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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution
Autoren: Nicolas Bouchard
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régnait sur les Tuileries
et de l’autre côté, siégeant Hôtel de Brionne, le Comité de sûreté générale qui
agissait dans l’ombre et n’hésitait pas à utiliser ruses, extorsions, chantage
pour arriver à ses fins. Fins que Sénart ne comprenait pas toujours, bien qu’il
serve la sûreté depuis que celle-ci avait été mise en place.
    — Plus vite, citoyen.
Vadier attend.
    Sénart haussa les épaules. Que
se passait-il là-bas, rue des Ménétriers ? Avait-on déjoué un
complot ? Avait-on surpris quelque émigré ou prêtre réfractaire en plein
Paris ? S’agissait-il d’une maison close où se réfugiaient les ennemis de
la Nation ? Le jeune homme se sentait dans un état étrange. Comme si,
après ce qu’il avait vu depuis Nantes, tout lui était indifférent.
    Le petit groupe traversa la
foule, qui dès le matin se pressait dans les ruelles étroites et insalubres du
vieux Paris. Les deux porteurs d’ordres chassaient les importuns à coups de
piques et le peuple contemplait avec crainte le jeune secrétaire rédacteur
revêtu de son magnifique uniforme. La rue des Ménétriers allait des Halles vers
l’Hôtel de ville. Ils y parvinrent en moins d’une demi-heure et Notre-Dame
sonnait déjà six heures du matin lorsqu’il aperçut la silhouette de Vadier,
entouré de gendarmes, qui attendait au milieu de la ruelle.
    L’homme l’accosta sur un ton
affable.
    — Bonjour, citoyen Sénart.
Laisse-moi voir ta mine. Je ne te connaîtrais pas aussi bien, je jurerais que
tu as passé la nuit dans une taverne, mais tu n’es pas de ceux-là. Tu as
travaillé, n’est-ce pas ?
    L’intéressé approuva avec embarras.
    — C’est cela, citoyen.
    Marc Guillaume Alexis Vadier,
député de l’Ariège, président et doyen du Comité de sûreté générale, le
dominait d’une demi-tête. Grand, froid, élégant, portant perruque poudrée et
habit de prix, rayé suivant la mode en vigueur, il affichait l’allure d’un
riche bourgeois. Il savait rire et plaisanter avec les hommes et leur passait
plus d’une fois la main sur l’épaule. Mais c’était pour mieux repérer l’endroit
où la Grande Faucheuse ferait son travail. Vadier était un mystère. Il accomplissait
sa tâche sans aucune pitié. Sous des dehors bonhommes et bons vivants, il
possédait un acharnement insensé à pourchasser ses ennemis, ne pardonnait
jamais le moindre affront. Pourtant ses objectifs restaient mystérieux. Pour
une raison qui lui était inconnue, Vadier, qu’on surnommait parfois le Grand
Inquisiteur, l’avait pris en affection, lui, le petit secrétaire rédacteur, lui
parlant avec cordialité et s’inquiétant toujours de sa santé.
    Sénart se serait bien passé de
telles attentions. C’est Vadier qui l’avait envoyé à Nantes l’année précédente,
et, depuis, il lui demandait d’écrire rapport sur rapport, détaillant toujours
plus avant les atrocités perpétrées par Carrier et ses sbires. Dans quel
but ? Nul ne le savait.
    Le jeune homme attendit. Il ne
serait pas de bon ton de demander au citoyen Vadier pour quelle raison il avait
cru utile de le faire venir en plein centre de la capitale aussi tôt dans la matinée.
    — Citoyen, connais-tu cette
adresse ?
    Le conventionnel lui montra une
maison de pierre qui contrastait avec les pauvres demeures en torchis du
quartier. Les boutiquiers qui occupaient les échoppes au rez-de-chaussée en
avaient été chassés par les gendarmes et, en compagnie du petit peuple,
suivaient à distance le déroulement de l’enquête, non sans force commentaires.
    — Non, citoyen, je ne la
connais pas.
    Vadier hocha la tête.
    — Alors c’est parfait. Tu vas
monter avec moi et examiner ce que nous avons découvert ce matin. Je ne te
dirai rien mais j’exige que tu me fasses part de tes remarques sur tout ce que
tu verras. Est-ce bien clair ?
    Sénart approuva. Avait-il moyen
de faire autrement ? Il fit signe à ses deux sbires de le suivre et
emboîta lui-même le pas à Vadier.
    La robuste porte de chêne
s’ouvrit sur un vestibule.
    — La porte a été forcée.
Vraisemblablement par plusieurs hommes, avec des fusils, commenta le secrétaire
rédacteur.
    — C’est exact, répliqua le
Grand Inquisiteur. La garde nationale, alertée par le voisinage, a pénétré dans
les lieux il y a de cela une heure. Fort heureusement, ils n’ont pas eu le
temps de déranger quoi que ce soit.
    — Ils sont montés par
l’escalier, ajouta le jeune homme en
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