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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba
Autoren: Halter,Marek
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de Salomon, la cour ne s’en lassait pas,
et lui laissait faire.
    Devant
elle dans la Forêt du Liban, il avait oublié la tête de Benayayou. Sa peau
noire effaçait dans son esprit le sang écarlate dans la poussière de la
forteresse de Thamar.
    Il avait
oublié les grondements du temple, la haine du temps qui se rue, l’ennui des
épouses et de la charge pesant sur ses épaules. Pour cela seulement, il lui
aurait baisé les lèvres infiniment. Il serait devenu un nouveau-né pendu à ses
seins.
    Il savait
qu’il devait encore observer un peu de patience. Elle n’avait pas perdu l’épreuve
à laquelle il l’avait soumise.
    Elle
prenait soin de ne rien montrer de son propre désir de lui. Mais cela était
inutile. Il l’avait vaincue dans les énigmes et celle-ci, qui n’avait pas été
prononcée, il en connaissait aussi la réponse.
    Elle avait
eu peur de son âge. Elle ignorait que Salomon n’avait pas d’âge. Il avait
seulement appris à lire le désir. Un savoir qu’on ne trouvait dans aucun
rouleau de mémoire. Une sagesse qui était sa grandeur et sa faute.
    Lumière
du sage, idiot de nuit, côte à côte.
    Ce qui
vient à l’un, vient à l’autre, un seul cœur bat
dans la bouche, un sang de pourpre dans le frôlement du désir.
    Il s’agaça
de la longueur du repas, de la tunique qu’elle portait et sur laquelle se
brisait son regard. Il ne se satisfaisait plus d’imaginer. C’en était fini de
sa patience.
    Son cœur
bondit quand elle le regarda avec la même folie.
    Les gardes
leur firent une haie afin qu’ils quittent le banquet sans que quiconque les
ralentisse.
    Ils ne
couraient pas. Les rois et les reines ne courent pas, sauf au combat. Et
pourtant, si, le souffle de la course battait dans leur poitrine.
    Quand ils
entrèrent dans le vestibule, elle dit :
    — Je
sais ce que je peux te prendre d’irrémédiable et qui me condamne à recevoir ton
baiser sur ma bouche.
    Elle alla
jusqu’à la rivière réelle que l’architecte phénicien avait fait serpenter à
l’intérieur de la salle de réception. Elle s’y agenouilla, recueillit de l’eau
dans sa paume. Elle la but. Trois fois.
    Elle se
redressa sans le quitter des yeux. Murmura :
    — Les
plats de ton festin m’ont donné une soif que je n’arrive pas à étancher.
    Des
baisers,
    Ô des
baisers de sa bouche ! Vin, ivresse, parfum ! Je suis le nord de
Salomon !
    Ils
dansaient dans le désir. La nudité de leurs peaux moins nue que leur désir.
    Elle
noire, lui blanc, tous deux comme les attelages des chars, comme les chameaux
et chamelles des champs d’encens de Saba.
    Ils se
trouvaient, s’étonnaient, de baiser en baiser.
    La myrrhe
coulait dans leurs doigts, la myrrhe coulait dans leurs bouches, inondait la
couche de Salomon.
    Il lui
disait sa beauté, joues de grenade, seins de faon, cuisses d’ébène, tes bouches
écarlates, ô mon amour, tu m’as pris d’un regard, d’un seul de tes yeux. Tu
m’as pris comme un miel de lys.
    Elle
disait : Je suis le lait de ta langue, j’ai enlevé ma tunique sans retour,
je suis ton jardin, oh ! quand tu me touches, un torrent de Maryab quand
la lune est brûlante.
    Rien ne
les apaisait et, quand leurs corps étaient épuisés, leurs mots encore les
incendiaient.
    Trois
nuits et deux jours, sans sortir de la chambre, sans sortir du palais.
    Sans
sortir du désir.
    Parfois,
la chair irritée, ils se tenaient à distance, d’un bord à l’autre de la couche.
Ils écrivaient les mots de leur chant.
    Amour
tends ta main, je suis l’ouverture, dedans je
tremble, tes mots me mettent dehors, je suis sans garde je suis malade
d’amour viens me panser.
    Amour
éclatant et vermeil, palme noire du temps, la plus belle des femmes ouvre-moi, je vais sans bouclier plus nu que nu sous tes gouttes de
nuit.
    Ils se
chantaient leur chant. Il rampait jusqu’à elle qui ouvrait ses cuisses, il
baisait la pointe de ses seins.
    Trois
nuits et deux jours. Rien. Un éclair. Le temps de la foudre pour connaître
leurs reins, la souplesse de leurs nuques, les fins détails de leurs paumes, de
leurs voix, de leurs regards.
    Elle
savait qu’il n’en fallait pas plus.
    Elle le
savait depuis le premier baiser. Elle le dit :
    — Cette
nuit, je partirai. Je quitterai Jérusalem et ma caravane filera vers
Ezion-Guézert. Mes bateaux fileront vers Saba. Le plus vite possible.
    Il entra
en fureur. Promit de l’en empêcher.
    — Tu
deviendras mon épouse. Juda et Israël seront à tes
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