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Le Code d'Esther

Le Code d'Esther

Titel: Le Code d'Esther
Autoren: Bernard Benyamin , Yohan Perez
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tribunal céleste devant lequel se tient l’âme du disparu. Vous imaginez la responsabilité des fils après la mort de leurs parents ? S’ils ne récitent pas le Kaddish consciencieusement, ils risquent de retarder la montée au Ciel de leur père ou de leur mère. Et pas question d’invoquer une réunion de travail, un contrat à signer ou plus prosaïquement une fatigue en fin de journée : votre absence met en péril l’âme de vos géniteurs. Paniqué, je me mis à la recherche d’une synagogue proche de mon domicile qui puisse accueillir mon Kaddish et ainsi sauver de l’oubli l’âme de ma mère.
    Internet fut mon sauveur. En quelques minutes, il me fournit l’adresse d’un temple à une centaine de mètres de chez moi ! Je m’y rendis en repérage, non sans une certaine appréhension. C’était un édifice « Eiffel », avec ses arches et assises en acier typiques du génial constructeur du monument le plus emblématique de Paris. À l’intérieur d’une cour, nichée à l’arrière de l’édifice, se tenait la synagogue, défendue par un imposant portail en bois massif, et dont la façade ne comportait qu’un seul indice sur la fonction du bâtiment, une mezouzah , rouleau renfermant un extrait des Saintes Écritures et censé protéger le lieu.
    La peur au ventre, je me décidai à pousser la porte. L’entrée était déserte. Quelques photos tapissaient les murs, souvenirs de cérémonies qui s’étaient déroulées dans l’enceinte de la synagogue, ainsi qu’un tableau fixant les heures de prières en fonction du lever et du coucher du soleil. Au fond du hall, un portemanteau mis sans doute à la disposition des fidèles mais auquel nul vêtement n’était accroché. À gauche, une salle tapissée de livres où trônait une immense table au bout de laquelle se trouvait un homme assis que j’allai interrompre dans son étude.
    « Excusez-moi… »
    L’homme redressa la tête. Âgé d’une quarantaine d’années, il était brun avec une barbe qui lui mangeait le visage, vêtu d’un costume sombre et d’une cravate bleue. Je me souviens d’avoir pensé à ce moment-là : « Mais qui, à notre époque, porte encore des cravates, en dehors des hommes politiques et des présentateurs du journal de 20 heures ? » Et, dans la foulée : « Ça ne peut être que le rabbin. »
    « Excusez-moi, repris-je d’une voix mal assurée, je suis bien dans une synagogue ?
    — Mieux que ça, répondit-il en souriant, vous êtes ici chez vous ! »
    Ce n’était rien, un mot, une formule de politesse, un peu de gentillesse, mais cette entrée en matière me fit monter les larmes aux yeux. J’étais encore fragile, je le savais, et je devais me méfier de la moindre émotion, mais je commençais à penser que je n’avais pas eu tort de pousser la lourde porte en bois. Je lui expliquai la raison de ma présence, le décès de ma mère, le Kaddish, etc. ; et ma volonté de faire partie, pour un temps, de sa communauté. Il s’approcha de moi et, de façon inattendue, il me prit dans ses bras, me présenta ses condoléances en m’assurant que je trouverais là toute l’aide nécessaire à l’accomplissement des rites liés à la mort d’un parent. Il me questionna aussi pour savoir qui j’étais, d’où je venais, ce que j’attendais de lui avant de m’inviter à prendre place dans la synagogue contiguë à son bureau.
    « L’office ne commencera que dans un quart d’heure, me dit-il, mais venez, je vais vous présenter aux fidèles déjà présents. »
    La salle était bien de facture Eiffel, avec ses arches d’acier qui la traversaient de part en part. À peine avait-on ajouté un faux plafond blanc duquel descendait un immense lustre dominant la pièce. Sur la gauche, l’autel où devait officier le rabbin ; face à lui, l’endroit renfermant les rouleaux de la Loi, que protégeaient de lourds rideaux de velours ocre, et, entre les deux, des bancs en bois se faisant face qui pouvaient accueillir 200 à 300 personnes. Aucun luxe ostentatoire, une certaine rigueur dans l’agencement tempérée par la lumière, douce, qui entrait par les vitraux. Il y avait là Samuel Toledano, vaillant octogénaire originaire de Meknès, véritable puits de science en matière liturgique. Je rencontrai aussi deux jeunes hommes d’une vingtaine d’années que le rabbin me présenta comme les deux voix d’or de la synagogue. D’autres encore dont j’ai
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