Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines
Autoren: Conn Iggulden
Vom Netzwerk:
l’intention de son frère et rétrograda d’une longueur en s’écartant, ce
qui amena un grand sourire sur les lèvres de Temüdjin. Ils se connaissaient
trop bien pour s’affronter, pensait-il parfois. Devant eux, Bekter se retourna
et leurs regards se croisèrent une seconde. Temüdjin haussa les sourcils, montra
les dents.
    — J’arrive ! cria-t-il. Essaie de m’arrêter !
    Bekter lui tourna le dos, raide de mécontentement. Il était
rare qu’il vienne chevaucher avec eux, mais Temüdjin le sentait déterminé à
montrer aux « enfants » comment un guerrier monte à cheval. Perdre le
contrarierait et c’était la raison pour laquelle Temüdjin bandait tous ses
muscles et ses tendons pour le battre.
    Khasar les rattrapait et avant que Temüdjin puisse le
bloquer il s’était presque porté à leur hauteur. Les deux garçons se sourirent,
confirmant qu’ils partageaient la joie de cette journée et de cette course. Le
long hiver obscur était derrière eux, et même s’il reviendrait trop vite, ils
connaîtraient ces moments de joie et en profiteraient. Il n’y avait pas de
meilleure façon de vivre. La tribu mangerait du mouton gras et les troupeaux
donneraient naissance à de nouvelles bêtes dont ils pourraient se nourrir ou
faire commerce. Ils passeraient les soirées à empenner des flèches, à tresser
du crin de cheval pour en faire des cordes, à chanter, à écouter des contes et
l’histoire des tribus. Yesugei poursuivrait les jeunes Tatars qui pillaient
leurs troupeaux et la tribu parcourrait facilement les plaines d’une rivière à
l’autre. Il y aurait du labeur, certes, mais l’été, les journées étaient assez
longues pour avoir du temps à perdre, un luxe qu’ils ne trouvaient jamais
pendant les mois de froidure. Quel plaisir peut-on avoir à partir en
exploration alors qu’on risque de se faire mordre dans la nuit par un chien
sauvage ? C’était arrivé à Temüdjin quand il était à peine plus âgé que
Kachium, et il en avait gardé la peur des chiens.
    Ce fut Khasar, en se retournant pour voir si Kachium ne
faisait pas une dernière tentative pour remporter la couronne de laurier, qui s’aperçut
que Temüge était tombé. Khasar, qui prétendait avoir le regard le plus perçant
de la tribu, vit que la forme allongée par terre ne bougeait pas et prit sa
décision en un instant. D’un sifflement aigu, il avertit Bekter et Temüdjin qu’il
arrêtait la course. Les deux garçons regardèrent derrière eux puis dans la
direction où gisait la forme immobile de Temüge. Temüdjin et son frère aîné
hésitèrent un moment, aucun ne voulant abandonner la victoire à l’autre. Bekter
haussa les épaules comme si finalement c’était sans importance puis il fit
décrire à sa jument un large cercle pour repartir dans la direction d’où ils
venaient. Temüdjin l’imita et ils galopèrent côte à côte derrière les autres, les
meneurs devenus les derniers. Kachium était maintenant en tête mais il n’y
songeait sans doute même pas. À huit ans, il était le plus proche en âge de Temüge
et avait passé de longues soirées à lui apprendre les noms des choses dans la
tente en faisant preuve d’une patience et d’une gentillesse remarquables. C’était
peut-être pour cette raison que Temüge parlait mieux que beaucoup d’enfants de
son âge, alors qu’il se montrait en revanche peu doué pour les nœuds que les
doigts vifs de Kachium tentaient de lui enseigner. Le fils cadet de Yesugei
était maladroit et s’ils avaient dû deviner lequel d’entre eux était tombé, ils
auraient répondu « Temüge » sans hésiter.
    Temüdjin sauta de cheval en rejoignant les autres. Kachium
et Khasar soulevaient déjà Temüge pour le mettre en position assise. Le
garçonnet avait le visage blême et contusionné. Kachium le gifla doucement, fit
la grimace lorsque la tête de son frère ballotta.
    — Réveille-toi, petit homme, murmura-t-il, sans obtenir
de réponse.
    Lorsque l’ombre de Temüdjin tomba sur eux, Kachium s’adressa
aussitôt à lui :
    — Je ne l’ai pas vu tomber, dit-il, comme si l’avoir vu
aurait changé quoi que ce soit.
    Temüdjin promena des mains expertes sur le corps de son
frère pour déceler un os brisé ou une blessure. Il sentit sur le côté du crâne
une bosse dissimulée par les cheveux.
    — Il est évanoui mais je ne sens pas de fracture. Apportez-moi
un peu d’eau.
    Khasar tira une gourde en cuir d’un sac de selle,
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher