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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba
Autoren: Halter,Marek
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prometteurs
de vertiges. Puis viendrait le temps de la myrrhe et de l’encens. L’or de Saba
était au-dessus du sol aussi bien que dessous. Il pouvait être vert autant que
scintillant.
    Akébo tressaillit.
Une main menue venait de se fermer sur son index et son pouce.
    — La
trompe m’a réveillée.
    Makéda !
Son enfant chérie et unique. Tout à la beauté qui s’offrait devant lui, Akébo
ne l’avait pas entendue venir.
    — Bonjour,
ma fille.
    — Bonjour,
mon père. Je savais que tu étais là. J’ai couru avant que Kirisha veuille me
mettre ma robe de jour.
    De fait,
elle était pieds nus, son petit corps élancé recouvert d’une simple tunique de
nuit. Sa chevelure épaisse, aux boucles drues et serrées teintées de reflets de
cuivre, lui couvrait les épaules en désordre. Assurément, ce n’était pas ainsi
qu’une jeune princesse devait se présenter devant son père.
    Akébo
sourit au lieu de gronder.
    Avait-il
jamais fait autre chose lorsqu’il s’agissait de Makéda ?
    La beauté
de sa fille équivalait la beauté de la plaine de Maryab. De plus, à six ans,
son caractère était déjà le miroir de celui de son père. Comment se plaindre du
cadeau que lui avait fait Almaqah ? Même si cela avait été au prix de la
plus terrible perte.
    Même si,
en secret, une nuit, il avait versé des larmes. Même si les dieux n’offraient
rien aux humains qu’ils ne puissent reprendre ou détruire.
    Ainsi
allait la vie des hommes : le chaud alternait avec le froid, l’obscur avec
l’éblouissant. Et les larmes naissaient entre les dents du rire. La sagesse
consistait à ne jamais oublier ce que la douleur nous enseignait.
    Comme si
elle devinait les pensées de son père, Makéda serra un peu plus fort de ses
doigts fragiles sa puissante main amputée.
    — Cette
nuit, annonça-t-elle, maman est revenue me voir dans mon sommeil. Elle te fait
dire qu’elle est heureuse. Elle compte le temps qui la sépare de nous.
    L’émotion
durcit les traits d’Akébo. Il ne répondit pas. Makéda ajouta avec un
soupir :
    — Plus
que trois jours et deux nuits ! Akébo approuva d’un grognement.
    Il
partageait l’impatience de sa fille. Plus que trois jours et les étoiles
d’Almaqah se placeraient de part et d’autre de la lune. Il serait temps alors
d’entrer dans l’enceinte du nouveau temple. Main dans la main, père et fille,
roi et princesse, ils fouleraient le sable de Mahram Bilqîs. Le plus grand des
temples qu’un homme de Saba eût élevé à son dieu, le plus beau des sanctuaires
qu’on eût bâti pour accueillir l’âme d’une défunte : Bilqîs. Bilqîs, mère
de Makéda, fille de Yathî’amar Bayan, épouse d’Akébo le Grand. Bilqîs, mille
fois aimée et mille fois pleurée.
    Malgré les
pluies et les coups de la foudre, des centaines d’ouvriers en avaient achevé
les murs énormes, taillé les pierres, dressé les colonnes avant que la saison
des récoltes commence. Elevé à un galop de cheval de la ville, tout près du lit
du wâdi Dana et au carrefour de tous les chemins parvenant à Maryab, le temple
imposerait au marchand, au voyageur, au seigneur d’y déposer ses offrandes
avant de franchir les murailles de la cité.
    La main de
Makéda tira sur celle d’Akébo. Il détourna le regard du spectacle de la plaine
où le soleil commençait déjà à creuser les ombres.
    — Viens
avec moi.
    Il se
laissa faire. Il savait où elle l’entraînait. Une sorte d’alcôve au toit en
forme de dôme s’ouvrait à l’opposé de la terrasse. Elle contenait une maquette
du temple, modelée en terre cuite. On en avait suivi le plan exact pour la
construction. Fascinée, Makéda avait passé des heures entières à la contempler,
alors que la pluie lui interdisait d’aller se promener sur le chantier.
    La copie
de terre cuite permettait d’embrasser d’un seul coup d’œil, comme un oiseau,
l’immense place. Ample à l’ouest et creusée à l’est, sa courbe ovale était
pareille au ventre d’une femme enceinte. Akébo avait veillé lui-même à ce que
cette forme lui rappelât précisément le ventre de Bilqîs alors qu’elle portait
Makéda.
    Quant à sa
longueur, les prêtres l’avaient fixée en prenant pour premier repère le talon
droit du roi et, pour l’autre, la pointe d’une flèche tirée avec son arc le
plus dur. La flèche avait volé presque treize toises avant de se ficher dans le
limon.
    Le mur
était le plus énorme jamais construit pour un
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