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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2
Autoren: Mireille Calmel
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propres cuisses? Ne risquait-elle pas de l'éveiller? Elle coinça sa main libre entre ses jambes et la remontant à l'extrême emprisonna la chemise entre ses chairs humides. Elle mordit sa lèvre pour ne pas gémir, l'œil caressant ce corps tant convoité qu'elle persistait à s'interdire, debout mais vacillante dans la lumière de la chandelle qui se mourait. Le bougeoir empli de cire brûlante en son déversoir trembla entre ses doigts crispés.
    Quelques gouttes se cristallisèrent dans le nombril d'Algonde qui sursauta. Embrumée de sommeil, elle ouvrit les yeux. Les remplit du désir interdit de Philippine au-dessus d'elle. Le sien s'enflamma.
    Philippine se sentit honteuse de cette fièvre qui la tenait et contre laquelle elle ne pouvait plus rien, tant d'en avoir été surprise l'excitait plus encore. Elle jouit dans un long feulement, la tête en arrière et les yeux révulsés. Le bougeoir lui échappa, noyant la flamme dans sa chute.
    Sans même avoir conscience de ce qu'elle faisait, dans l'obscurité qui les enveloppait à présent, Algonde prit la main de Philippine et l'attira vers elle.

5
    Almeïda dormait encore lorsque Djem s'étira, les paupières gonflées par sa nuit trop courte. Comme en son enfance, lorsque son frère prenait un malin plaisir à lui raconter qu'il aurait la tête tranchée, son sommeil s'était émaillé de rêves ténébreux. Djem s'était revu au tout début de sa guerre, avançant à cheval dans la grand-rue de Brousse, en Anatolie, la gorge prise d'une méchante purulence qui lui faisait expectorer des crachats sanglants. Refusant la prudence et contre l'avis de ses médecins, il avait surmonté sa fièvre pour rejoindre son armée. Se frayant un passage jusqu'à sa monture qui avançait mollement au pas tant il avait de difficulté à se tenir en selle, une vieille femme l'avait accosté par le travers et s'était accrochée à son pied. Malgré ce mal qui le tenait, Djem avait tiré sur la bride. Elle lui avait tendu une fiole de verre bleu recouverte d'une dentelle de fils d'argent.
    — Tiens bon, prince. Quelques gouttes de cet élixir et tu seras guéri. Quelques gouttes seulement. Le reste est précieux. Il te sauvera un jour du poison qu'on fera couler en toi.
    — Et qui voudrait m'empoisonner, à part toi, peut-être ? avait-il demandé d'une voix éraillée par la douleur.
    — Ton frère, Bayezid.
    C'était le regard surtout, d'un bleu semblable au sien, qui l'avait décidé. Il avait décroché sa bourse de sa ceinture.
    — Combien en veux-tu, sorcière ?
    — Je te le cède contre une promesse. Une promesse qui ne te coûtera rien, mais aura pour moi une valeur inestimable.
    — Je t'écoute.
    — Regarde ce flacon. En as-tu jamais vu de semblable ?
    Djem avait secoué la tête.
    — Conserve-le précieusement près de toi, où que tu ailles, quoi que tu fasses, et même lorsqu'il aura fini son usage. Un jour viendra où je te le réclamerai. Ce jour-là, si tu me le remets, ton trône te reviendra.
    Djem avait donné sa parole. Quelques secondes seulement après avoir avalé l'élixir, sa gorge avait désenflé, sa fièvre était tombée et il avait pu cravacher sa monture en laissant la vieille femme derrière lui. Depuis, fidèle à son serment, il gardait la fiole dans un coffret tout au fond d'une de ses malles, car les événements avaient donné raison à la sorcière. Bayezid cherchait à l'assassiner et Djem ne doutait pas qu'il y parvînt un jour.
    Le jeune prince se gratta le crâne, mal à l'aise. Pourquoi avait-il revécu cette scène en rêve ? Il ne se l'expliquait pas mais éprouva soudain le besoin de toucher le flacon, comme une preuve tangible du pouvoir que l'élixir détenait de le sauver encore. Il se leva. Almeïda gémit dans son sommeil. Se retournant dans le lit, elle en investit l'espace. À la lueur des flammes qui végétaient encore dans l'âtre, Djem se dirigea à pas de loup vers le fond de la pièce. Derrière un double rideau de velours marqué aux armes du seigneur du lieu se trouvaient une dizaine de grands coffres de cuir cerclés de fer. Une petite fenêtre s'ouvrait au-dessus d'eux. Djem écarta discrètement le volet intérieur. Une lumière blanche, aveuglante l'obligea à plisser les paupières. Il en reconnut aussitôt la provenance. La neige avait dû tomber durant la nuit. Sans s'en préoccuper, il releva le couvercle de la malle qui l'intéressait et s'accroupit. D'une main sûre, il écarta les
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