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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie
Autoren: Colleen McCullough
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bouclés me tournait le dos. La tête penchée en arrière, elle priait.
    D’autres hommes arrivèrent pour défendre Priam, je les accueillis avec mépris ; certains portaient les insignes des fils de Priam, ce qui m’excita davantage. Je les tuai jusqu’à ce qu’il n’en restât plus qu’un, un adolescent. Ilios, peut-être ? Peu importait qui il était. Quand il essaya de m’attaquer, je lui arrachai son épée sans peine, puis saisis ses longs cheveux dénoués de la main gauche, après avoir posé mon bouclier. Il se débattit, martela de ses poings mes cnémides quand je le renversai sur le dos et le traînai jusqu’au pied de l’autel. Priam et Hécube s’accrochaient l’un à l’autre ; la jeune femme ne se retourna pas.
    — Voici ton dernier fils, Priam ! Regarde-le mourir !
    Je mis mon talon sur la poitrine du jeune homme, le soulevai par les épaules, puis lui fracassai le crâne du plat de ma hache. Priam sembla me remarquer pour la première fois et se leva d’un bond. Tout en regardant son dernier fils, il essaya de saisir une lance posée contre l’autel. Sa femme tenta de l’en empêcher, hurlant comme une louve.
    Mais il ne parvint même pas à gravir les marches. Il trébucha et s’écroula à mes pieds, le visage entre les bras. Son cou s’offrait à ma hache, la vieille lui étreignait les cuisses, la jeune femme qui s’était enfin retournée le regardait, pleine de compassion. Je levai ma hache. Je calculai mon geste pour frapper au bon endroit. La lame s’abattit en décrivant une courbe magnifique. En ce moment d’exaltation, j’eus l’impression d’être le prêtre qui sommeille dans le cœur des hommes destinés à devenir rois. La hache de mon père accomplit sa besogne à la perfection. Une large entaille apparut dans le cou de Priam, sous ses cheveux gris argent. La lame rencontra alors la pierre et la tête sauta en l’air. Troie était morte. Son roi était mort comme mouraient les rois au temps de l’ancienne religion, la tête tranchée. Quand je me retournai, il n’y avait plus que des Grecs dans la cour d’Apollon.
    — Trouve une salle que tu puisses fermer à clef, ordonnai-je à Automédon, puis reviens ici et conduis-y les deux femmes.
    Je gravis les marches de l’autel et m’adressai à la jeune femme d’une grande beauté.
    — Ton roi est mort et désormais tu m’appartiens. Qui es-tu ?
    — Andromaque de Cilicie, la veuve d’Hector, répondit-elle d’une voix ferme. Laisse-moi voir mon fils.
    — Il ne saurait en être question, répliquai-je en secouant la tête.
    — Je t’en prie, insista-t-elle, d’une voix posée.
    Ma colère tomba. J’eus pitié d’elle. Agamemnon ne permettrait pas au garçon de vivre. Il avait donné l’ordre d’exterminer la maison de Priam tout entière. Automédon revint. On emmena les deux femmes.
     
    Je quittai la cour et explorai le dédale des couloirs, ouvrant chaque porte et jetant un coup d’œil dans chaque pièce pour voir s’il restait des Troyens à tuer. Mais je n’en avais trouvé aucun lorsque j’atteignis le périmètre extérieur.
    J’ouvris une dernière porte : un homme de forte carrure, couché sur un lit, était profondément endormi. J’entrai à pas feutrés, me penchai vers lui en tenant ma hache près de son cou, puis le secouai violemment par l’épaule. De toute évidence encore ivre, il gémit, puis reprit soudain vie quand il aperçut un homme qui portait l’armure d’Achille. La proximité de la hache l’empêcha de bondir pour saisir son épée. Il me lança un regard furieux.
    — Qui es-tu ? demandai-je en souriant.
    — Énée de Dardanie.
    — Eh bien ! Tu es mon prisonnier, Énée. Je suis Néoptolème.
    Une lueur d’espoir illumina ses yeux.
    — Alors, tu ne vas pas me tuer ?
    — Pourquoi le ferais-je ? Tu es simplement mon prisonnier. Si les Dardaniens t’estiment assez pour payer la rançon exorbitante que je me ferai fort d’exiger d’eux, tu seras libre. C’est une récompense, car tu t’es parfois montré généreux à notre égard dans la bataille.
    La joie explosa sur son visage.
    — Alors je serai roi de Troie !
    — Quand ta rançon sera payée, Énée, il n’y aura plus de Troie à gouverner. Nous allons raser la cité et vendre ses habitants comme esclaves. Tu n’auras rien de mieux à faire qu’émigrer. Debout ! ajoutai-je en posant ma hache, tu vas me suivre, nu et enchaîné.
    Il gronda, mais s’exécuta
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