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L'archipel des hérétiques

L'archipel des hérétiques

Titel: L'archipel des hérétiques
Autoren: Mike Dash
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MIKE DASH
    L'archipel des hérétiques
    La terrifiante histoire des naufragés du Batavia
    traduit de
L'anglais par stéphane carn
    JC LATTÈS
    Titre original :
    batavia's graveyard
    © Mike Dash, 200. © Éditions Jean-Claude Lattès, 2002,
pour la traduction française.
    A Penny, ma Creesje.
    « Je l'ai considéré avec grand chagrin : cette canaille,
dont l'âme était souillée de tant d'abominables crimes, et de la pire des
hérésies... Il avait beau avoir causé tant de catastrophes et fait couler tant
de sang, il n'aurait pas demandé mieux que de continuer... » (Interrogatoire de
Jeronimus Cornelisz, par Francisco Pelsaert).
    PRÉFACE
    Ce récit ne contient aucun élément purement imaginaire.
Tout est fidèlement extrait des documents d'époque et les citations qui
apparaissent dans le texte proviennent des mêmes sources. Les quelques passages
où je propose mes propres conclusions concernant les actions, les opinions ou
les intentions des passagers et de l'équipage du Batavia sont indiqués
en note.
    Jeronimus Cornelisz et ses compagnons vivaient en un
siècle où l'usage des noms de famille restait relativement rare en République
de Hollande et où l'on trouvait couramment le même nom sous plusieurs
orthographes différentes, y compris dans le cours d'un même document. J'ai mis
à profit cette diversité pour éliminer tout risque de confusion entre les
homonymes. Je désigne par exemple Daniel Cornelisz, l'un des mutins, sous le
nom de « Coraelissen » pour le distinguer de Jeronimus, et l'un des deux Allert
Janszes du Batavia est devenu Allert Janssen.
    Il est impossible d'établir une correspondance rigoureuse
entre les florins de l'âge d'or des Pays-Bas et les devises actuelles, mais on
peut considérer qu'un florin de l'époque équivalait à peu près, en pouvoir
d'achat, à 75 dollars de 2001.
    L'orthographe ancienne des noms de lieu a été conservée.
On lira donc Leyden, au lieu de Leiden, et Sardam au lieu de Zaandam.
    Mike Dash , Londres, juin 2001.
    PROLOGUE
    Récifs du matin
    « Le fardeau de tous ces désastres s'est trouvé confondu
en un seul, que l'on m'a mis sur les épaules. »
    Francisco Pelsaert.
    La lune de ce 3 juin 1629, qui montait dans le ciel
crépusculaire, faisait pleuvoir sa lumière pâle sur les monstrueuses houles de
l'océan Indien. Ses rayons blafards semblaient rebondir de crête en crête,
comme s'ils s'étaient pourchassés dans l'immensité vacante de la mer, jusqu'à
ce qu'ils se trouvent arrêtés par une masse - une silhouette noire, énorme, qui
parut un instant sombrer entre deux vagues, pour en resurgir l'instant d'après.
    Elle se souleva, portée par l'ondulation du mur liquide,
jusqu'à la prochaine crête, au sommet de laquelle elle se cabra, et se profila
un instant en ombre chinoise, avant de repiquer du nez, soulevant dans son
sillage de hautes gerbes d'embruns.
    Ce fantôme noir qui cinglait vers le nord dans la nuit de
l'hiver austral était un imposant vaisseau construit dans le style européen,
trapu et carré de voilure. Sa poupe, démesurément surélevée par rapport à
l'avant, lui donnait une allure curieusement bancale. Le bec incurvé de sa
proue plongeait si bas vers les vagues qu'il essuyait à tout moment des paquets
de mer écumants, tandis qu'à l'arriére, tel un gigantesque cimeterre de bois,
ses ponts s'élevaient en une courbe abrupte, culminant à près de treize mètres.
De plus près, on aurait pu en discerner quelques détails, dans les rayons de la
lune : sa figure de proue (un lion de bois ouvragé figé en plein bond), la
masse enchevêtrée de ses gréements, l'ancre géante qui pendait à son flanc,
tête en bas, solidement arrimée. Ses formes épanouies, sa largeur et son tirant
d'eau étaient ceux d'un navire marchand.
    Dans le clair-obscur, on aurait vainement tenté de
discerner quelque signe d'activité sur le pont, ou dans les haubans de ses
trois mâts. Les volets des sabords à canons étaient clos et aucune lumière n'en
filtrait, pas même la lueur vacillante d'une chandelle, à travers une écoutille
entrebâillée. Rien ne trahissait la présence d'âme qui vive. Seule brillait à
la poupe la gigantesque lanterne, haute d'un mètre et demi, qui illuminait de
ses rayons ambrés les riches boiseries - juste assez pour permettre à un œil
exercé de déchiffrer la plaque de bois peint où était inscrit le nom du grand
vaisseau, et celui de son port d'attache.
    Le Batavia avait appareillé d'Amsterdam sept
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