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La véritable histoire d'Ernesto Guevara

La véritable histoire d'Ernesto Guevara

Titel: La véritable histoire d'Ernesto Guevara
Autoren: Rigoulot
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mentalité nouvelle était aussi acceptable en principe par les Soviétiques, dont les dirigeants soutenaient que l’Homme nouveau était en gestation chez eux et qu’ils s’apprêtaient à passer à la construction du communisme après avoir réalisé le socialisme. Autrement plus grave : Guevara demandait une discrimination positive en faveur des pauvres, une manière de commerce équitable que ne pratiquaient pas les États socialistes. Son accusation explicite d’une certaine « complicité tacite avec l’Occident » fût jugée insupportable.
    Finalement, c’est ce voyage interminable, chaotique, aux buts obscurs, qui allait avoir le plus de conséquences pour la vie de Guevara. Les tensions entre Fidel et lui ne dataient pas de ce voyage. Les deux hommes s’affrontaient sur la place à donner aux guérillas et sur l’importance des compromis à passer avec les Soviétiques. Mais ces tensions plaçaient désormais Guevara, qu’il l’ait voulu ou non, dans une position de concurrent au n° 1, de mise en cause du « Grand esprit directeur ». Mais la confrontation avec Fidel lui sembla impossible. Il retrouva ses tendances velléitaires de jeunesse en refusant d’aller avec les Chinois plus loin qu’une visite surprise et en refusant de porter ses divergences avec Castro sur la place publique.
    Il eut encore le temps de rencontrer le 2 mars Nasser au Caire, qui désapprouvait son projet d’aller se battre au Congo, puis à Dar es-Salaam, où il rencontra Désiré Kabila et Gaston Soumaliot en lutte contre Mobutu et Tschombé, et envisagea avec eux la possibilité d’envoyer des Cubains noirs pour les soutenir. L’accueil fut réservé, mais, comme le dit lui-même Guevara, « le projet de sélectionner un groupe de soldats cubains noirs et de les envoyer, sur la base du volontariat bien évidemment, et de renforcer le combat au Congo, était lancé ».
    Il travaillait à un de ses textes les plus fameux, le Socialisme et l’Homme à Cuba au Caire et rentra à Cuba le 14 mars 1965.
    On parle d’une réception fraîche par Fidel, mais plus pour l’escapade chinoise que pour le discours, dont on peut douter qu’il n’ait pas été supervisé par Castro et qui fut reproduit peu après dans le trimestriel cubain Politica internacional. Castro regrettait surtout que Guevara ait dangereusement provoqué les Russes. Et s’ils finissaient par se lasser d’apporter leur aide ?
    Les Soviétiques étaient en effet franchement furieux. À Cuba, on choisit d’étouffer ce voyage, d’en effacer les traces : cette mission du Che fut vite reléguée au second plan dans la presse. « En plus des paroles de Fidel recueillies à chacune de ses apparitions, les pages de Revolución évoquaient le voyage de Kossyguine au Vietnam, l’écrivain espagnol Camilo José Cela, les 27 000 macheteros unis dans la coupe de la cane, etc. Celui qu’on ne pouvait trouver en revanche, c’était le Che. La presse cubaine ne revint jamais sur ce voyage de Che Guevara 81 . » Elle trouva même le moyen, en faisant son bilan, d’écrire, le 14 mars 1965 : « Le ministre des Industries, le commandant Ernesto Che Guevara, est revenu hier dans la capitale après un déplacement d’un peu moins de trois mois dans différents pays d’Afrique » ! L’escapade maoïste ou « maophile » était escamotée.
    Outre l’étouffement de la voix du Che, Castro fit donner, pour combattre ses idées sans pourtant le nommer, la vieille garde communiste, en particulier Carlos Rafael Rodriguez et Blas Roca, qui identifiaient désormais les idées de Guevara à celles de Lassalle.
    Ses réticences envers la coexistence pacifique, sa visite en Chine, son discours d’Alger, et même le Socialisme et l’Homme, qui décrivait le « glorieux » assaut contre la caserne Moncada – événement fondateur de la révolution – comme un échec désastreux : décidément, c’en était trop ! Guevara disparut de la presse cubaine. Même ses critiques se turent.
    De son côté, on peut parler de velléité : sa lutte politique à peine entamée, s’interrompit ce 14 mars après une réunion marathon avec les frères Castro, Ramiro Valdès et Juan Almeida. Il fut poussé à renoncer à toute prise de position publique et à toute responsabilité. Il eut l’impression cependant de parvenir à un compromis puisqu’on lui laissait la possibilité de suivre sa voie en usant d’une méthode qui fut toujours la sienne :
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