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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume
Autoren: Bernard Cornwell
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s’était tu
pendant si longtemps, finit par se manifester.
    — Nous devons attaquer avant l’arrivée des autres
navires, dit-il à Osbert et Ælla .
    Ælla, bien sûr, était tout à fait d’accord, et même Osbert
comprit que les navires supplémentaires changeaient la donne du tout au tout.
En outre, les Danes à l’intérieur de la ville éprouvaient des difficultés avec
le nouveau rempart. Nous nous éveillâmes un matin devant une palissade toute
neuve, mais le vent puissant qui souffla ce jour-là la fit s’effondrer, ce qui
provoqua grande liesse au campement. Les Danes, se réjouissait-on, n’étaient
même pas capables de construire un mur.
    — Mais ils savent construire des navires, me dit le
père Beocca.
    — Et alors ?
    — Un homme capable de cela, affirma le jeune prêtre,
sait généralement construire un mur. Ce n’est pas aussi compliqué qu’un navire.
    — Il s’est effondré !
    — Peut-être est-ce un fait exprès, continua Beocca.
    Je le regardai, interloqué, alors il expliqua :
    — Peut-être veulent-ils que nous attaquions à cet
endroit.
    S’il fit part à mon père de ses soupçons, ce que j’ignore,
mon père les balaya sans doute. Il ne se fiait pas à Beocca en matière de
stratégie. Le rôle du prêtre était d’encourager Dieu à vaincre les Danes et
rien de plus. Pour être juste, il est vrai que Beocca priait ardemment et
fréquemment pour que Dieu nous donne la victoire.
    Le lendemain de l’effondrement du mur, nous donnâmes à Dieu
la possibilité d’exaucer les prières de Beocca.
    Nous attaquâmes.
     
    Je ne sais si la totalité des hommes qui se lancèrent à
l’assaut d’Eoferwic étaient ivres, mais ils l’auraient été s’il y avait eu
assez d’hydromel, d’ale et de vin de bouleau. Ils avaient bu presque toute la
nuit et, en m’éveillant, je les trouvai en train de vomir. Les rares qui
possédaient, comme mon père, des cottes de mailles, les endossèrent. La plupart
portaient des cottes de cuir, et d’autres n’avaient que leur manteau. Les armes
furent aiguisées sur des pierres. Les prêtres parcoururent le campement en
dispensant leurs bénédictions, tandis que les hommes prêtaient serment de
fraternité et de loyauté. Certains s’associaient en promettant de partager
équitablement le butin. Quelques-uns avaient le visage livide, et un bon nombre
fila par les digues qui traversaient la vaste plaine marécageuse.
    Un groupe d’hommes reçut l’ordre de rester au camp pour
surveiller les femmes et les chevaux, mais mon père nous ordonna, au père
Beocca et à moi, de monter à cheval.
    — Tu resteras en selle, me prescrivit-il, et toi,
dit-il au prêtre, tu demeureras avec lui.
    — Certainement, mon seigneur, répondit le prêtre.
    — S’il arrive quoi que ce soit, ajouta mon père sans
plus de précisions, retournez à Bebbanburg, fermez la porte et attendez.
    — Dieu est avec nous, affirma Beocca.
    Mon père avait l’allure d’un guerrier émérite, ce qu’il
était, en vérité, même s’il se prétendait trop vieux pour combattre. Sa barbe
grisonnante tombait sur sa cotte de mailles, où pendait un crucifix sculpté
dans un os de bœuf que lui avait offert Gytha. Son ceinturon était de cuir
riveté d’argent, et sa grande épée, Brise-Os, logeait dans un fourreau de cuir
orné de bandes de bronze doré. Ses bottes étaient munies de plaques de fer
protégeant ses chevilles, me rappelant son conseil pour le mur de boucliers, et
son casque était si poli qu’il brillait, tandis que son heaume, avec ses deux
trous pour les yeux et sa bouche grimaçante, était incrusté d’argent. Son
bouclier rond était de bois de tilleul avec une lourde bosse d’acier, recouvert
de cuir et orné d’une tête de loup. L’ealdorman Uhtred partait en guerre.
    L’armée fut rassemblée au son du cor. Les chefs s’étaient
querellés au sujet de leurs places, mais Beocca m’expliqua qu’un évêque avait
réglé la question aux dés et que le roi Osbert attaquerait le flanc droit, Ælla
le gauche et mon père le centre. Les trois bannières des chefs se dressèrent à
l’appel des cors et les hommes se rassemblèrent derrière. Les troupes
personnelles de mon père, ses meilleurs soldats, étaient devant, suivies des
bandes des thanes [2] . Ces derniers étaient des hommes importants,
seigneurs de vastes terres, et certains possédaient leurs propres forteresses.
C’étaient des hommes qui partageaient la table
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