Lorsque le sang venait pour la première
fois à la jeune fille, on l’envoyait le rejoindre avec une garde d’honneur
symbole de sa valeur. On lui avait préparé une tente et son jeune mari
attendait devant pour l’y faire entrer.
    Chez les Loups, la tradition voulait qu’un jeune homme défie
les féaux de son khan avant d’être totalement accepté comme guerrier. Bekter
avait attendu ce moment avec impatience et Temüdjin se rappelait avoir été
impressionné quand il s’était dirigé vers le feu des guerriers, près de la
yourte de Yesugei. Bekter leur avait fait signe et trois hommes s’étaient levés
pour voir si l’année passée chez les Olkhunuts l’avait affaibli. De l’ombre, Temüdjin
les avait observés, Khasar et Kachium silencieux à ses côtés. Bekter avait
lutté contre les trois féaux, l’un après l’autre, subissant une terrible raclée
sans se plaindre. Eeluk, le dernier des trois, était bâti comme un cheval, un
mur de muscles plats et des bras énormes. Il avait jeté Bekter au sol avec une
telle force que du sang avait coulé d’une des oreilles du jeune homme mais
ensuite, à la surprise de Temüdjin, Eeluk avait aidé Bekter à se relever et lui
avait tendu une coupe d’airag [2] chaud à boire. Le garçon avait
failli s’étrangler quand le liquide amer s’était mêlé au sang dans sa bouche
mais les guerriers n’avaient pas fait mine de le remarquer.
    Temüdjin avait pris plaisir à voir son frère aîné se faire
quasiment estourbir, mais il avait aussi remarqué que les hommes ne le
traitaient plus avec dédain autour du feu, le soir. Le courage de Bekter lui
avait valu quelque chose d’intangible mais d’important, qui faisait désormais
de lui une pierre sur le chemin de Temüdjin.
    La course qui emmenait les cinq frères à travers la plaine
sous un soleil printanier n’avait pas de ligne d’arrivée comme celles du grand
rassemblement des tribus. L’hiver était encore trop proche pour qu’ils poussent
vraiment leurs montures. Chacun d’eux se gardait de fatiguer son cheval avant
qu’il ait un peu engraissé avec l’été et se soit rempli la panse de bonne herbe
verte. Cette course était une façon de fuir les corvées et les responsabilités
et ne leur rapporterait rien d’autre qu’une discussion sur qui avait triché et
qui aurait dû gagner.
    Bekter se tenait presque droit sur sa selle et semblait
immobile tandis que son cheval galopait sous lui. C’était une illusion, Temüdjin
le savait. Les mains sur la bride, Bekter guidait habilement sa jument grise, puissante
et fraîche. Il serait difficile à battre. Temüdjin montait comme Khasar, bas
sur la selle, quasiment couché sur l’encolure. Le vent semblait piquer
davantage et les deux garçons préféraient cette position.
    Temüdjin sentit Khasar près de son épaule droite. Il demanda
à Patte-Blanche un dernier coup de reins et le petit cheval eut comme un
renâclement de colère. Du coin de l’œil, Temüdjin vit le cheval de son jeune
frère et eut l’idée d’obliquer légèrement, comme sans le vouloir. Khasar parut
deviner
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