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La véritable histoire d'Ernesto Guevara

La véritable histoire d'Ernesto Guevara

Titel: La véritable histoire d'Ernesto Guevara
Autoren: Rigoulot
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a dû lire lui-même chez Marx. Il caresse des fantasmes, en somme, plus qu’il ne se donne rationnellement les moyens d’agir en révolutionnaire. Mais, des fantasmes révolutionnaires, il en a visiblement plein la tête, au point qu’il rapporte qu’une sculpture inca admirée lors d’une excursion lui rappelait ni plus ni moins… Hô Chi Minh 40 .
    Chantons sous la pluie de bombes…
    Ernesto Guevara revient finalement dans la capitale guatémaltèque alors que les affrontements armés ont commencé. Quelle excitation ! Les bombes qui tombent, les tirs de mitrailleuses, tout l’enchante. « Même de légers bombardements ont leur grandeur ! » écrit-il à sa mère… Avec « un peu de honte », il lui avoue qu’« il s’est amusé comme un fou pendant ces journées ». Les tirs, les bombes, les discours des uns et des autres rompent selon lui la monotonie de la vie ! À sa tante, il raconte même qu’il « pisse de rire » en voyant les gens courir sous les bombes que lâchent les avions 41 . Il est capable aussi, dans ces journées troublées, de se replier sur des lectures et des travaux bien étrangers à la situation. Il lit par exemple des ouvrages sur Einstein et traduit Pavlov, comme le raconte Hilda elle-même.
    Irresponsable ? Peut-être, mais rien de honteux à cela, sans doute. Pas plus que n’est honteuse son envie de voyager et pas seulement dans son pré carré latino-américain. Les États-Unis, la France, la Chine l’attirent… Lui-même inventera, plus tard, dans l’excitation des victoires contre les troupes de Batista, un passé plus engagé. Aux journalistes, il soutiendra contre toute évidence qu’il a milité dans l’Union démocratique en Argentine ou qu’il a travaillé au Guatemala dans un hôpital où l’on transfusait du sang aux blessés des bombardements ou des combats…
    Il était seulement « contre » les conservateurs soutenus par les Américains et détestait spontanément ces derniers, à la manière de nombreux Latino-Américains, comme tous ceux qui cherchent un bouc émissaire à leurs difficultés. Il était « pour » Arbenz bien sûr, mais cela n’allait guère plus loin. Nul engagement armé, nulle formation de groupes de jeunes, comme on l’a assuré. Hilda Gadea, sa femme, ne l’a jamais prétendu non plus, malgré les intertitres suggestifs donnés par exemple à la traduction française de ses Mémoires : elle affirme seulement que Guevara a transmis à des « proches » d’Arbenz le conseil de se séparer de son état-major et de poursuivre la lutte dans les montagnes 42  ! C’est plausible, mais assez facile comme lutte contre « l’impérialisme » ! De toute façon, Guevara pensait qu’Arbenz allait résister, qu’il était prêt à « mourir à son poste si nécessaire ». En fait, il se trompait totalement – mais on ne lui en fera pas reproche : il avait 25 ans et n’est pas bien informé sur le pays. Une fois de plus il avait confondu ses désirs et la réalité…
    S’il s’était engagé, comme on l’a dit, dans une milice armée organisée par les jeunes communistes, et baptisée « Augusto César Sandino », il aurait attendu en vain l’ordre d’aller au front, car celui-ci fut rapidement enfoncé. Et dût-on admettre qu’il passa quelque temps dans un hôpital, il est sûr qu’il se contenta d’y enregistrer la défaite des partisans d’Arbenz devant les troupes de son rival de droite Castillo Armas. Dès ce moment peut-être, il pensa que si Arbenz avait été plus brutal, en procédant à des fusillades de « réactionnaires », son « gouvernement aurait eu la possibilité de répondre au coup d’État 43  ». Il le répétera plus tard en tout cas.
    Réagir, donc, il l’a fait, très probablement. Résister, c’est une autre affaire. Mais sa manière de voir est déjà celle d’un esprit simple pour qui le sang appelle le sang. Tuer rapproche du succès politique. Le monde se divise entre ceux qui méritent de vivre et les autres. Le problème de Guevara, dès cette période de jeunesse jusqu’à sa fin en 1967, n’est jamais de bâtir une stratégie subtile pour parvenir au pouvoir. C’est de tirer à l’arme à feu contre les réactionnaires et leur armée pour parvenir à un système socialiste, avec à la clef un parti unique et sa dictature sur l’ensemble de la population. Est-ce si exaltant ? Il faut rappeler aux nostalgiques du Che que ce dernier n’a jamais
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