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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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éclats.
    Le Roi se fit présenter la troupe.
    - Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, directeur de l'Illustre Thé‚tre et fils d'un tapissier de Sa Majesté.
    - Eh bien, Molière, vous me plaisez.
    Puis, se tournant vers Philippe, duc d'Anjou, Louis poursuivit :

    - Monsieur mon frère, la politique aussi est un thé‚tre. Parfois tragique, parfois comique. Je ne puis vous offrir mon royaume, mais prenez celui-ci o˘ l'on tue les Rois, épouvante les Reines dans les tragédies, et o˘ la vie n'est que farce dans les comédies.
    De plus les comédiennes sont jolies, l'auteur plein d'esprit. Vous ne perdez pas au change. Monsieur Molière, si vous l'acceptez, vous voilà, ainsi que vos amis, Comédiens de Monsieur, Frère du Roi.
    Philippe salua bien bas son frère en le remerciant, il outrait toujours ses saluts par dénigrement et singerie, et accepta le don, qu'il devrait payer par une pension aux histrions, car dans le ballet il avait remarqué quelque danseur sur la gauche qui lui plaisait.
    Celui qui distribuait avec tant d'impertinence les lavements.
    TOUTES CES REINES
    Le mariage du Roi mêla comédie et tragédie, et eut le plus beau résultat, que nul n'espérait plus ; la paix des armes.
    Ce que la Reine n'avait pas avoué, en donnant à savoir ce vúu de paix fait devant les plus saintes espèces, est que cette paix passait par une alliance, sur le parchemin certes comme tout traité, mais aussi au doigt de son fils le Roi. L'idée venait de loin, de ses défunts malheurs au temps du défunt Roi, quand, après la naissance inespérée du Dauphin Louis Dieudonné, elle avait appris celle, divine surprise pour elle, d'une infante Maria Teresa à la cour d'Espagne. Une cousine, presque une súur pour son fils chéri. La guerre alors faisait rage, mais avait-elle cessé sa rage depuis ?
    Il fallait marier Louis de France à Marie-Thérèse d'Espagne, la Reine désormais pensait en français jusqu'aux noms de sa famille d'outre-Pyrénées.
    Mais Philippe IV, malgré des défaites à répétition, ne voulait point désarmer.
    Alors Mazarin, qui nous venait d'Italie, de l'opéra et de la commedia dell'arte qui triomphaient désormais à Paris, eut une idée de canevas, de scénario, comme il dit.
    On envoya des ambassades en Savoie, au motif d'un mariage entre le roi de France Louis XIV et de la princesse Marguerite, fort laide, autre cousine du Roi par sa mère Madame Chrétienne, súur de Louis XIII.
    Toute la Cour se rendit à Lyon. Le Roi apprit cette nouvelle dans la plus belle indifférence. Il allait pouvoir chevaucher tout au long de la route avec le grand amour de sa vie, Marie de Mancini. Le de avait été ajouté par la Cour devant l'image qu'of-fraient les deux amoureux.

    Marie, au contraire des donzelles, chevauchait et chevauchait bien, préférant comme son royal et quasi divin amoureux (et amant) le grand air sur le visage au confiné des carrosses qui sentaient le cuir des mantelets, la poussière qui se logeait dans le velours des coussins, et la promiscuité de corps ballottés et trop parfumés...
    " Et puis, pensait le Roi, je verrai bien. Il me suffira de dire non. Je suis le Roi ! " Justement, sire...
    " Je verrai " devenait sa formule favorite. Sa réponse habituelle.
    On l'avait jugé un peu lent, il jouait de cette lenteur, ce qui était de bonne guerre et donnait le temps de réflexion nécessaire pour éloigner l'erreur.
    Ce voyage fut bonheur, amour, passion, épanchements, étreintes. Le bavardage de Marie était éblouissant, sa mise d'une élégance si sobre qu'elle devenait princière, ou bien celle d'une nymphe, rôle qu'elle chantait et dansait à ravir dans chaque ballet que le Roi multipliait et dont son Molière, appartenant à son frère, b‚tissait des arguments qu'un violon italien, un Lulli, mettait en musique avec gr‚ce. La Reine et Mazarin se taisaient. Et applau-dissaient au spectacle. Ils en avaient un autre en tête.
    Il fut d'une intelligence toute cruelle.
    On voyagea ainsi du 26 octobre au 24 novembre. A Lyon les attendait un ambassadeur d'Espagne, don Antonio Pimentel, que la Reine reçut fort bien.
    Le Roi s'étonna. On expliqua.
    Il clama partout son bonheur d'épouser la princesse de Savoie.
    Don Antonio en aurait avalé sa Toison d'or ! Marie s'inquiéta. Le Roi lui avoua que ce mariage n'était que comédie. Mais ne lui avoua pas qu'un mariage pouvait en cacher un autre. On n'est pas toujours courageux quand on est amoureux et on déteste aussi les
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