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Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848

Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848

Titel: Le Droit à La Paresse - Réfutation Du «droit Au Travail» De 1848
Autoren: Paul Lafargue
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passé l’heure des offices, les boutiques fussent ouvertes
et les ouvriers rendus à leur travail. »
    Pour extirper la paresse et courber les
sentiments de fierté et d’indépendance qu’elle engendre, l’auteur
de l’
Essay on Trade
proposait d’incarcérer les pauvres
dans les maisons idéales du travail (
ideal workhouses
) qui
deviendraient « des maisons de terreur où l’on ferait
travailler quatorze heures par jour, de telle sorte que, le temps
des repas soustrait, il resterait douze heures de travail pleines
et entières. »
    Douze heures de travail par jour, voilà
l’idéal des philanthropes et des moralistes du XVIII e siècle. Que nous avons dépassé ce
nec plus ultra
 !
Les ateliers modernes sont devenus des maisons idéales de
correction où l’on incarcère les masses ouvrières, où l’on condamne
aux travaux forcés pendant douze et quatorze heures, non seulement
les hommes, mais les femmes et les enfants [8]  ! Et
dire que les fils des héros de la Terreur se sont laissé dégrader
par la religion du travail au point d’accepter, après 1848, comme
une conquête révolutionnaire, la loi qui limitait à douze heures le
travail dans les fabriques ; ils proclamaient comme un
principe révolutionnaire le
droit au travail
. Honte au
prolétariat français ! Des esclaves seuls eussent été capables
d’une telle bassesse. Il faudrait vingt ans de civilisation
capitaliste à un Grec des temps héroïques pour concevoir un tel
avilissement.
    Et si les douleurs du travail forcé, si les
tortures de la faim se sont abattues sur le prolétariat, plus
nombreuses que les sauterelles de la Bible, c’est lui qui les a
appelées.
    Ce travail, qu’en juin 1848 les ouvriers
réclamaient les armes à la main, ils l’ont imposé à leurs
familles ; ils ont livré, aux barons de l’industrie, leurs
femmes et leurs enfants. De leurs propres mains, ils ont démoli
leur foyer domestique ; de leurs propres mains, ils ont tari
le lait de leurs femmes : les malheureuses, enceintes et
allaitant leurs bébés, ont dû aller dans les mines et les
manufactures tendre l’échine et épuiser leurs nerfs ; de leurs
propres mains, ils ont brisé la vie et la vigueur de leurs enfants.
– Honte aux prolétaires ! Où sont ces commères dont parlent
nos fabliaux et nos vieux contes, hardies au propos, franches de la
gueule, amantes de la dive bouteille ? Où sont ces luronnes,
toujours trottant, toujours cuisinant, toujours chantant, toujours
semant la vie en engendrant la joie, enfantant sans douleurs des
petits sains et vigoureux ?… Nous avons aujourd’hui les filles
et les femmes de fabrique, chétives fleurs aux pâles couleurs, au
sang sans rutilance, à l’estomac délabré, aux membres
alanguis !… Elles n’ont jamais connu le plaisir robuste et ne
sauraient raconter gaillardement comment l’on cassa leur
coquille ! – Et les enfants ? Douze heures de travail aux
enfants. Ô misère ! – Mais tous les Jules Simon de l’Académie
des sciences morales et politiques, tous les Germinys de la
jésuiterie, n’auraient pu inventer un vice plus abrutissant pour
l’intelligence des enfants, plus corrupteur de leurs instincts,
plus destructeur de leur organisme que le travail dans l’atmosphère
viciée de l’atelier capitaliste.
    Notre époque est, dit-on, le siècle du
travail ; il est en effet le siècle de la douleur, de la
misère et de la corruption.
    Et cependant, les philosophes, les économistes
bourgeois, depuis le péniblement confus Auguste Comte, jusqu’au
ridiculement clair Leroy-Beaulieu ; les gens de lettres
bourgeois, depuis le charlatanesquement romantique Victor Hugo,
jusqu’au naïvement grotesque Paul de Kock, tous ont entonné les
chants nauséabonds en l’honneur du dieu Progrès, le fils aîné du
Travail. À les entendre, le bonheur allait régner sur la
terre : déjà on en sentait la venue. Ils allaient dans les
siècles passés fouiller la poussière et les misères féodales pour
rapporter de sombres repoussoirs aux délices des temps présents. –
Nous ont-ils fatigués, ces repus, ces satisfaits, naguère encore
membres de la domesticité des grands seigneurs, aujourd’hui valets
de plume de la bourgeoisie, grassement rentés ; nous ont-ils
fatigués avec le paysan du rhétoricien La Bruyère ? Eh
bien ! voici le brillant tableau des jouissances
prolétariennes en l’an de Progrès capitaliste 1840, peint par l’un
des leurs, par le Dr
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