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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX
Autoren: Walter Scott
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l’usage dans son pays, d’une hache de Jedwood, qui est, ainsi que le nom l’indique, l’arme offensive propre à ce pays ? »
    « Le crime de meurtre, répondit l’évêque, ne consiste pas dans l’arme avec laquelle le crime est commis, mais dans le mal que le meurtrier fait à son semblable, et dans le désordre qu’il introduit au sein de la création paisible et régulière du roi des cieux ; et c’est en vous repentant de ce crime que vous pouvez plus spécialement espérer fléchir le ciel irrité de vos offenses, et en même temps échapper aux conséquences qu’aura, suivant les saintes Écritures, pour celui qui l’aura versé, l’effusion du sang. »
    « Mais, bon père, répliqua le blessé, vous savez aussi bien que personne que, dans cette compagnie et même dans cette église, il y a des vingtaines d’Écossais et d’Anglais sur le qui-vive, qui ne sont pas tant venus ici pour remplir les devoirs religieux de ce jour, que littéralement pour s’arracher la vie les uns aux autres, et donner un nouvel exemple de l’horreur des guerres que se font l’une à l’autre les deux portions de la Bretagne. Quelle conduite doit donc tenir un pauvre homme comme moi ? Ne dois-je pas lever contre l’Anglais cette main que je puis encore, ce me semble, rendre passablement redoutable… ou faut-il, pour la première fois de ma vie, que j’entende pousser le cri de guerre et que mon épée ne prenne point sa part de carnage ? Il me semble qu’il me serait difficile, peut-être tout-à-fait impossible de m’y résoudre ; mais si telle est la volonté du ciel et votre avis, très révérend père, il vaut incontestablement mieux que je cède à vos conseils, comme à ceux d’un homme qui a l’autorité et le droit de nous tirer d’embarras dans les occasions critiques, ou, comme l’on dit, dans le cas de conscience. »
    « C’est indubitablement mon devoir, répliqua l’archevêque, comme je vous l’ai déja dit, de ne pas donner lieu en ce jour à ce qu’il y ait effusion de sang ou infraction de paix ; et je dois vous recommander, comme à mon pénitent, sur le salut de votre ame, de ne pas occasioner ces deux grands malheurs, soit personnellement soit en excitant les autres à le faire ; car, en suivant une autre route, vous et moi, j’en suis certain, nous agirions d’une manière indigne et coupable. »
    « Je tâcherai de penser ainsi, révérend père, répondit le chasseur : néanmoins j’espère qu’au ciel on se rappellera en ma faveur que je suis le premier homme portant le surnom de Turnbull, ainsi que le propre nom du prince des archanges lui-même, qui ait jamais été capable de supporter l’affront de voir un Anglais tirer une épée en sa présence, sans avoir été par là provoqué à dégainer aussi la sienne et à courir sur lui. »
    « Prenez garde, mon fils, répliqua le prélat de Glasgow, et remarquez qu’en ce moment même vous n’êtes pas fidèle aux résolutions que vous venez tout-à-l’heure de prendre, après de sérieuses et justes considérations. Ne ressemblez donc pas, ô mon fils ! à la truie qui s’est vautrée dans la houe, et qui, après avoir été lavée, court se souiller de nouveau, et revient plus sale qu’elle n’était auparavant. »
    « Eh bien ! révérend père, repartit le blessé, quoiqu’il semble presque contre nature que des Écossais et des Anglais se rencontrent sans faire un échange de coups, je tâcherai néanmoins très sincèrement de ne fournir aucune occasion de querelle, et, s’il est possible, de ne pas saisir celles qui pourront m’être fournies par d’autres. »
    « En agissant ainsi, répliqua l’évêque, vous réparerez au mieux la violation que vous avez commise à la loi de Dieu. En d’autres occasions, vous empêcherez toute cause de querelle entre vous et vos frères du Sud, et vous échapperez à cette tentation de répandre le sang, si commune à notre époque et à notre génération. Et ne pensez pas que je vous impose, par ces admonitions, un devoir plus difficile qu’il ne faut pour que vous l’accomplissiez comme homme et comme chrétien. Je suis moi-même homme, Écossais, et, comme tel, je me sens offensé de l’injuste conduite des Anglais envers notre patrie et notre souverain ; et pensant comme vous pensez, je sais combien vous devez souffrir quand vous êtes obligé de vous soumettre à des insultes nationales sans vengeance ni représailles. Mais ne nous
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