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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu
Autoren: Viviane Moore
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de lui trancher la gorge. Elle avala sa salive et se tut. L’homme retourna à sa besogne, il redressa Hugues, lui attacha les poignets et le laissa affaissé contre la paroi, le corps maintenu par des fers.
    — Sois patiente ! fit Marco en s’approchant d’elle. Tu n’en as plus pour longtemps. Et lui non plus.
    Il repartit et Eleonor appela doucement :
    — Hugues ! Hugues ! Revenez à vous, je vous en prie !
    Mais rien n’y fit, l’Oriental restait inerte. Elle ferma les yeux, puis les rouvrit. Des pas dans l’allée... Désespérée, elle s’acharna sur l’anneau qui enserrait sa cheville.
    64
    Quand Hugues reprit connaissance, la première chose qu’il vit était une silhouette monstrueuse aux cheveux couleur de cendre, tassée sur un fauteuil. Du sang lui coulait dans les yeux et c’est en essayant d’essuyer son visage qu’il s’aperçut que ses poignets étaient enchaînés. La lumière était si faible qu’il avait du mal à discerner ce qui l’entourait. D’autres silhouettes aussi grotesques que la première apparaissaient vaguement. Il revint à la forme assise devant lui. Elle portait une longue robe dorée...
    Ce n’est pas Judith qu’il reconnut, mais sa robe. La même que celle qu’elle portait le jour où il l’avait raccompagnée chez son frère. Encore engourdi, l’Oriental se crut un instant passé à l’ubac du monde, sur le versant des morts.
    — Hugues ! Hugues !
    Cette voix qu’il identifia aussitôt le ramena brusquement chez les vivants. Il tira sur ses fers.
    — Où êtes-vous ? Eleonor, où êtes-vous ?
    Il n’apercevait que l’ovale blanc d’un visage masqué par le corps de Judith. C’est une autre voix qui lui répondit.
    — Ne sommes-nous pas bien ici, tous les trois, comme par le passé ?
    — Tous les trois ? répliqua Hugues à d’Avellino.
    — Tu ne reconnais pas notre belle Judith avec sa longue chevelure ? Je lui ai fait tailler la même robe que le jour où tu l’as tuée.
    Hugues n’arrivait pas encore à croire que le cadavre noirâtre et desséché qui était en face de lui était le corps de la femme qu’il avait aimée.
    — Le corps de Judith a été jeté à la fosse commune, protesta-t-il.
    — Crois-tu que je l’y aurais laissé pourrir ? La nuit même, Marco et moi sommes allés la chercher. Il a fallu la nettoyer. Ma pauvre sœur. Tout ça à cause de toi. Mais tu vois, elle est aussi belle qu’avant.
    — C’est finalement bien au-delà de la folie que tu es rendu, Bartolomeo, lâcha Hugues avec effarement.
    Il ne savait plus que dire. Après la mort de Judith, d’Avellino était venu le voir pour le provoquer en duel. Il l’avait laissé blessé, mais vivant, pensant que chacun soignerait ses plaies comme il le pourrait. Les années avaient passé et jamais il n’aurait pu imaginer ce que le drame qu’ils avaient vécu ferait sur l’esprit malade de Bartolomeo.
    — Libère-moi et battons-nous ! jeta-t-il.
    — Tu es trop habile à l’épée, mon ami, je ne commettrai pas deux fois la même erreur.
    — Je te laisse le choix des armes ! insista Hugues qui brûlait qu’on lui ôte ces attaches.
    — Mon arme, c’est elle ! rétorqua d’Avellino en désignant Eleonor. C’est elle qui te tuera.
    Eleonor, horrifiée, suivait en silence l’échange entre les deux hommes. Puis soudain, à quelques pas d’elle, près du cadavre de Judith, elle aperçut la garde de son poignard. Quand Bartolomeo l’avait assommée, il était tombé sans qu’il le remarque. Elle s’agenouilla, tendant sa chaîne au maximum, mais ses doigts n’arrivèrent qu’à l’effleurer. Elle se redressa au son de la voix d’Hugues.
    — Cesse tout cela, d’Avellino ! grondait l’Oriental. Au nom de ce qui nous liait.
    — Rien ne nous liait, je n’aurais jamais dû te rencontrer, maudit ! s’écria le chevalier.
    Hugues se tut. Il fallait réfléchir vite. Il ne parviendrait pas à se libérer et la seule solution était de gagner du temps jusqu’à ce que Tancrède et le duc arrivent.
    — Pourquoi as-tu volé la couronne ? demanda-t-il soudain.
    D’Avellino le regarda, décontenancé, puis répondit :
    — Tu te souviens, quand Roger II a donné ordre qu’on jette le corps de Judith au charnier ?
    — Oui. J’ai essayé de l’en dissuader. Je crois qu’il aurait fini par céder, mais les religieux ne voulaient pas d’elle en terre consacrée. Alors...
    — Ce jour-là, je l’ai maudit, lui
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