Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
désirs et les vœux étaient différens, ressemblait à un de ces calmes solennels qui souvent précèdent le choc des élémens, et qui sont bien connus pour être les présages de quelque terrible convulsion de la nature. Tous les animaux, suivant leurs instincts divers, expriment leur sentiment de la tempête qui approche ; les troupeaux, les daims et les autres habitans des forêts se retirent dans leurs retraites les plus profondes ; les brebis s’empressent de regagner leur parc ; et la lourde stupeur de toute la nature, soit animée soit inanimée, présage qu’elle se réveillera bientôt par un bouleversement et un choc général, quand l’éclair livide sifflera de manière à répondre dignement aux roulemens du tonnerre.
    C’était ainsi que, plongés dans un profond silence, ceux qui s’étaient rendus à l’église en armes à l’appel de Douglas épiaient et attendaient à chaque instant un signal d’attaque, tandis que les soldats de la garnison anglaise, convaincus des mauvaises dispositions des Écossais à leur égard, croyaient à chaque instant qu’ils allaient entendre le cri bien connu de « arcs et bills ! » donner le signal d’un combat général ; et les deux partis, se regardant l’un l’autre avec fierté, semblaient préparés à la lutte fatale.
    Malgré la tempête qui paraissait à chaque moment prête à éclater, l’archevêque de Glasgow continuait de s’acquitter avec la plus grande solennité des cérémonies particulières à la fête ; il s’arrêtait de temps à autre pour regarder la multitude, comme calculant si les turbulentes passions de ceux qui l’entouraient pourraient être contenues assez long-temps pour qu’il lui fût possible de remplir jusqu’au bout ses fonctions d’une manière convenable au lieu et à la circonstance. Le prélat venait enfin d’achever l’office, lorsqu’une personne, s’avançant vers lui d’un air solennel et sombre, demanda au révérend père s’il ne pourrait pas consacrer quelques instans à porter ses consolations spirituelles à un homme qui gisait mourant des suites d’une blessure, non loin de là.
    L’ecclésiastique acquiesça tout de suite à cette demande, au milieu d’un silence morne qui, lorsqu’il examinait les sourcils froncés d’une partie au moins des assistans, lui faisait craindre que cette fatale journée ne finît pas d’une manière paisible. Le père fit signe au messager de lui montrer le chemin et alla remplir son devoir, accompagné de quelques hommes qui passaient pour être partisans de Douglas.
    Il y eut alors quelque chose de très frappant, sinon de suspect, dans l’entrevue qui se passa. Sous une voûte souterraine était déposé le corps d’un homme grand et vigoureux, dont le sang coulait en abondance par deux ou trois larges blessures, et se répandait sur les bottes de paille qui lui servaient de lit, tandis que ses traits exprimaient un mélange de courage et de férocité, qui semblait même prêt à se changer en une expression plus sauvage.
    Le lecteur aura sans doute déja pensé que le personnage en question n’était autre que Michel Turnbull qui, blessé dans la rencontre du matin, avait été laissé par quelques uns de ses amis sur la paille qu’on lui avait arrangée en forme de lit, pour y vivre ou y mourir, comme il plairait à Dieu. Le prélat, dès son entrée sous la voûte, ne perdit pas de temps à appeler l’attention du blessé sur l’état de ses affaires spirituelles, et à lui administrer les secours que l’église ordonne de donner aux pécheurs mourans. Les paroles qu’ils échangeaient ensemble avaient ce caractère grave et sévère que doit avoir la conversation d’un père spirituel et d’un pénitent, quand tout un monde disparaît aux yeux du pécheur, et qu’un autre monde se développe devant lui dans toutes ses terreurs, et crie à l’oreille du coupable le châtiment que les actions qu’il a faites durant sa vie mortelle doivent nécessairement le porter à attendre. C’est un des plus solennels entretiens que puissent avoir ensemble deux êtres de la terre, et le caractère intrépide de cet habitant de la forêt de Jedwood aussi bien que l’expression bienveillante et pieuse du vieil ecclésiastique augmentaient beaucoup le caractère touchant de cette scène.
    « Turnbull, dit l’homme de Dieu, j’espère que vous me croirez si je vous dis que le cœur me saigne de vous voir amené dans un tel état par des
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher