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La véritable histoire d'Ernesto Guevara

La véritable histoire d'Ernesto Guevara

Titel: La véritable histoire d'Ernesto Guevara
Autoren: Rigoulot
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bien à lui ».
    Un programme bien chargé
    Premier moment du programme : l’Égypte. Il y fit remarquer à Nasser que sa réforme agraire ne valait pas grand-chose puisque les propriétaires n’avaient pas fui le pays en masse ! Suivirent Gaza, le Soudan, l’Inde où, devant la tombe de Gandhi, il déclara tout à trac que la « résistance passive » ne marchait pas partout et en tout cas pas en Amérique latine. Guevara fut reçu de manière très protocolaire par Nehru et resta quinze jours en Inde…
    Il y fit une démonstration de yoga à un diplomate médusé puis se rendit en Indonésie, à Ceylan, en Yougoslavie, membres importants du Mouvement des non-alignés, mais aussi au Japon, gros importateur de sucre.
    Le Che se montra fort peu convaincant : pas le moindre morceau de sucre cubain ne fut vendu pendant cette première partie de sa tournée mondiale. Les réceptions officielles et guindées avaient pour but de faire connaître et reconnaître Cuba et sa révolution. Mais Guevara y était au supplice. Des scènes comiques se déroulèrent entre ses hôtes, soucieux de bien accueillir le représentant du nouveau régime, et le guérillero emprunté qui ne supportait pas de se laisser aller à jouir de la vie et apprécier les petits-fours exotiques qu’on lui offrait. Il préférait qu’on réponde à ses questions sur la Chine communiste ou la politique de Mao Tsé-toung !
    Pardo Llada, son « chaperon », qui ne l’accompagnait pas comme membre officiel de la délégation cubaine mais comme journaliste, prit l’avion du retour. Le Che, lui, était en « mission » et dut continuer son périple. Il se considérait d’ailleurs toujours en mission. L’Histoire avait besoin de lui et il avait décidé de lui répondre « présent » une fois pour toutes, depuis le jour déjà lointain où il avait fait la connaissance de Fidel.
    Il acceptait donc de se couper de Cuba. S’il y perdait du pouvoir, qu’importe ? Right or wrong, my Fidel ! Guevara n’imaginait pas même qu’on puisse vouloir le mettre à l’écart. Cela viendrait plus tard – et encore, comme une vilaine pensée, un renvoi involontaire de ce qu’il avait sur le cœur. À l’époque déjà, la mise à l’écart était pourtant patente : qu’allait-il faire un jour dans la bande de Gaza, le lendemain à Damas, le surlendemain à Alexandrie puis sur les bords du canal de Suez ? Bien évidemment, d’autres militants auraient pu établir ces premiers contacts entre la révolution cubaine et le tiers-monde. À Cuba même, ce voyage comptait à peine. Le peu d’échos que lui accorda la presse le prouve amplement : ici une note, là un petit article en page intérieure. Quatre paragraphes suffirent à la presse cubaine pour annoncer que, le 1 er  juillet, la délégation était arrivée à Bombay où « l’attendait Eugenio Soler, chef du Centre d’information des Nations unies en Inde ». On parlait plutôt dans la presse cubaine, encore un peu diversifiée, de la nomination des ministres – Guevara, d’ailleurs, n’en était pas. On parlait de la réforme agraire et, pendant son absence, on mit pour cela sur pied l’INRA (Institut national de la recherche agronomique, aux vastes prérogatives) que Guevara se serait bien vu présider, mais qui le fut en fait par Castro lui-même. Sans doute était-il bien renseigné sur ce qui s’y passait via Antonio Nuñez Jimenez, nommé au poste de directeur général. Mais s’informer après-coup des décisions est une chose, diriger un processus en est une autre.
    Alfredo Menendez, lui, ne se coupait pas de la scène cubaine et revint plusieurs fois au pays durant cette longue excursion de trois mois. Il faut dire que le sucre était au cœur d’habiles manigances de la part de Castro qui jouait décidément bien sa partition de chef d’État : il demanda aux États-Unis de lui acheter toute la production cubaine en sachant qu’ils refuseraient. Ainsi montrerait-il que, s’il se tournait du côté de l’Union soviétique, c’était contraint et forcé.
    Il n’est pas sûr que le Che appréciait ces finasseries, pas plus qu’il appréciait qu’on accordât une indemnisation aux propriétaires expropriés dans l’île. Castro, lui, souhaitait encore sauver les apparences légales.
    Guevara ne pouvait guère manifester sa préférence pour une rupture commerciale avec les Américains et une collectivisation qui ne se cache pas : il était à l’autre
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