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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe
Autoren: Kate Mosse
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insupportable, le chant cessa. Lentement, progressivement, la psalmodie s'estompa, ne laissant place qu'à son souvenir, et celui d'une voix s'élevant dans le silence attentif. Une voix de femme, claire et résolue.
    Au début des temps,
    Sur la terre d'Égypte,
    Le maître des secrets
    Donna le verbe et l'écriture.
    Alice s'arracha à la contemplation du visage de Will, pour se tourner en direction du son. Marie-Cécile sortit alors de l'ombre et s'avança jusqu'à l'autel comme une apparition. Quand elle se tourna vers le labyrinthe, l'émeraude de ses yeux cernée d'or et de noir lança des éclairs adamantins. Sa chevelure, retenue par un diadème orné de diamants, brillait comme du jais. Des bracelets aux formes reptiliennes enserraient ses beaux bras nus.
    Elle portait les trois livres empilés qu'elle disposa tour à tour sur l'autel près d'un bol de terre crue. Comme elle plaçait la lampe à huile dans son exacte position, Alice remarqua, presque inconsciemment, qu'elle portait l'anneau d'Audric Baillard au pouce gauche.
    Plutôt incongru sur sa main.
    C'est alors qu'Alice se retrouva profondément immergée dans un passé dont elle ne se souvenait plus. Le vélin sec et fragile au toucher comme la feuille de l'arbre mourant, la souplesse des lacets de cuir glissant entre ses doigts, quand les temps auraient dû les rendre rêches et cassants. Comme si leur souvenir était écrit dans sa chair et ses os. Elle se rappelait les reliures moirées qui changeaient de couleur sous l'effet de la lumière.
    Elle revoyait l'image du calice doré, guère plus grand qu'une pièce de dix pence, luisant comme un joyau sur l'ocre du parchemin. Sur les pages suivantes, des lignes d'écriture enluminée. Elle entendait Marie-Cécile prononcer des mots, en même temps que des lettres rouges, bleues, jaunes et dorées s'imprimaient dans son esprit. Le Livre des potions .
    Des illustrations d'animaux terrestres et aériens virevoltaient dans sa tête. Une page de parchemin lui apparut, plus épaisse que les autres, différente – transparente et jaune – du papyrus où transparaissait le pétiole des feuilles. Les mêmes symboles que ceux de la page de garde le recouvraient, sinon que des chiffres, des mesures et des dessins de plantes y étaient intercalés.
    À présent, elle songeait au Livre des nombres . Le motif du labyrinthe s'était substitué au calice du Livre des potions . Sans s'en rendre compte, Alice parcourut la chambre du regard, comme si l'espace se révélait à elle sous un jour différent pour qu'elle en vérifiât la forme et les dimensions.
    Ses yeux se portèrent de nouveau sur l'autel. Le souvenir du troisième livre était le plus présent. L'ankh, symbole de vie égyptien, aujourd'hui connu dans le monde entier, scintillait de ses ors sur la première page. Sous la reliure tendue cuir du Livre des mots , garants du papyrus qui se trouvait en son milieu, il n'y avait que des pages blanches. Sur ce même paryrus, dessinés en rangées recouvrant toute la feuille, des signes hiéroglyphiques serrés et continus. L'on n'y voyait ni espace ni couleurs, pas la moindre indication permettant de comprendre où commençait un mot, où l'autre finissait.
    Les incantations se cachaient pourtant parmi eux.
    Alice ouvrit les yeux avec la sensation que Baillard la regardait intensément.
    Une connivence jaillit entre eux. Les mots lui revenaient, surgissant des coins empoussiérés de sa mémoire. Aussitôt, Alice fut en lévitation, et, durant une fraction de seconde, elle regarda la scène d'en haut.
    Huit cents ans plus tôt, Alaïs avait prononcé ces mots. Et Audric Baillard les avait entendus.
    La vérité nous libérera.
    Même si rien n'avait changé, Alice n'éprouvait plus la moindre peur.
    Un bruit en provenance de l'autel capta son attention. Sa sérénité se dissipa pour laisser place au monde réel et à la frayeur qui la suivait à grands pas.
    Marie-Cécile éleva ses mains en coupe autour du récipient de terre. Puis, s'emparant du vieux coutelas à la lame rouillée qui se trouvait à côté, elle le dressa très haut au-dessus de sa tête.
    « Dintrar » , clama-t-elle.
    François-Baptiste apparut alors de la pénombre du tunnel. Son regard scruta l'alentour avec l'acuité de l'œil d'Horus, frôlant Baillard et Alice pour s'immobiliser sur le jeune Américain. À l'éclat triomphant de sa prunelle, Alice comprit que c'était François-Baptiste qui était responsable des blessures de
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