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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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on entre en religion : la révélation !
    Cinquante-trois minutes plus tard, après la plus belle, la plus intense et la plus sensuelle de ses aventures amoureuses, il capitulait :
    — Comtesse Volterri, je suis ton esclave !
    — Et moi la tienne!
    On comprend mieux, ainsi, que les occupations annexes de Pontecorvo lui permirent d'attendre avec moins d'impatience que les autres la bataille finale.
    ***
    Le froid atteignait des excès négatifs sans précédent de mémoire d'homme, oscillant depuis une semaine entre moins huit et moins vingt.
    Hautain avait rejoint Pégase dans la petite écurie agrandie par deux charpentiers des Opérations Spéciales tandis que Scrub passait son temps devant la cheminée de la petite maison d'Auteuil.
    Là aussi on était impatient d'en finir avec Von Ploetzen mais pareil en cela à Pontecorvo et à la comtesse Volterri, on passait beaucoup de temps à s'aimer. Peut-être parce qu'ils étaient jeunes encore et que la vie leur semblait merveilleuse, toujours est-il que la chambre leur paraissait un endroit enchanteur avec ses dizaines de bougies, les rubans de couleur agencés en rosettes par les mains habiles de Bamberg et qu'il accrochait aux murs avec des branches de sapin très vertes et très parfumées.
    Le froid lui-même devenait un jeu car on s'en protégeait en dressant dans le lit une sorte de tente sous les couvertures, n'en émergeant que lorsque l'air venait à manquer. On lisait le même livre à quatre mains, on se parlait des nuits entières et on se serrait l'un contre l'autre pour résister à ce froid polaire qui tuait des milliers de gens, décimait les troupeaux et gelait les oiseaux en plein vol. Ils changeaient, mais ensemble, ayant l'impression de ne former plus qu'un.
    Cette nuit-là, les braises rougissaient en la cheminée tels des rubis. Et comme le vent glacé soufflait en tempête en arrachant des branches et faisant grincer toute la charpente de la petite maison, le général qui en aurait ri quelques mois plus tôt improvisa un poème pour sa bien-aimée qu'il serrait en ses bras :
    « Comment jamais oublier
    Ta bouche fraîche
    Ta taille ferme
    Et la douceur de ta peau ?
    Comment jamais oublier
    Que tu es pêche,
    Que je t'aime,
    Et que le monde est beau ? »
    Elle l'embrassa avec fougue et s'émerveilla qu'il portât en lui tant d'aspects différents.
    1 Voir Les Foulards rouges, Lattès.

72.
    À dix heures, en ce matin glacé, une forte troupe approchait du petit village de Torcy.
    Le plus anxieux, parmi ces hommes, était celui qui avait le plus concouru par son travail à en arriver là : le baron de Mortefontaine.
    Le tout premier, il émit l'hypothèse que le très puissant aristocrate prussien se trouvait bloqué en France contre sa volonté. Il en voulait pour preuve que rentré en son pays, Von Ploetzen n'eût pas manqué de faire savoir à toute l'Europe couronnée qu'il venait de signer un bel exploit en échappant au roi de France. Or, d'Allemagne, n'arrivait qu'un lourd silence.
    Risquant gros, Mortefontaine dégarnit l'ouest et le sud du royaume des lys de ses meilleurs éléments pour un contrôle sévère des régions du nord-est et une ceinture serrée des environs de Paris.
    Il justifiait pareil choix par la connaissance qu'il pensait avoir du caractère du Grand Maître des Teutoniques. Un homme rusé, lui-même ou Pontecorvo, se fût joué des services de surveillance en choisissant la solution qu'on attendait le moins. Par exemple, pour gagner la Baltique, embarquer à... Bordeaux ! Le retour au pays eût été long et fastidieux mais c'eût été la certitude de revoir les tours de Kônigsberg.
    Telle n'était point la nature de Von Ploetzen trop mal formé par la vie, par sa situation, habitué à être satisfait sur l'instant, à aller droit aux gens comme aux choses, ignorant la patience, s'irritant du détour et méprisant la ruse.
    Parti sur pareille piste, Mortefontaine n'eut dès lors de cesse de construire une hypothèse des plus solide. Le premier des « guides », souvent d'anciens militaires, chargé d'acheminer Von Ploetzen en Prusse avait failli pour une raison qu'il importait assez peu de connaître.
    Le premier « passeur », trop sûr de lui, fut arrêté à Épernay mais parvint à s'empoisonner tout aussitôt. Le second, plus habile, fit un détour par Bar-sur-Aube avant d'être capturé à Provins mais, hélas pris en main par un lieutenant trop zélé, il mourut sous la torture. Le troisième, repéré
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