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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba
Autoren: Halter,Marek
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incrustées d’or,
il respirait la richesse, l’orgueil et l’assurance.
    — Shobwa,
fais en sorte que les portes de la ville soient fermées ce soir deux heures
avant la nuit. Elles n’ouvriront au matin qu’au son des trompes de mon réveil.
    Et aucune
caravane étrangère à Maryab n’entrera ou ne sortira des murs sans mon
autorisation.
    Le ton
d’Akébo était celui d’un ordre paisiblement donné, pourtant la mesure était
rare et surprenante. La salle s’emplit d’un murmure que la voix de Shobwa
surmonta.
    — Pourquoi
ces ordres, seigneur ? Que crains-tu ? L’étonnement de Shobwa se
teintait d’une ironie désinvolte.
    — Nous
sommes à deux nuits de la grande cérémonie dans le nouveau temple. Je souhaite
que chacun puisse s’y préparer en paix.
    — Il
n’y a rien à redouter, seigneur. Le peuple de Maryab est dans l’attente
heureuse de l’offrande du taureau dans l’enceinte nouvelle. Il sait que tu
apporteras la prospérité sur Saba. Puisse la main d’Almaqah, par ta volonté, s’étendre
sur nous.
    L’intonation
de Shobwa n’était pas celle d’un officier devant son roi. Akébo ignora
l’arrogance.
    — Que
sais-tu des étrangers venus se louer pour les travaux du temple ?
    — Rien
de spécial. Aujourd’hui, les travaux sont achevés. Je suppose qu’ils offriront
leurs bras pour les récoltes… Ou qu’ils partiront avec les prochaines
caravanes. Qu’y aurait-il à savoir d’eux ? Ce sont des hommes ordinaires
et sans importance.
    — En
es-tu si certain ?
    Encore, la
voix d’Akébo était demeurée limpide. Chacun cependant devinait que quelque
chose n’allait pas. Akébo le Grand n’avait pas coutume de poser des questions
inutiles et, plus qu’aucun autre, il détestait le bavardage. En outre, la
réputation de Shobwa n’était plus à faire : sa beauté et son ambition
n’avaient d’égal que sa cruauté lors des combats et son indolence dans
l’exercice de sa charge. « Un guerrier fou et un mauvais chef. »
Telle était la rumeur dans les rangs des combattants, mais cela le faisait
craindre.
    Toutefois,
la puissance de son clan, tout au nord de Saba comme dans les régions
désertiques au-delà, avait imposé à Akébo d’en faire son allié. Ainsi Shobwa
avait-il, malgré son peu d’expérience et sa mauvaise réputation, obtenu le
commandement très envié de la garnison de Maryab.
    Il leva un
sourcil dans une moue d’étonnement. Il suffisait de peu de chose pour que la
séduction de son visage tourne à la morgue.
    — Je
sais ce que je vois. Mais peut-être vois-je mal ? Mon rôle n’est pas
d’espionner les habitants de Maryab.
    Akébo
approuva sans montrer d’humeur. Derrière lui, cependant, Tan’Amar referma le
poing sur le manche de sa dague, le regard brillant de colère. Un simple geste
qui glaça l’air de la pièce.
    Un vieux
conseiller, Yahyyr, s’avança d’un pas. Depuis longtemps son clan obtenait les
plus belles récoltes de myrrhe. Il avait souvent mis sa richesse au service
d’Akébo, qu’il considérait comme l’un des siens.
    — Si
tu crains quelque chose, seigneur Akébo, tu peux demander notre aide. Nous
sommes là pour ça.
    Akébo lui
répondit d’un battement de paupières, l’affection passant sur ses traits. Il
paraissait tranquille comme celui qui se sait inébranlable et dans la maîtrise
de sa puissance. C’est pour tous qu’il déclara :
    — Il
faut toujours craindre, puissant Yahyyr, même sans raison particulière. En ces
jours-ci, tout est bonheur pour moi. Bientôt, j’offrirai une fois de plus mon
nom, mon bras et mon sang à Almaqah le Premier. Ma chère Bilqîs siégera à son
côté dans l’immensité de son palais éternel. Mais qui ignore qu’ici même, sur
cette si belle terre de Saba, il en est qui remettent leur âme et leur volonté
à la double langue du serpent ? La jalousie renaît à chaque printemps,
Yahyyr, comme revient la saison sèche. Le serpent et ceux qu’il séduit haïssent
les trois piliers de l’homme : la sagesse, la paix et l’amour.
    Akébo le
Grand n’eut pas besoin d’en dire davantage. Chacun devinait ce qu’il fallait
comprendre et quelles conséquences tirer de ces paroles.
    Avant que
d’autres questions s’élèvent, Akébo rompit le conseil et quitta la salle avec
le même calme qu’il y était entré.
     
    *
    **
     
    — Le
serpent, je le vois chaque fois que je me trouve devant la face de
Shobwa !
    Ils se
tenaient dans un
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