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L'archipel des hérétiques

L'archipel des hérétiques

Titel: L'archipel des hérétiques
Autoren: Mike Dash
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Bâtes et de ses
contemporains ne peuvent donc être que purement anecdotiques. L'apparition
d'individus à peau claire dans la région où échouèrent les rescapés du Zuytdorp et les mutins du Batavia pourrait s'expliquer par des
mutations génétiques - voire par le métissage avec les pêcheurs de phoques de
passage, ou avec les premiers colons. Seule une analyse génétique permettrait
d'en avoir le cœur net. Il n'est d'ailleurs pas exclu que l'occasion s'en
présente un jour, car il arrive que le vent et la mer exhument d'anciens
squelettes d'aborigènes, sur les côtes d'Australie occidentale.
    Nous pourrions bien disposer d'emblée d'une preuve de ce
métissage entre Hollandais et aborigènes. En 1988, Phillip Play-ford, l'un des
plus grands spécialistes australiens de l'histoire du Zuytdorp , fut
contacté par une femme dont le mari, qui avait des origines aborigènes,
souffrait apparemment de porphyria variegata, une affection provoquant
des éruptions, des cloques et une hypersensibilité de la peau. Cette maladie
héréditaire, qui se transmet aux enfants des deux sexes, est relativement rare,
sauf au sein de la population blanche d'Afrique du Sud, où l'on estime que
trente mille personnes sont porteuses du gène responsable.
    En 1949, Geoffrey Dean, un médecin britannique exerçant à
Port-Elizabeth, en Afrique du Sud, s'avisa de la fréquence exceptionnelle de la porphyria dans cette région, et se consacra, des années durant, à
l'exploration des arbres généalogiques de ses patients. Il remonta ainsi à
l'origine de tous les cas connus de cette maladie - un couple de Hollandais, Gerrit
Jansz Van Deventer et Ariaantje Van den Berg, qui s'étaient mariés au Cap en
1688. Van Deventer s'y était fixé en 1685, et sa femme était l'une des huit
orphelines envoyées depuis la métropole trois ans plus tôt, pour épouser les
premiers colons. Sur leurs huit enfants, Dean démontra qu'une moitié avaient dû
être porteurs du gène de porphyria variegata. Dean et Playford ont émis
l'hypothèse que la maladie avait pu être propagée en Australie par un Afrikaner
qui aurait été embarqué au Cap à l'aller par le Zuytdorp, pour compenser
les pertes humaines qu'avait enregistrées le bâtiment, depuis la Hollande. Cet
homme aurait donc survécu au naufrage et se serait suffisamment acclimaté pour
s'intégrer à une communauté d'aborigènes.
    Il reste fort à faire, pour remonter la filière de ce gène
jusqu'à l'arrivée des marins hollandais sur la côte ouest de l'Australie aux
xvn et xvm* siècles. On ne peut pas exclure que la maladie ne soit arrivée sur
le continent australien que bien plus tard, et son apparition en Australie ne
constitue pas la preuve définitive de la survie de Loos, de Pelgrom et de leurs
compatriotes. Certains indices suggérant des contacts qui auraient eu lieu
entre les marins de la VOC et les aborigènes continuent à nous parvenir, çà et
là, et l'on ne peut exclure qu'un jour ou l'autre nous en découvrions une
preuve incontestable. Entretien avec le Dr F.W.M. de Rooij, Université Erasme,
Rotterdam, 26 juin 2000.
    Les travaux menés par de Rooij en Afrique du Sud ont
confirmé la thèse de Dean, selon laquelle tous les Sud-Africains atteints de
porphyria descendent d'Ariaantje Adrianesse. Playford, op. cit., pp.
227-232 ; Geoffrey Dean, The Porphyrias : a Story of Inheri-tance and
Environment (Londres : Pitman Médical, 1971), pp. 114-30; The ANCODS
Colloquium, pp. 50-1 ; «First Europeans in Australia », History Today juin 1999, pp. 3-4. Chez les aborigènes d'Australie occidentale, on observe
également le syndrome d'Ellis Van Creveld - malformations congénitales
consistant en une atrophie des membres, des doigts ou des orteils en surnombre
et des malformations cardiaques - qui pourrait avoir pour origine le métissage
avec des naufragés hollandais. On a calculé qu'un aborigène sur environ
quarante serait porteur du gène récessif du syndrome d'Ellis Van Creveld : il
s'agit de la deuxième communauté la plus touchée au monde en termes de
fréquence, la première étant celle des Amish de Pennsylvanie, une secte
mennonite dont les ancêtres émigrèrent de Hollande en 1683 - ce qui en soi
paraît suffisamment éloquent.
    23. « ces témoignages purement anecdotiques » : Aujourd'hui encore, les spéculations concernant la survie des rescapés
hollandais vont bon train et la découverte la plus récente en la matière n'est
pas la moins troublante. Il
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