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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton
Autoren: Matilde Asensi
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inutiles, mangées par la vermine, elles finissent en bois de chauffe dans les cheminées des soldats. Donc cette croix que j’avais devant moi n’était pas la vraie croix du Christ. En revanche, il s’agissait bien de celle qu’avait trouvée sainte Hélène en 326 sur une colline de Jérusalem, sous le temple de Vénus. Cette croix, découpée en morceaux, avait reçu l’amour et l’adoration de millions de personnes au fil des siècles. Elle était la croix qui avait donné naissance aux stavrophilakes, et nous avait unis, Farag, le merveilleux Farag, et moi.
    En retournant dîner au Basileion, les lumières qui éclairaient la ville baissèrent d’intensité et créèrent une nuit artificielle qui avait son charme. Tout le monde rentra précipitamment chez soi et nos hôtes nous dirent au revoir devant la grande porte d’accès au palais, qui demeurait toujours ouverte.
    Glauser-Röist et Khutenptah se fixèrent rendez-vous pour le lendemain matin dans les vergers, et Ufa laissa un cheval au capitaine pour qu’il puisse s’y rendre. Ce dernier avait été très impressionné par l’affaire des résines sucrées – et, à mon avis, par la belle Khutenptah, mais je gardai cela pour moi –, et il voulait étudier le sujet. Du moins c’est ce qu’il prétendit. Gete offrit de nous montrer, à Farag et moi, de nouveaux aspects et lieux de la ville.
    Le dîner se déroula plus calmement, dans une pièce différente, plus petite et plus accueillante que la grande salle. Le vieux Caton fit à nouveau office d’amphytrion, avec pour seule compagnie Ahmose, qui était une de ses filles, et Darius, chargé de l’administration et canonarque 30 du temple de la Croix. Une musique servit d’accompagnement et Candace se chargea de nous servir.
    La conversation fut intense et compliquée. J’essayai de mettre en pratique ce que j’avais appris sur les saveurs et les odeurs. Je compris que, pour distinguer tant de détails et en profiter, il fallait manger et boire tout doucement, comme le faisaient mes hôtes. Ce qui me demandait un effort surhumain car j’étais habituée à manger rapidement. Je fus ravie d’une nouvelle boisson qu’ils nous offrirent et que l’on ne prenait que de nuit, l’ eukras, une délicieuse décoction de piment, de cumin et d’anis.
    Caton voulait connaître nos projets et nous interrogea. Pour Farag et moi, il était clair que nous voulions remonter à la surface, mais le capitaine hésitait, contrairement à toute attente.
    — J’aimerais rester encore un peu, dit-il. Il y a tant de choses à apprendre ici.
    — Mais, capitaine, m’inquiétai-je, nous ne pouvons pas rentrer sans vous ! Vous avez oublié que la moitié des Églises dans le monde attendent de nos nouvelles !
    — Kaspar, vous devez rentrer avec nous, insista Farag, très sérieux. Vous travaillez pour le Vatican, je vous le rappelle. Vous devez affronter la situation.
    — Et vous allez nous dénoncer ? demanda doucement Caton.
    La question était très grave. Comment respecter le secret des stavrophilakes si au retour nous étions soumis à un interrogatoire en règle de monseigneur Tournier et du cardinal Sodano ? Nous ne pouvions pas apparaître brusquement et dire que nous avions joué aux cartes depuis notre disparition d’Alexandrie, dix-sept jours auparavant.
    — Bien sûr que non, s’empressa de répondre Farag, mais vous allez devoir nous aider à trouver une histoire convaincante.
    Caton, Ahmose et Darius éclatèrent de rire, comme si c’était la chose la plus facile du monde.
    — Je m’en charge, professeur, dit soudain Glauser-Röist. N’oubliez pas que c’est ma spécialité. Le Vatican lui-même s’est chargé de me l’apprendre.
    — Revenez avec nous, le suppliai-je en le regardant fixement.
    Mais l’évocation de son travail au Vatican paraissait avoir attisé son désir de rester au Paradeisos. Son expression de fermeté s’accentua.
    — Pas pour le moment, professeur, dit-il. Je n’ai pas envie de continuer à dissimuler les agissements délictueux de l’Église. Je n’ai jamais aimé le faire et l’heure est venue pour moi de changer de métier. La vie m’offre une opportunité et je serais bien idiot de ne pas en profiter. Je vais rester, en tout cas pendant un certain temps. Il n’y a rien au-dehors qui m’intéresse, et j’ai envie de passer quelques mois à travailler les cultures avec Khutenptah.
    — Mais qu’allons-nous dire ? Comment
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