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L'amour à Versailles

L'amour à Versailles

Titel: L'amour à Versailles
Autoren: Alain Baraton
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à recueillir, qu’on se souvienne des « escadrons volants » de Catherine de Médicis. Mais la belle n’est pas docile. Il faut dire qu’elle a le beau rôle. Elle est aimée du roi, donc protégée, adulée à la Cour pour cette raison, qui plus est sans avoir à « payer de sa personne ». Les amours platoniques étant à la mode, la liaison qu’elle entretient n’est pas même ridicule. Ajoutons à cela que la vertu est conservée, si bien que leur amour n’est pas condamnable par l’Église. « Chasteté longtemps conservée donne un caractère aigrelet » : Marie, sûre de son influence, voudrait entrer en politique. Mais la donzelle appartient à la clique de Marie de Médicis, dont on sait les rapports conflictuels avec son fils. En outre Marie de Hautefort a le tort d’être l’une des meilleures amies de la reine, Anne d’Autriche. Pris entre les flammes de l’amour et les désirs de ces maîtresses femmes, Louis XIII n’est guère pressé de faire de Marie sa maîtresse. Pire, Marie de Hautefort s’oppose à la politique de Richelieu. Celui-ci a tôt fait de l’éloigner du roi. L'« aurore » devient la « créature », la favorite,une intrigante : d’abord bannie de la Cour, elle est exilée au château de La Flotte, quelque part dans la Sarthe, avant d’épouser, sur le tard – elle a presque trente ans –, le duc d’Halluin. Adieu les amours blondes.
    Après ce premier échec, Louis XIII jette son dévolu sur Louise de La Fayette, que Richelieu lui a présentée en remplacement de Marie. Le principal ministre du roi est aussi son principal entremetteur. Avec Louis XIII, la mission a tout d’un emploi fictif! Échaudé par le tempérament volcanique de la blonde Marie, Richelieu choisit son opposé. Louise passe pour être d’une grande beauté, et vient d’une maison aux moeurs (c’est-à-dire pour le cardinal aux ambitions politiques) irréprochables : son oncle est évêque de Limoges et aumônier d’Anne d’Autriche, Mme de Sennecey, une parente proche est la première dame d’honneur de la reine. On la dit volontiers candide, voire niaise : pas de danger que les intrigues politiques de ces dames ne se réitèrent. Le tableau moral est parfait.
    La scène se passe le 18 février 1635, lors des fêtes de Mardi Gras. Le roi remarque les yeux limpides et chastes d’une jeune fille de dix-sept ans, brune, pâle, docile. Modeste, naïve et noble, elle est la proie idéale, même pour un chasseur de dames aussi pataud que Louis XIII. Elle danse« excellemment bien », il est déguisé en divinité. Richelieu exulte : elle est soumise, il est épris, il n’y a plus qu’à attendre que le monarque lui ouvre son coeur. Impossible qu’elle lui résiste, ni au roi ni surtout à lui-même, et l’on peut à bon droit espérer qu’elle appartienne à la plaisante catégorie des « yeux baissés, jupes levées ». La belle, sous ses airs de vertu, est effectivement dotée d’un caractère enjoué, un peu trop, même en ces temps où l’Étiquette n’est pas encore de mise. Dans une soirée où s’échangent des platitudes royales, la prude est prise d’un fou rire tel qu’elle en mouille ses jupes. Les polémistes de l’époque aiguisent leurs plumes et en font un huitain :
    Petite La Fayette
    Votre cas n’est pas net ;
    Vous avez fait pissette
    Dedans le cabinet
    A la barbe royale
    Et même aux yeux de tous,
    Vous avez fait la sale
    Ayant pissé sous vous.

    Elle est jolie, mais elle n’est pas bête. Pire, elle est vertueuse. Et lui aussi. Au jeu du délai, le cardinal a trouvé ses maîtres : il piaffe, tandis que les deux tourtereaux ne semblent jamais pressés de convoler. Ils sont en pleine fusion… des âmes.Compliments, longues conversations en tête à tête, rien n’y fait : leur amour reste platonique. Une fois pourtant, le roi fait le téméraire : il ose proposer à sa douce de le rejoindre à Versailles. On imagine avec délice la jeune prisonnière du pavillon, rentrant en larmes, mais bien contente quand même, se confiant à sa mère qui serait allée voir le bon cardinal Richelieu, qui, moyennant quelques renseignements bien sûr, aurait arrangé l’affaire. Est-ce pour ne pas l’effaroucher? Louis XIII passe son temps à lui parler, à lui faire partager son amour de la chasse, à l’écouter. Il la flatte, la dorlote, lui réclame de chanter pour lui de cette voix haut perchée qu’elle a, paraît-il, si jolie. La cause est entendue, et Richelieu
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