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L'amour à Versailles

L'amour à Versailles

Titel: L'amour à Versailles
Autoren: Alain Baraton
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carrière amoureuse commence très, très mal. En octobre 1615, Marie de Médicis marie son fils à Ana Maria Mauricia, une Espagnole qui s’appelle pourtant Anne d’Autriche. Louis XIII n’est mêmepas présent à son mariage, se faisant représenter par un duc. Certes la raison de cette absence est à la fois pratique et politique, mais elle est, à mes yeux, assez révélatrice : elle me rappelle quand j’avais douze ans et que je n’aimais pas aller à la piscine parce que l’eau était trop froide. Le 21 novembre de la même année, il n’est plus question de dire : « Je ne veux pas y aller ! » Le mariage est à nouveau célébré à Bordeaux, où les promis se rencontrent. Ils ont quatorze ans, sont aussi timides et taciturnes l’un que l’autre. Il est probable qu’ils ne se soient pas déplu tant que ça. En tout cas, malgré leur jeunesse ils sont cordialement invités pour des raisons politiques, à consommer le mariage sur-le-champ. La nuit de noces arrive. Elle ne sait rien et attend, lui n’en sait pas davantage, mais doit agir. Tous les courtisans écoutent aux portes. Le ratage est royal : Louis XIII ne pénétrera plus dans la chambre de sa femme pendant trois ans. La suite n’est guère plus glorieuse : leur premier enfant, le futur Louis XIV, naît vingt-trois ans plus tard, suivi en 1640 par un deuxième, Philippe d’Orléans. A une époque où le nombre de grossesses d’une femme, dont beaucoup s’achevaient certes par une fausse couche ou par une mort en bas âge, est de l’ordre de huit ou neuf, le couple royal fait figure d’exception. A croire que Louis XIII a assuré le service minimum, c’est-à-dire une descendancemâle, avec une alternative en cas de décès précoce. Tous les commentateurs de l’époque s’accordent pour souligner que le roi « couchait fort rarement » avec la reine. Les plus malveillants, ou les plus perspicaces, sous-entendent que Louis XIV ne serait pas le fils de Louis XIII, mais celui de Mazarin, voire que le roi, loin d’être hostile à l’affaire, aurait encouragé le cardinal.
    A Paris, on ironise, on suppute, on suppose et l’on écrit des pamphlets qui circulent jusque sous les fenêtres du Louvre.
    Les couilles de Mazarin
    Homme fin
    Ne travaillent pas en vain
    Car à chaque coup qu’il donne
    Il fait branler la couronne.

    Si le fils du vert-galant n’a pas hérité du talent de son père, ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Lors de l’été 1630, il tombe amoureux de Marie de Hautefort. Elle est l’une des filles d’honneur de Marie de Médicis. La belle est blonde, les yeux bleus, si lumineuse que la Cour la surnomme l'« aurore ». L'astre a sa part d’ombre et d’aucuns la trouvent fière, moqueuse et un tantinet trop vertueuse. Louis XIII a alors trente ans et ne demande qu’à être ébloui par cette femme au fort caractère… de quatorze ans ! L'homme est courageux– il est aussi brave à la chasse qu’au combat –, il porte les fines moustaches qui font se pâmer les dames à l’époque des mousquetaires, et surtout il est roi. Elle est une jeune fille tout juste présentée à Anne d’Autriche pour être demoiselle d’honneur. La partie semble trop facile.
    Malheureusement, leur amour n’est jamais consommé et, selon les mauvaises langues de l’époque, la faute n’en incombe pas à la jolie blonde : décide-t-elle de glisser un billet dans son corsage ? Louis XIII se munit d’une pince pour aller le chercher! Pourtant, d’après les tableaux de l’époque, la belle ne manquait pas d’avantages. Hélas, il semblerait que Louis XIII appartienne à l’espèce encombrante, quoique hautement manipulable, des amoureux transis. Elle succombe, mais d’ennui. Elle attend des caresses, il lui écrit des poèmes !
    Les grâces que Lysis possède
    Sont des blessures sans remède
    Jamais l’amour n’en fut guéri.

    Des vers plats, un bégaiement sous-jacent, des mains malhabiles, le roi de France dut bien vite apparaître comme le roi des empotés aux yeux de Marie de Hautefort qui, paraît-il, ne manquait pas d’humour. Gageons que leurs entrevues devaient sembler bien longues. On a beaucoup glosé surles débuts difficiles de Marie-Antoinette et de Louis XVI, son sentimentalisme et sa fidélité. Avec Louis XIII, il avait une lourde hérédité.
    La liaison avec Marie de Hautefort est appuyée, au début du moins, par Richelieu. Qui sait ? Les confidences sur l’oreiller sont toujours bonnes
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