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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg
Autoren: Walter Scott
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que tout dormait autour d’elle, elle parut devant les yeux étonnés du jeune sauvage, qui, pieds et poings liés, était étendu sur un tas de chanvre dans un coin de l’appartement. Elle chercha en vain dans ses traits brûlés par le soleil, couverts de boue, et cachés en partie par de longs cheveux noirs en désordre, quelque ressemblance avec ses parens ; et cependant elle ne put refuser sa compassion à un être si jeune et déjà si coupable ; – plus coupable qu’il ne pouvait le croire lui-même, puisque le meurtre qu’il avait probablement commis de sa propre main, mais auquel il avait au moins participé, n’était rien moins qu’un parricide. Elle plaça de la nourriture sur une table près de lui, et relâcha les cordes qui lui serraient les mains de manière à ce qu’il pût s’en servir pour manger. Il étendit ses mains encore teintes de sang, peut-être du sang de son père, et dévora en silence ce qu’elle lui avait apporté.
    – Comment vous nommez-vous ? lui demanda-t-elle pour entrer en conversation.
    – Le Siffleur.
    – Mais quel est votre nom de baptême ?
    – De baptême ! Qu’est-ce que le baptême ? Je n’ai pas d’autre nom que le Siffleur.
    – Pauvre infortuné jeune homme ! s’écria Jeanie. Et que feriez-vous si vous pouviez vous échapper d’ici, et éviter la mort qui vous attend demain matin ?
    – J’irais joindre Rob-Roy, ou le sergent More Cameron (deux déprédateurs fameux à cette époque), et je tâcherais de venger la mort de Donacha.
    – Malheureux enfant ! savez-vous ce que vous deviendrez quand vous serez mort ?
    – Je n’aurai plus ni froid ni faim.
    – Je n’ose le délivrer, pensa Jeanie, et cependant le laisser mourir dans de tels sentimens, c’est tuer son âme avec son corps. C’est le fils de ma sœur, mon neveu, notre chair et notre sang. Elle remarqua en ce moment que les cordes qui l’attachaient étaient tellement serrées, que ses pieds et ses mains étaient enflés. Ces cordes vous font-elles mal ?
    – Beaucoup.
    – Et si je les détachais, ne me feriez-vous pas de mal ?
    – Non, vous ne m’en avez jamais fait, ni à moi ni aux miens.
    – Il peut encore y avoir en lui quelque chose de bon, pensa Jeanie, et en même temps elle détacha ses liens.
    Le jeune sauvage se leva avec transport, regarda autour de lui d’un air de joie, battit des mains, sauta en l’air, et effraya Jeanie par les démonstrations du plaisir qu’il éprouvait.
    – Laissez-moi sortir ! lui dit-il.
    – Je n’en ferai rien, à moins que vous ne me promettiez…
    – Attendez, vous serez aussi charmée que moi de sortir d’ici.
    Il saisit la chandelle que Jeanie avait placée sur la table, et mit le feu au chanvre, qui s’enflamma au même instant.
    Mistress Butler s’enfuit en poussant de grands cris. Le prisonnier la suivit, ouvrit la première fenêtre qu’il trouva, s’élança dans le jardin, sauta par-dessus la haie et gagna le bois avec la vitesse d’un cerf.
    Toute la maison fut en alarmes, on éteignit le feu, mais on chercha inutilement le prisonnier. Jeanie garda son secret, et l’on ignora la part qu’elle avait eue à sa fuite. On ne sut que quelque temps après ce qu’il était devenu.
    À force de recherches, Butler parvint à apprendre qu’il s’était rendu à bord du bâtiment sur lequel Donacha comptait s’embarquer. Le capitaine du navire l’avait bien reçu, mais se voyant privé de la part que Donacha lui avait promise dans le riche butin sur lequel il comptait, il s’en dédommagea, à son arrivée en Amérique, en vendant le jeune homme pour vingt ans à un planteur de Virginie, qui demeurait bien avant dans le continent. Dès que Butler connut cette nouvelle, il fit passer en Amérique la somme nécessaire pour le rachat de son neveu, avec des instructions afin qu’on prît ensuite les mesures nécessaires pour le corriger de ses penchans vicieux, et développer les bonnes dispositions qu’on pourrait trouver en lui. Mais ce projet bienfaisant ne put se réaliser. Le Siffleur s’était mis à la tête d’une conspiration d’esclaves qui avaient assassiné leur maître, et s’était réfugié chez les sauvages. Depuis ce temps on n’en entendit plus parler, et il est à présumer qu’il vécut et qu’il mourut parmi cette peuplade, aux habitudes de laquelle sa première éducation l’avait parfaitement préparé.
    Toute espérance de la réformation de ce jeune homme étant
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