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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba
Autoren: Halter,Marek
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pieds.
    — Je
suis la reine de Saba, j’ai mon royaume. Je n’ai que faire du royaume de
Salomon. Mais l’amour de Salomon, je le veux pour toujours.
    — Alors
reste.
    — L’amour
se vole et s’emporte. Il est gravé dans mon corps. Ce que tu fais durer, tu le
fais pourrir. Ce qui est dans notre chant est éternel.
    Il
protesta et menaça.
    — Tu
l’as reconnu, le désir du désir n’est qu’un frôlement de rien. Le plus grand
pouvoir de l’amour, tes pères te l’ont enseigné, c’est la mémoire.
    Il se
laissa convaincre.
    Il savait
que le temps ne jouait pas pour lui. Il savait qu’elle avait raison. Il mourait
de penser qu’il ne la verrait plus, que l’aube ne se lèverait plus sur les
courbes noires de ses fesses dans la blancheur des draps, qu’il ne
s’endormirait plus dans l’encens de sa peau, qu’elle ne chuchoterait plus sur
sa bouche alors qu’il s’envolait au-dedans d’elle.
    Il pleura
sans larmes.
    Elle
sourit, lui caressa les tempes, les lèvres. Elle s’offrit à ses baisers. Ses
doigts tiraient de lui des merveilles qu’elle emportait là où il ne pouvait la
suivre.
    Il
songea : « Pourquoi est-elle plus forte que moi ? »
    Si elle le
lui avait demandé dans la Forêt du Liban, c’était la seule énigme à laquelle il
n’aurait su répondre.
    À
l’approche de son départ, elle lui annonça encore :
    — Je
veux que ton peuple sache que la reine de Saba n’est pas repartie sans éprouver
la force de ton dieu unique. Je veux entrer dans ton temple avant de quitter
Jérusalem. Je veux m’en retourner avec la paume de ton Éternel sur moi. Va
chercher les prêtres. Tu le leur diras : « Voilà la puissance de
Salomon. »
    Il en
resta sans voix pendant un long moment.
    Il ferma
les paupières. Un rideau qui effaçait pour toujours la beauté qu’il avait su
approcher.
    Puis, pour
la première fois depuis leur premier baiser, il quitta la chambre pour prévenir
Tsadok et Natan.
    **
    Les
servantes du palais la regardèrent plonger dans le bain rituel. Tsadok avait
dit :
    « Tu
vas dans la Mikvé nue et entière. Yahvé ne doit pas voir une poussière sur ta
peau. Tu fus païenne et idolâtre, Yahvé ne doit pas le sentir. Il ne doit plus
en rester un reflet sur ta chair. Va dans le bain, au plus profond du
bassin. »
    Qu’elle
fût païenne et idolâtre de Salomon, Tsadok ne l’avait pas murmuré, mais ses
yeux le constataient.
    Elle
obéit. Au plus profond du bassin, l’eau était glacée.
    Elle fut
transie.
    S’effacèrent
les caresses, les baisers, les brûlures du désir, la sueur du plaisir. Plus
rien de la chair d’amour de Salomon ne subsista sous la glace de la Mikvé.
    Une
vieille en haut des marches lui tendit une robe de lin. Elle s’y enveloppa.
Elle grelottait. Son sexe était dur et serré. Son ventre, ses seins, durs et
serrés. Fermés. Fermés à jamais, elle le savait déjà. Ouverts seulement trois
nuits et deux jours à la bouche, aux paumes et au sexe de Salomon.
    Dans le
vestibule, deux prêtres l’attendaient, en tunique noire, la tête et les épaules
couvertes d’un châle de prières. Elle sourit. La chair de la Makéda, reine de
Saba, était sa tunique noire et pure.
    Les
prêtres se placèrent devant elle. Ils attendirent qu’elle prononce la phrase
rituelle apprise avec Tsadok. Elle parla sans hésiter :
    — Je
prends sur moi le joug du ciel et des bonnes actions.
    Les
prêtres murmurèrent.
    — Mazaltov. Suis-nous.
    Le vent de
nuit soufflait, la flamme des torches vacillait. La chaleur du jour brûlait
encore les murs. Malgré tout, la glace du bain la faisait claquer des dents.
    Ils
franchirent la porte haute du temple qui s’ouvrait dans le jardin du palais,
derrière la volière. Les oiseaux se réveillèrent à leur passage et lancèrent
leurs clameurs.
    Ils
pénétrèrent dans l’immense enceinte. Le silence y était si lourd que même les
grillons n’osaient se faire entendre.
    Elle se
souvint de l’enceinte de Marham Bilqîs, du vent de la plaine de Maryab, du
crissement de l’eau dans les digues.
    Ici, les
murs étaient assez hauts pour que s’y brisent tous les bruits de Jérusalem et
du reste du monde.
    Les
étoiles posaient un éclat sourd sur la masse du sanctuaire. Une montagne de
pierres, anguleuse et rigide, bordée de colonnes gigantesques.
    La pensée
de son père lui vint. Akébo le Grand serait resté sans mot devant pareille
énormité.
    Un
troisième prêtre surgi d’on ne sait où
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