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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke
Autoren: Arthur Conan Doyle
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de
chaires, chacune ayant son orateur et son petit cercle d'auditeurs
empressés.
    Ici c'était un volontaire de Taunton, en
costume de bure, en bottes montantes et à bandoulière, qui
dissertait sur la Justification par les œuvres.
    Ailleurs un grenadier de la milice, à l'habit
d'un rouge flamboyant, aux buffleteries blanches, s'enfonçait dans
le mystère de la Trinité.
    Sur certains points, où les chaires
improvisées étaient trop rapprochées, les sermons avaient tourné en
une ardente discussion entre les deux prédicateurs, et l'auditoire
y participait par des murmures sourds, des gémissements, et chacun
applaudissait le champion dont les doctrines étaient les plus
conformes aux siennes.
    Ce fut à travers cette scène, rendue plus
frappante encore par la lueur rouge et tremblotante des feux de
bivouacs, que je me frayai passage, le cœur lourd, car je sentais
combien il était vain d'espérer le succès, quand régnait tant de
discorde.
    Quant à Saxon, ses yeux brillaient.
    Il se frottait les mains avec
satisfaction.
    – Le ferment opère, dit-il, et ce ferment
produira des résultats.
    – Je ne vois pas ce qui peut en sortir, si ce
n'est du désordre et de la faiblesse, répondis-je.
    – Il en sortira de bons soldats, mon garçon,
dit-il. Ils sont en train de s'aiguiser, chacun de la façon qui lui
est propre, sur la pierre de la religion. Ces disputes engendrent
des fanatiques, et le fanatique est l'étoffe dont sont fait les
conquérants. N'avez-vous pas entendu dire que l'armée du Vieux Noll
était divisée entre Presbytériens, Indépendants, Antinomiens,
Hommes de la Cinquième Monarchie, Brownistes, et une vingtaine
d'autres sectes, dont les querelles ont créé les plus beaux
régiments qui se soient jamais alignés sur un champ de
bataille.
    Ainsi que le font ceux qui établissent leur foi
    Sur l'épée et le fusil comme texte sacré.
    « Vous connaissez ce distique du vieux
Samuel. Je vous le dis, j'aime mieux les voir occupés à cela qu'à
leur exercice, avec toutes leurs bisbilles et leur vacarme.
    – Mais ce désaccord au Conseil ?
demandai-je.
    – Ah ! cela c'est chose plus grave.
Toutes les religions peuvent se souder ensemble. Mais le Puritain
et le Libertin, c'est comme l'huile et l'eau. Mais le Puritain,
c'est l'huile, car il est toujours en haut. Ces courtisans n'ont en
vue qu'eux-mêmes ; tandis que les autres ont derrière eux
l'élite, le nerf de l'armée. Il est heureux qu'on se mette en
marche demain. Les troupes royales, ainsi quel je l'ai appris,
affluent dans la plaine de Salisbury, mais leur artillerie et leurs
convois de vivres les retardent. Elles savent bien qu'elles doivent
apporter tout ce qui leur est nécessaire et qu'elles doivent
compter fort peu sur le bon vouloir des paysans de la contrée.
Ah ! l'ami Buyse, comment cela va-t-il ?
    –
Gans gut
, dit le gros Allemand, qui
surgit devant nous dans l'obscurité. Mais Sapperment ! Quelles
clameurs ! quels croassements, on dirait une volée de
corneilles au moment du coucher. Vous autres Anglais, vous êtes…
oui, tonnerre et éclair ! un singulier peuple. Il n'y en a pas
deux d'entre vous sous le ciel qui soient du même avis sur
n'importe quel sujet. Le Cavalier tient à son bel habit et à son
franc-parler. Le Puritain vous coupera la gorge plutôt que de
renoncer à son costume sombre et à sa Bible. « Le Roi Jacques
I » crient les uns. « Le Roi Monmouth » crient les
paysans. « Le Roi Jésus » disent les Hommes de la
cinquième Monarchie : « À bas tous les Rois ! »
crient Maître Wade et quelques autres qui tiennent pour la
République.
    « Depuis le jour où je me suis embarqué à
Amsterdam sur le Helderenbergh, je me suis toujours senti la tête
tourner quand j'ai taché de comprendre ce que vous voulez, car
avant que l'un ait fini d'expliquer son affaire, et que je commence
à voir un peu clair dans le
Finsterniss
(les ténèbres), un
autre arrive avec une autre histoire, et me voilà dans le même
embarras qu'au premier moment. Mais vous, mon jeune Hercule, je
suis vraiment content de vous voir revenu sain et sauf. J'hésite un
peu à vous tendre ma main, après le traitement que vous lui avez
fait subir récemment. J'espère que vous ne vous en portez que
mieux, malgré les dangers que vous avez courus.
    – À vrai dire, répondis-je, je me sens les
paupières très lourdes. À part une heure ou deux sur le lougre et à
peu près autant de temps sur la couchette de la
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