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La véritable histoire d'Ernesto Guevara

La véritable histoire d'Ernesto Guevara

Titel: La véritable histoire d'Ernesto Guevara
Autoren: Rigoulot
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subtilement la carte de la démocratie et de la promesse d’élections libres. L’heure était à une révolution de jeunes, luttant pour plus d’honnêteté et de justice dans leur pays.
    Un voyage très organisé
    Il s’agissait de soutenir aussi qu’on n’avait rien à voir, ni de près ni de loin, avec le communisme, de ne pas provoquer les États-Unis et de gagner du temps, car le temps jouait en faveur de Castro. Plus les jours passaient, plus le régime s’organisait, s’armait, se renforçait. Un exercice de haute voltige peu fait pour le Che, toujours soucieux de montrer jusqu’où la Révolution voulait aller et toujours partisan des options les plus radicales. Les pays d’Amérique latine n’avaient nul besoin de s’inquiéter du rôle que pouvait jouer dans le nouveau régime cubain un homme qui rêvait de révolution continentale.
    À l’intérieur du pays, l’éloignement du Che évitait de faire peur aux modérés. Les responsables de la réforme agraire n’avaient nul besoin des initiatives trop radicales que n’aurait pas manqué de proposer le Che. Son rôle de formateur dans l’armée pouvait aussi être assuré par d’autres, moins tentés d’expliquer et de vanter la révolution de 1917, les œuvres de Lénine, les bienfaits de la collectivisation, et le caractère mondial de la Révolution !
    Guevara ne pourrait prononcer ses discours enflammés, mais inadaptés à la période qu’on traversait, devant les diplomates qui le recevraient. Mieux : il avait acquis un certain prestige militaire et ferait un voyageur-représentant-placier de la Révolution tout à fait présentable. De son côté Guevara, tout à sa passion pour Castro et sa Révolution, ne pouvait encore imaginer qu’il puisse vouloir le manipuler. Il pensait non sans raison que ce voyage pouvait être réellement utile et qu’au contraire d’Arbenz, qui avait été très isolé en 1953, Cuba devait mener aussi la lutte sur le plan international.
    Le 12 juin 1959, on mit donc Guevara dans un avion. Officiellement, il était chargé de développer les liens commerciaux et diplomatiques avec le Japon, qui se relevait de la guerre, et surtout avec des États dits non-alignés en Afrique, en Asie et en Europe. Il s’agissait d’échapper à l’isolement et de répondre ainsi aux pressions américaines.
    On flanqua Guevara d’un autre « pigeon » : José Pardo Llada, un journaliste de radio, très connu à l’époque à Cuba, qui n’avait pas non plus sa langue dans sa poche et qu’il n’était pas mauvais de faire taire sans employer des moyens qui eussent choqué les âmes sensibles. En ces temps de tensions politiques prévisibles avec les débuts de la réforme agraire, il pouvait être judicieux de l’envoyer au loin lui aussi. Avec le Che, qu’il surveillerait – et que le Che surveillerait –, les relations seraient exécrables mais ils se neutraliseraient…
    Guevara partit donc pendant qu’on renvoyait son régiment à Las Villas, dans le centre de l’île, et qu’on le dispersait dans d’autres unités, au grand dam des soldats qui le composaient. Pour ce voyage, il était flanqué une fois de plus de conseillers du PSP et notamment de Pancho Garcia Vals et d’Alfredo Menendez, économiste communiste spécialisé dans le secteur du sucre.
    Désormais mort à lui-même au profit de la Révolution, simple pièce d’un tout et outil de la nécessité historique, Guevara refusa d’emmener avec lui Aleida, sa femme depuis une dizaine de jours. Guevara n’avait pas mis le holà à la fête des premiers jours de janvier et assuré l’ordre révolutionnaire d’un pays en marche vers le socialisme pour se laisser aller lui-même, fût-ce avec l’excuse d’un voyage de noces, comme Castro le lui suggérait. En voilà un, comme l’écrit Machover, qui n’« a jamais aspiré au repos du guerrier ! Le repos était une des tares du passé 77  ! »
    Aleida, comme Hilda, avait attiré un temps cet homme, mais elle ne faisait pas le poids face à Dame Révolution, ô combien plus séduisante ! Pas question qu’elle prenne la place d’un combattant de la Sierra ! Aleida donnerait l’exemple elle aussi et apprendrait à ne voir son mari qu’au travail, puisqu’il l’avait engagée comme sa secrétaire 78 . À sa mère seulement, et dans le secret d’une correspondance privée, il avoua qu’il était parti sans sa femme, « à cause d’un de ses complexes mentaux compliqués
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