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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines
Autoren: Conn Iggulden
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Temüdjin.
    Le trajet redevint une course sur la fin et ils arrivèrent
au galop, sautèrent de leur cheval et roulèrent dans la poussière. C’est alors
seulement qu’ils songèrent que l’un d’eux devait rester avec les bêtes. Ils
pouvaient les entraver en leur nouant les rênes autour des jambes, mais ils
étaient loin de la tribu et comment savoir s’il n’y avait pas dans les environs
des cavaliers prêts à les capturer ? Bekter avait demandé à Kachium de
rester en bas mais le garçon, meilleur grimpeur que les trois autres, avait
refusé. Après quelques minutes de tractations, chacun d’eux avait proposé l’un
des autres ; Kachium et Khasar en étaient venus aux mains, le second
finissant par s’asseoir sur la tête du premier, qui se débattait avec une rage
silencieuse. Bekter les avait séparés d’une paire de claques et d’un juron
quand Kachium avait viré au violet. Attendre Temüge était la seule solution
raisonnable et, à dire vrai, plus d’un, en examinant la paroi abrupte, s’était
demandé si défier ses frères à l’escalade était vraiment une bonne idée. Ce qui
les contrariait plus encore que la roche nue, peut-être, c’était l’absence
totale de la moindre trace d’aigle. Ils avaient espéré trouver des fientes, ou
voir un oiseau tourner dans le ciel pour protéger son nid ou pour chasser. Faute
de preuves, ils commençaient à se demander de nouveau si Temüge avait dit la
vérité, s’il n’avait pas inventé cette histoire pour les impressionner.
    Temüdjin sentit son estomac se manifester. Il avait manqué
le repas du matin et, face à une escalade difficile, il ne voulait pas courir
le risque d’avoir une faiblesse. Tandis que les autres regardaient Temüge
approcher, il ramassa une poignée de poussière rougeâtre, en fit une pâte avec
un peu d’eau de la gourde. Patte-Blanche hennit en dénudant les dents mais ne
résista pas quand Temüdjin l’attacha à un arbuste et dégaina son couteau.
    Un instant suffit au jeune Mongol pour piquer une veine de l’épaule
de la bête et y coller sa bouche. Le sang lui redonna de la vigueur et chauffa
son ventre vide comme une coupe du meilleur airag. Il compta six goulées avant
d’éloigner ses lèvres et de presser un doigt sur l’entaille. La pâte
faciliterait la coagulation et Temüdjin savait qu’il n’y aurait plus qu’une
fine croûte à leur retour. Souriant, il montra à ses frères ses dents rougies, s’essuya
la bouche du dos de la main. Il sentait ses forces revenir, à présent qu’il
avait l’estomac plein. Il vérifia que le sang coagulait à l’épaule de
Patte-Blanche, vit une mince ligne écarlate le long de la jambe. Apparemment, le
cheval ne sentait rien et il se remit à paître l’herbe printanière. Temüdjin
chassa une mouche du filet de sang et flatta l’encolure de l’animal.
    Bekter aussi était descendu de cheval. Ayant remarqué que
son frère se sustentait, il s’agenouilla et, pressant la mamelle de sa jument, fit
gicler dans sa bouche un jet de lait chaud puis claqua des lèvres pour exprimer
sa satisfaction. Temüdjin ignora cette bruyante démonstration mais Khasar et
Kachium observaient leur aîné avec espoir. Ils savaient par expérience que s’ils
quémandaient ils essuieraient un refus mais que s’ils taisaient leur soif
Bekter condescendrait peut-être à gratifier chacun d’eux d’une gorgée de lait
chaud.
    — Tu veux boire, Khasar ? demanda-t-il en relevant
brusquement la tête.
    Khasar ne se le fit pas dire deux fois et, tel un poulain, poussa
sa tête vers la tétine sombre luisante de lait. Il aspira avidement le jet, aspergea
son visage et ses mains, grogna, s’étouffa et même Bekter sourit avant de faire
signe à Kachium d’approcher.
    Kachium se tourna vers Temüdjin, remarqua sa raideur. Le
jeune garçon plissa les yeux puis secoua la tête. Bekter haussa les épaules, lâcha
la tétine en accordant à peine un coup d’œil à Temüdjin avant de se redresser
et de regarder le plus jeune de ses frères arriver.
    Temüge descendit de cheval avec sa prudence coutumière. Pour
un garçon de six étés seulement, la selle était haute, même si d’autres enfants
de la tribu en sautaient avec l’intrépidité de leurs frères plus âgés. Temüge
était incapable d’une chose aussi simple et tous ses frères grimacèrent quand
il descendit maladroitement de sa monture.
    — C’est bien ici ? lui demanda Temüdjin.
    — Oui. J’ai
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