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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke
Autoren: Arthur Conan Doyle
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a
une grosse branche qui passa par-dessus le mur de clôture. Grimpez
sur cette branche et laissez-vous tomber de l'autre côté. Vous y
trouverez mon valet qui vous attend avec votre cheval. Et en selle,
jouez de l'éperon, en toute hâte, avec la vitesse de la poste, dans
la direction du Sud. Quand il fera jour, vous devrez vous trouver
en dehors du terrain dangereux.
    – Mon épée ! demandai-je.
    – Tout ce qui vous appartient est ici. Redites
à Monmouth ce que je vous ai dit et faites lui savoir que je vous
ai traité avec toute la bienveillance possible.
    – Mais que dira le Conseil de Votre Grâce, en
apprenant ma disparition ?
    – Peuh ! mon garçon, ne vous mettez pas
en peine de cela. Je partirai pour Bristol dès la pointe du jour et
je donnerai à mon conseil assez de sujets de réflexions pour qu'il
n'ait pas le loisir de songer à ce que vous êtes devenu. Les
soldats ne verront là qu'un autre exemple de l’intervention du Père
du Mal, qui depuis longtemps passe pour être épris de cette cellule
au-dessous de nous. Sur ma foi, si tout ce qu'on raconte est vrai,
il s'y est passé assez de choses horribles pour faire sortir tout
ce qu'il y a de diables dans l'abîme. Mais le temps presse. Passez
sans bruit par la fenêtre. C'est cela ! Rappelez-vous le
message.
    – Adieu, Votre Grâce, répondis-je.
    Et, saisissant la corde, je me laissai glisser
à terre rapidement, sans bruit.
    Alors il la remonta et ferma la fenêtre.
    Lorsque je regardai autour de moi, mon regard
tomba sur la fente étroite qui s'ouvrait sur ma cellule et à
travers laquelle ce brave fermier Brown avait causé avec moi.
    Une demi-heure auparavant, j'étais étendu sur
la couchette de la prison, sans espoir, sans aucune idée
d'évasion.
    Et maintenant me voilà de nouveau au grand
air.
    Nulle main ne s'étend pour m'arrêter.
    Je respire librement.
    Prison et potence ont également disparu, comme
de mauvais rêves qu'on chasse en se réveillant.
    Le cœur, capable de se bien tremper, s'adoucit
grâce à la certitude de la sécurité.
    Aussi j'ai vu un honnête commerçant se
comporter bravement tant qu'il fut convaincu que sa fortune avait
été engloutie par l'Océan, mais perdre toute sa philosophie en
apprenant que la nouvelle était fausse, et que ses biens avaient
traversé le péril sains et saufs.
    Pour ma part, assuré comme je le suis que le
hasard n'a aucune part dans les affaires humaines, je sentais que
j'avais été soumis à cette épreuve pour m'inspirer des pensées
sérieuses, et que j'en avais été tiré afin de pouvoir traduire ces
pensées en actes.
    Comme gage des efforts que je ferais dans ce
but, je me mis à genoux sur l'herbe à l'ombre de la tour des
Botelers, et je priai, afin de devenir en ce monde un homme utile,
d'obtenir le secours nécessaire pour m'élever au-dessus de mes
besoins et de mes intérêts pour concourir à tout ce qui se ferait
de bon ou de noble dans mon temps.
    Il s'est bien passé cinquante ans, mes chers
enfants, depuis le jour ou je courbai mon intelligence devant le
grand Inconnu, dans le parc de Badminton éclairé par la lune, mais
je puis dire sincèrement qu'à partir de ce jour-là jusqu'au jour
présent, les objets, que je m'étais proposés, m'ont servi de
boussole sur les flots sombres de la vie – boussole à laquelle il
m'arrive parfois de ne point obéir – car la chair est faible et
frêle, mais qui du moins a toujours été là, pour que je puisse la
consulter dans les périodes de doute et de danger.
    Le sentier de droite traversait des bosquets
et longeait des pièces d'eau peuplées de carpes pendant un bon
mille.
    J'arrivai enfin à la rangée d'arbres qui
suivait le mur de clôture.
    Je ne vis pas un être vivant sur mon trajet,
excepté une harde de daims qui s'enfuirent comme des ombres légères
sous le clair de lune pâlissant.
    Je me retournai.
    Je vis les hautes tours et les pignons de
l'aile des Botelers se dessiner en noir d'un air menaçant contre le
ciel étoilé.
    J'arrivai au septième arbre.
    Je grimpai sur la grosse branche qui passait
par-dessus la muraille du parc et je me laissai tomber de l'autre
côté, où je trouvai mon bon vieux gris-pommelé m'attendant sous la
surveillance d'un palefrenier.
    Je m'élançai en selle, me ceignis une fois
encore de mon épée et partie au galop, d'un train aussi rapide que
le comportaient quatre jambes pleines de bonne volonté, pour
retourner à mon point de départ.
    Je chevauchai pendant
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