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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines
Autoren: Conn Iggulden
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accueillir. Il murmura une prière pour
avoir un autre garçon, frère du premier.
    Au moment où Yesugei sautait de selle et se dirigeait vers
la yourte, la cuirasse crissant à chaque pas, son faucon fit écho au cri qu’il
avait entendu. Il vit à peine le serviteur prendre les rênes, impassible dans
ses fourrures. Yesugei souleva la portière en feutre et entra chez lui, la
neige accrochée à son corps fondant aussitôt.
    — Ha ! Ça suffit ! dit-il en riant à ses deux
chiens qui bondissaient follement autour de lui et le léchaient.
    Son faucon émit un cri pour lui souhaiter la bienvenue, ou
plutôt pour exprimer son désir de partir à la chasse, se dit Yesugei. Son
premier fils, Bekter, jouait nu dans un coin avec des morceaux de lait caillé
durs comme de la pierre. Tout cela, le khan l’enregistra sans quitter du regard
la femme étendue sur les fourrures. Hoelun avait le visage rougi par la chaleur
du poêle, ses yeux scintillaient dans la lumière dorée de la lampe. Son beau
visage énergique luisait de sueur et une trace de sang marquait son front là où
elle l’avait essuyé de la main. La sage-femme s’affairait autour d’un paquet de
linge et au sourire de Hoelun Yesugei comprit qu’il avait un autre fils.
    — Donne-le-moi, exigea-t-il en s’avançant.
    La sage-femme recula, la bouche plissée en une moue irritée.
    — Tu l’écraserais dans tes grosses mains. Laisse-le
téter le lait de sa mère. Tu le tiendras quand il sera fort.
    Yesugei tordit le cou pour voir le bébé lorsque la
sage-femme le posa et nettoya les petits membres. Il se pencha vers l’enfant
qui, paraissant le voir, se mit à brailler.
    — Il m’a reconnu, commenta fièrement le khan.
    — Il est trop jeune, marmonna la sage-femme avec un
reniflement dédaigneux.
    Yesugei l’ignora. Il sourit au visage rougeaud du nouveau-né
mais, soudain, ses traits se figèrent, son bras se détendit et il saisit le
poignet de la vieille femme.
    — Qu’est-ce qu’il a dans la main ? demanda-t-il à
voix basse.
    La sage-femme s’apprêtait à passer un linge sur les doigts
de l’enfant mais, sous le regard dur de Yesugei, elle ouvrit doucement la main
du bébé, révélant un caillot de sang gros comme un œil, noir et brillant, qui
tremblait au moindre mouvement. Hoelun s’était soulevée pour savoir ce qui
retenait l’attention de son époux. Lorsqu’elle découvrit le caillot, elle gémit :
    — Il tient du sang dans sa main droite. Toute sa vie, il
aura la mort pour compagne.
    Yesugei prit une brève inspiration tout en regrettant que Hoelun
eût parlé. C’était imprudent d’inviter le mauvais sort à s’abattre sur le
nouveau-né. Il rumina un moment en silence.
    — Il est né la mort au poing, Hoelun, finit-il par dire.
C’est tout à fait approprié. Il est fils de khan, il a la mort pour compagne. Ce
sera un grand guerrier.
    Enfin rendu à sa mère épuisée, le bébé tira voracement sur
un téton dès qu’on le lui présenta. Sa mère grimaça, se mordit la lèvre.
    Yesugei semblait encore troublé lorsqu’il se tourna vers la
sage-femme.
    — Jette les osselets, vieille mère. Voyons si ce
caillot de sang est un bon ou un mauvais présage pour les Loups.
    Il avait un regard sombre car il savait que la vie de son
fils en dépendait. Il était le khan, la tribu puisait sa force en lui. Il
voulait croire aux mots qu’il avait prononcés pour détourner la jalousie du
père ciel mais il craignait que la prophétie de Hoelun ne s’avère.
    La sage-femme courba la tête, consciente qu’une chose
étrange et redoutable s’était produite pendant l’enfantement. Elle plongea la
main dans le sac d’astragales de mouton peints en rouge et en vert par les
enfants de la tribu. Selon la façon dont ils tombaient, on les appelait chevaux,
vaches, moutons ou yacks, et ils se prêtaient à un millier de jeux. Les anciens
savaient qu’ils pouvaient révéler beaucoup de choses lorsqu’on les jetait au
bon moment et au bon endroit. La vieille femme ramena le bras en arrière pour
les lancer mais cette fois encore Yesugei lui saisit le poignet.
    — Il est de mon sang, ce petit guerrier, dit-il en lui
prenant quatre des osselets. Laisse-moi faire.
    Glacée par son expression lugubre, elle ne résista pas. Même
les chiens et le faucon s’étaient tus.
    Yesugei jeta les petits os et la sage-femme ouvrit grande la
bouche lorsqu’ils cessèrent de rouler.
    — Quatre chevaux, quel coup
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