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La véritable histoire d'Ernesto Guevara

La véritable histoire d'Ernesto Guevara

Titel: La véritable histoire d'Ernesto Guevara
Autoren: Rigoulot
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montera un « club d’enfants », avec soldats de l’armée rebelle leur racontant des histoires édifiantes sur la guérilla et entraînement au maniement des armes de ceux qu’on appelle « les petits barbus »…
    Il venait peu souvent voir Hilda. Un jour, il ne revint plus.

IV
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    Le « hachoir » de la Cabaña
    « Ton amour révolutionnaire
    Te mène à une nouvelle entreprise
    Là où l’on attend la fermeté
    De ton bras libérateur »
    Carlos Puebla
    Q uand Batista s’enfuit, dans la nuit de la Saint-Sylvestre 1958, Guevara reçut de Castro l’ordre de se rendre à la vieille forteresse coloniale de la Cabaña, l’ancienne forteresse qui domine le port de La Havane 70 . Une telle directive en surprit plus d’un, à commencer par Carlos Franqui, qui accompagnait le n° 1 dans sa lente traversée de l’île d’est en ouest en une huitaine de jours, de meetings en interviews, de bains de foules en déclarations tonitruantes. « Che avait pris le train blindé et la ville de Santa Clara ; il était la seconde figure la plus importante de la révolution. Quelles raisons Fidel avait-il de l’envoyer à la Cabaña, une position secondaire ? »
    Guevara, en retrait
    Bonne question. L’enthousiasme est là. La victoire acquise. Tous ces hommes qui avaient lutté les armes à la main contre l’armée de Batista triomphaient. Mais on aurait tort de les voir entrer, heureux et fraternels, dans la capitale abandonnée par ses anciens maîtres. Si Guevara cherchait à conforter la victoire et se demandait déjà quelle serait la meilleure manière d’apporter sa pierre à la Révolution non seulement à Cuba mais dans toute l’Amérique, au sud du Rio Grande, Castro, lui, soucieux de ne pas effrayer les États-Unis et de ne pas susciter l’envie d’intervenir militairement, décida de laisser dans l’ombre l’Argentin. Guevara, c’était en effet, pour la presse et les observateurs, le symbole de la radicalité révolutionnaire voire du communisme international. Mieux valait donc mettre en avant Camilo, Cubain, facile d’accès, plein d’humour, plutôt que cet étranger parfois rigide, toujours soucieux de renforcer la discipline et prêt à vanter les objectifs socialistes de la révolution. C’était un peu tôt pour cela !
    Peut-il y avoir eu d’autres raisons ? Castro se méfiait-il de la popularité de son lieutenant ? Ce serait bien dans le personnage, mais rien ne l’atteste.
    Et puis il fallait bien quelqu’un pour organiser l’inévitable répression. Camilo, cœur tendre, était-il l’homme qu’il fallait pour juger, condamner, exécuter ? Raúl aurait pu le faire, mais il était à Santiago. Restait Guevara. Lui ne flancherait pas au moment de donner l’ordre de fusiller. Guevara le sérieux, Guevara l’incorruptible, Guevara l’intraitable ferait, avec son sens du devoir révolutionnaire, le sale boulot sans broncher.
    Il le fit pendant quatre mois, où passèrent entre ses mains d’anciens militaires, d’anciens policiers de l’ancien « régime », quelques journalistes et quelques commerçants, comme le rappelle Alvaro Vargas Llosa. 71 Comme il l’avait fait dans la Sierra, comme il l’avait fait aussi pendant l’offensive de décembre 1958 quand il faisait fusiller sans jugement des gens accusés par la foule. Vox populi, vox dei pour Guevara. À ceux qui pouvaient le lui reprocher, il répondit publiquement le 5 février 1959 : « Les exécutions ne sont pas seulement une nécessité pour le peuple de Cuba mais aussi un devoir imposé par ce peuple. » Ici, pas de notions d’avant-garde qui aille au-delà des réactions spontanées des gens. L’appel aux exécutions de la foule déchaînée hurlant dans les rues de La Havane « Paredon ! Paredon ! » (Au mur ! Au mur !) justifiait à ses yeux la sévérité des sentences qu’il réclamait lui-même. Les dirigeants de la révolution avaient l’aval de Fidel pour faire preuve de sévérité. Celui-ci avait d’ailleurs procédé le 21 janvier à une pantalonnade aussi sinistre que grotesque devant le palais présidentiel en demandant au peuple rassemblé « son avis » sur la « liquidation » des soutiens au régime vaincu. Che Guevara, présent à cette manifestation, ne broncha pas, mais, comme président de la commission d’appel, jamais, au grand jamais, il ne cassa une seule des sentences de mort prononcées à la Cabaña : il jugeait que la racaille
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