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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée
Autoren: Bernard Cornwell
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d’une dizaine d’autres forfaits, ce
qui était assez exact, mais j’étais toujours en vie. Il me jeta un regard
méprisant avant de s’éloigner à grands pas dans la boue, manifestement pour s’assurer
que les nonnes du couvent de Coccham n’étaient ni grosses d’enfant, ni ivres, ni
heureuses.
    Alfred, suivi d’Egwine, qui commandait
désormais sa garde, et de six de ses hommes, longea mes nouveaux remparts. Il
jeta un coup d’œil au navire d’Ulf sans piper mot. Je savais que je devais lui
annoncer que Lundene avait été prise, mais je décidai d’attendre qu’il m’interroge.
Pour le moment, il se satisfaisait d’inspecter mes travaux, auxquels il ne
trouva rien à redire, comme il s’y attendait. Le burh de Coccham était de loin
le plus avancé de tous. Le fort suivant sur la Temse, à Welengaford, était à
peine commencé, tandis que les murailles d’Oxnaforda s’étaient effondrées dans
leur fossé après une semaine de violentes pluies peu avant Yule. En revanche, le
nôtre était presque achevé.
    — On me dit que la fyrd rechigne à
travailler, observa le roi. Cela n’a-t-il pas été le cas ici ?
    La fyrd, c’était l’armée, levée dans le comté.
Non seulement elle construisait les burhs mais elle les garnissait.
    — La fyrd est de très mauvaise volonté, seigneur,
dis-je.
    — Pourtant, tu as presque terminé ?
    — J’ai pendu dix hommes, souris-je. Et
cela a donné du courage aux autres.
    Il s’arrêta pour regarder en aval. Des cygnes
ornaient le paysage. Il avait le visage plus pâle et plus ridé. Il paraissait
malade, mais Alfred de Wessex ne se portait jamais bien. Il souffrait du ventre
et des boyaux, et je le vis grimacer de douleur.
    — J’ai ouï dire, reprit-il, glacial, que
tu les as pendus sans leur offrir un procès ?
    — En effet, seigneur.
    — Il y a des lois en Wessex, me
réprimanda-t-il.
    — Et si le burh n’est point bâti, il n’y
aura plus de Wessex.
    — Tu aimes me défier.
    — Non, seigneur, j’ai prêté serment et je
fais ce que tu m’ordonnes.
    — Et tu pends des hommes sans les faire
comparaître, répliqua-t-il. Un roi doit apporter la justice, seigneur Uhtred. Telle
est sa tâche. Et si une terre n’a point de roi, comment aurait-elle de loi ?
    Il m’éprouvait et je m’alarmai un instant. Je
pensais qu’il était venu se renseigner sur ce qu’Æthelwold m’avait dit, mais qu’il
évoque la Mercie privée de roi indiquait qu’il savait déjà de quoi nous avions
parlé.
    — Il y a des hommes, poursuivit-il en
fixant la rive mercienne, qui aimeraient être rois de Mercie… Mon neveu
Æthelwold ?
    J’éclatai d’un rire trop visiblement soulagé.
    — Æthelwold ! m’exclamai-je. Il ne
veut point être roi de Mercie. Il veut ton trône, seigneur.
    — C’est ce qu’il t’a dit ?
    — Bien sûr. Il le dit à tout le monde !
    — Est-ce pour cela qu’il est venu te voir ?
demanda Alfred, incapable de retenir plus longtemps sa curiosité.
    — Il est venu pour acheter un cheval, seigneur,
mentis-je. Il veut mon étalon, Smoca, et j’ai refusé.
    La robe de Smoca était d’un mélange peu commun
de gris et de noir, d’où son nom qui signifiait « fumée ». Il avait
remporté toutes les courses et ne craignait rien : hommes, boucliers, armes
et bruits. J’aurais pu le vendre à n’importe quel guerrier du pays.
    — Et il a parlé de son désir d’être roi ?
insista Alfred, soupçonneux.
    — Bien sûr que oui.
    — Tu ne m’en as pas informé sur le moment,
me reprocha-t-il.
    — Si je t’informais chaque fois qu’Æthelwold
parlait de trahison, tu n’entendrais que moi. Ce que je te dis à présent, c’est
que tu devrais lui trancher le cou.
    — C’est mon neveu, répondit Alfred avec
raideur. Il est de sang royal.
    — Sa tête peut être coupée comme celle de
n’importe qui.
    Il balaya cette idée de la main.
    — Je songeais à le faire roi de Mercie, dit-il.
Mais il perdrait le trône.
    — Certes.
    — Il est faible, dit Alfred avec mépris. Et
la Mercie a besoin d’un souverain à poigne. Qui sache faire peur aux Danes.
    J’avoue qu’en cet instant je crus qu’il
parlait de moi et je fus prêt à le remercier, même à tomber à genoux et baiser
sa main, mais c’est alors qu’il précisa :
    — Ton cousin, je pense.
    — Æthelred ! m’écriai-je, incapable
de dissimuler mon mépris.
    Mon cousin était un petit crétin imbu de sa
personne,
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