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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke
Autoren: Arthur Conan Doyle
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surprise,
car on venait justement d'apprendre ma situation périlleuse.
    La présence du Roi lui-même ne put empêcher
plusieurs membres et parmi eux les deux vieux soldats de fortune,
de se lever brusquement et de me serrer la main avec chaleur.
    Monmouth dit, lui aussi, quelques mots pleins
de grâce et m'invita à m'asseoir à la table avec les autres.
    – Vous avez conquis le droit de prendre place
dans notre Conseil, dit-il, et pour qu'il ne naisse point de
jalousie parmi d'autres capitaines, en vous voyant au milieu de
nous, je vous octroie présentement le titre spécial de commandant
des éclaireurs, fonction qui n'ajoutera que peu, sinon rien, à
votre tâche actuelle, dans l'état où sont maintenant nos forces,
mais qui vous donnera la préséance sur vos camarades. Nous avons
appris que vous avez été accueilli par Beaufort de la façon la plus
rude et que vous étiez en terrible situation dans ses prisons. Mais
vous êtes arrivé sain et sauf, sur les talons mêmes de l'homme qui
a apporté la nouvelle. Dites-nous ce qui vous est survenu depuis le
premier moment jusqu'à la fin.
    J'aurais voulu me borner à parler de Beaufort
et de son message, mais comme le Conseil semblait désireux
d'entendre tout le récit de mon voyage, je dis en langage aussi
bref, aussi simple que possible, les divers incidents qui m'étaient
arrivés, l'embuscade des contrebandiers, la caverne, la capture de
l'employé de l'Excise, le voyage à bord du lougre, comment j'avais
fait la connaissance du fermier Brown, comment j'avais été jeté en
prison et en avais été délivré, le message que j'étais chargé
d'apporter.
    Tout cela fut écouté par le Conseil avec la
plus grande attention.
    De temps à autre, un juron mal contenu d'un
courtisan, un gémissement et une prière d'un Puritain, montraient
avec quel ardent intérêt on suivait les phases diverses de mon
aventure. Mais ce qui attira le plus l'attention, ce fut le langage
de Beaufort.
    On m'interrompit plus d'une fois quand on
croyait que je passais sur quelqu'une des choses dites ou faites
sans donner le temps de l'apprécier.
    Lorsque je fus enfin arrivé au bout, tout le
monde resta silencieux.
    On se regardait les uns les autres, à attendre
que quelqu'un formulât une opinion.
    – Sur ma parole, dit Monmouth, voici un jeune
Ulysse, bien que son Odyssée n'ait exigé que trois jours pour
s'accomplir. Scudéry ne serait pas aussi ennuyeuse si elle
s'inspirait de cette caverne, de contrebandiers et de ce panneau à
coulisse. Qu'en dites-vous, Grey ?
    – En effet, il a eu sa part d'aventures,
répondit le gentilhomme, et il a accompli sa mission en héraut
intrépide et zélé. Vous dites que Beaufort ne vous a rien donné par
écrit ?
    – Pas un seul mot, Mylord, répondis-je.
    – Et son message confidentiel consistait à
dire qu'il était bien disposé pour nous et qu'il se joindrait à
nous, si nous étions dans son pays.
    – C'était bien le sens de ses paroles,
Mylord.
    – Et cependant, devant son conseil, il a
prononcé des paroles amères contre nous. Il a fait un affront au
Roi et il a traité fort légèrement ses justes appels à la loyauté
de sa noblesse.
    – Il l'a fait, répondis-je.
    – Il voudrait bien se trouver à la fois des
deux côtés de la haie, dit le Roi Monmouth. Un homme de cette sorte
finira probablement par n'être ni de l'un ni de l'autre côté, mais
au milieu des ronces. Il peut cependant se faire que nous ayons
avantage à faire un mouvement de son côté, de manière à lui donner
la possibilité de se déclarer.
    – En tout cas, Votre Majesté se souvient, dit
Saxon, que nous avons décidé de marcher dans la direction de
Bristol et de faire une tentative sur la ville.
    – On s'occupe à fortifier les ouvrages,
dis-je, et il s'y trouve cinq mille volontaires du Comté de
Gloucester. En passant, j'ai vu les ouvriers au travail sur les
remparts.
    – Si nous gagnons Beaufort, nous aurons la
ville, dit Sir Stephen Timewell. Il s'y trouve déjà nombre de gens
pieux et honnêtes, qui se réjouiraient de voir une armée
protestante dans leurs murs. Si nous avions à faire le siège, nous
pourrions compter sur leur concours.
    – Grêle et éclairs ! s'écria le guerrier
allemand avec une impatience que ne pouvait contenir la présence
même du Roi, comment nous parler de sièges et de blocus, alors que
nous n'avons pas même une pièce de siège avec nous.
    – Le Seigneur nous fournira des pièces de
siège, s'écria
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